Yann Delaigue se rappelle de sa toute première rémunération en tant que rugbyman : « J’avais un des plus gros salaires du club, 16 000 francs par mois »

Yann Delaigue se rappelle de sa toute première rémunération en tant que rugbyman : « J’avais un des plus gros salaires du club, 16 000 francs par mois »

Le mardi 26 août 2025 à 10:35 par David Demri

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Le 26 août 1995, le rugby mondial basculait officiellement dans l’ère du professionnalisme. Trente ans plus tard, Yann Delaigue, ancien ouvreur du Rugby Club Toulonnais et du XV de France, revient sur cette période charnière qui a bouleversé son sport.

À seulement 22 ans lors de ce virage historique, celui que l’on surnommait le “Mozart du rugby” a vécu les tractations de l’intérieur. Tout a débuté, raconte-t-il, avec la tentative de deux milliardaires australiens de créer une ligue privée concurrente.

Il s’est confié via Ici Provence :

« Pendant la Coupe du monde 1995, leurs émissaires venaient nous voir dans nos chambres d’hôtel pour nous proposer des contrats. Nous étions sur le point de signer. Le rugby français aurait pu perdre 120 joueurs. »

Face à ce risque, la Fédération française a fini par accepter le passage au professionnalisme, entraînée par l’annonce historique de Bernard Lapasset, alors président de la FFR et de l’IRB.

Si la décision a été prise rapidement, sa mise en place a nécessité du temps.

« Dans la pratique, il a fallu deux ou trois ans pour que les statuts s’appliquent vraiment », se souvient Delaigue. Jusque-là, les joueurs exerçaient un métier à côté et s’entraînaient le soir. Lui-même tenait une boutique Eden Park à Toulon.

Le professionnalisme a permis de s’entraîner en journée, parfois même deux fois par jour, ce qui a profondément transformé la préparation physique. « En s’entraînant plus, nous sommes devenus des athlètes de haut niveau. »

Cette transition, loin d’être brutale, s’est faite avec pragmatisme. Certains joueurs ont négocié des mi-temps avec leurs employeurs pour aménager leurs journées.

Mais le grand bouleversement fut surtout financier :

« C’est lors de la saison 1995-1996 et la mise en place de nouveaux statuts, que j’ai eu ma première fiche de paie. Même si avant, il faut l’avouer, on touchait quand-même de l’argent. De plus ou moins grosses sommes (rires) mais en tout cas le fisc fermait les yeux sur ça. Le passage au professionnalisme a permis d’avoir un peu plus de cohérence avec cet argent qui circulait dans notre sport. Je me souviens que comme j’étais  joueur international, j’avais un des plus gros salaires du club avec 16.000 francs par mois à l’époque. »

Aujourd’hui, Delaigue estime que la mutation a été réussie. « La progression a été bien gérée, en bon père de famille. La LNR, créée en 1998, a permis de réguler le système. » La médiatisation a également contribué à propulser le rugby dans une nouvelle dimension.

Pour l’ancien international, le Top 14 est devenu « le meilleur championnat du monde, hémisphère nord et sud compris », symbole d’un sport transformé en profondeur en l’espace de trois décennies.

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