Il va fêter sa 1ère sélection avec le XV de France : « Je ne veux pas passer pour une truffe devant la France entière »

Il va fêter sa 1ère sélection avec le XV de France : « Je ne veux pas passer pour une truffe devant la France entière »

Le vendredi 11 juillet 2025 à 14:52 par David Demri

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Il n’a jamais coché les cases du rugbyman estampillé international. Taille modeste, silhouette discrète, un sourire franc et une allure plus douce que guerrière. Pourtant, c’est bien lui, Baptiste Erdocio, 25 ans, qui portera le maillot frappé du coq samedi à Wellington, pour défier la légende : la Nouvelle-Zélande.

Issu du Pays basque, là où le rugby se transmet comme un héritage, Erdocio a grandi au milieu d’une lignée de passionnés.

Le pilier des Bleus s’est confié via Midi Olympique.

« J’ai commencé le rugby à Bidart, sur la Côte basque. Mon oncle, mon père, mon grand-père et mon frère ont tous joué au rugby. Petit, je les admirais. » À 14 ans, il quitte le cocon familial pour rejoindre le centre de formation de Biarritz. Il rêve en grand, malgré les doutes persistants. « En Crabos, je me suis dit : ‘Putain, l’équipe pro n’est plus très loin. Pourquoi ne pas y croire ?’ Alors, je me suis accroché. »

Mais les promesses du haut niveau ont longtemps semblé se refermer sur lui. Trop tendre, disaient certains. Trop gentil, murmuraient d’autres. « On n’avait pas confiance en moi. J’ai un gabarit un peu atypique : je ne suis pas très grand, j’ai une tête de gentil, je ne suis pas dessiné… Longtemps, on m’a juste jugé là-dessus. Moi, qui déteste qu’on mette les gens dans des cases, celle-là m’a longtemps desservi. »

Un jour, un entraîneur lui assène une phrase cinglante : « Baptiste, pour moi, tu es le mec qui anime les soirées et chante dans le bus. Prouve-moi juste le contraire. » Blessé mais pas brisé, il prend la remarque comme un défi. « J’étais en colère, je ne me sentais pas respecté. »

Alors qu’il semble promis à une saison anonyme en Fédérale 1, un homme croit encore en lui : Serge Milhas. « Je ne suis pas d’accord avec ce qu’il se dit, Baptiste. Je vois tes matchs et tu as le niveau pour passer pro. » Le destin s’invite, Biarritz est en manque de piliers. Erdocio est rappelé. Le 9 octobre 2021, il foule la pelouse d’Aguilera face à Lyon.

Dans les tribunes, sa famille chante son nom. « Tu parles, j’avais appelé toute ma famille. Ils étaient en tribunes et chantaient : ‘Erdocio ! Erdocio ! Erdocio !’ Ils voulaient faire pression sur les coachs. » À la 70e minute, son heure sonne. « Allez, vas-y Baptiste. » Il entre. Il marque les esprits. « J’ai ce jour-là fait quelques bonnes minutes et tout a démarré. »

Après la rencontre, une question le cueille : « Comment t’as fait ? » Réponse spontanée : « Je lui ai dit avoir joué ma vie sur ces quelques minutes. Quand je suis entré, j’avais du sang dans la bouche, je voulais tout fracasser. Je suis un bon vivant jusqu’à ce que j’entre dans le vestiaire, en fait. Le duel, j’aime que ce soit moi qui le gagne. Sur le terrain, je suis un autre Baptiste. »

Ce Baptiste-là, c’est celui que le XV de France espère voir ce week-end. Pour lui, la sélection ne se limite pas à une ligne sur un CV. Elle évoque l’héritage d’un terroir, d’un style, d’un état d’esprit. Les fantômes des grands piliers basques le précèdent. Pascal Ondarts l’a même appelé avant le départ. Un mot simple, mais lourd de sens : fierté.

Et puis, il y a eu ce coup de fil nocturne de William Servat. « Il était une heure du matin et je ne connaissais pas le numéro. » La surprise fut totale. « Tu ne dors pas, toi, à cette heure-ci ? ! » Quelques secondes plus tard, le coach lui annonce la nouvelle. Et tout s’enchaîne. « Et très vite, j’ai commencé à recevoir les mails de la fédé : pour les visas, la dotation XV de France, le passeport à scanner… » Euphorique, il monte prévenir sa compagne. « Elle a souri, filé au salon et rempli tous les papiers. Parce que moi, avec mon anglais approximatif… »

Trois semaines plus tôt, il avait goûté à l’ambiance de Twickenham en tant que réserviste. Mais samedi, il entre vraiment dans l’histoire. « Même si je souffre, je ne le montrerai pas. J’ai la cocotte sur le cœur et je vais me dépasser. Je ne veux pas passer pour une truffe devant la France entière. »

Une revanche. Un symbole. Un rugbyman comme peu d’autres, prêt à croquer la légende à pleines dents.

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2 Commentaires

  1. Marko 11 juillet 2025 at 16h- Répondre

    Il est bonnard ce joueur….Humble , bon esprit , et pas un  » m’as tu vu  »
    Bonne chance à toi mec !

  2. SergioB 11 juillet 2025 at 17h- Répondre

    Grand respect pour ce type de joueurs.