À 23 ans, Gabin Lorre a déjà vécu un moment qui pourrait marquer un tournant dans sa carrière.

Alors qu’il préparait son déménagement vers Lyon pour rejoindre le LOU cet été, l’ancien arrière de Béziers a reçu un appel inattendu : Fabien Galthié voulait l’intégrer au rassemblement des Bleus à Marcoussis, en urgence après la blessure de Léo Barré.

Gabin Lorre s’est rappelé de ce moment dans les colonnes du Midi Olympique. Extrait:

« Il m’appelle pour me dire que Léo Barré s’était blessé à l’entraînement et que je devais me rendre disponible le plus rapidement possible pour monter à Paris, rejoue-t-il. Si mes souvenirs sont bons, il m’appelle sur les coups de 13h. Je lui ai dit que j’étais disponible dès l’après-midi. À 15h, j’étais dans le train, et vers 20h, j’étais à Marcoussis pour les rejoindre. »

Surpris mais pas totalement, Lorre savait que son nom circulait depuis quelque temps.

« Une semaine et demie avant l’annonce de la liste, j’avais reçu un coup de fil de Patrick Arlettaz. J’avais eu la même chose l’année dernière, où Fabien Galthié m’avait appelé une semaine avant la liste. Il m’avait tenu le même discours que Patrick Arlettaz il y a deux, trois mois. Le fait de me contacter une semaine avant, signifiait que j’étais potentiellement dans les cinq joueurs qui seraient pris au poste d’arrière pour la tournée, ou au moins pour la préparer.

La semaine de la liste, je n’ai pas eu de nouvelles. Je m’étais dit qu’en fonction des perdants des barrages de Top 14 etc., mon nom avait été sorti. La liste a été annoncée le dimanche matin. Mais je n’étais pas surpris parce que je n’avais pas eu de nouvelles pendant toute la semaine. »

Arrivé trois jours avant un match de France A contre l’Angleterre XV, il s’est retrouvé à côtoyer des internationaux confirmés comme Woki, Fickou ou Slimani, unique joueur de Pro D2 avec Paul Mallez.

« J’étais très chanceux d’être joueur de Pro D2 et convoqué, peu ont réussi à le faire, continue le Lyonnais. Je n’ai pas voulu me brûler les ailes, car je savais que je n’étais là que temporairement en attendant de savoir si Léo pouvait revenir. Je savais aussi que des demi-finalistes perdants, comme Cheikh Tiberghien seraient sélectionnés. Je prenais tout ce que j’avais à prendre, j’ai reçu beaucoup de conseils. J’ai fait du travail physique. Je peux dire que j’ai fait un physique à trois contre trois à Twickenham, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. À l’annonce de la liste, quand j’ai vu que mon nom était avec les réservistes de la tournée en Nouvelle-Zélande, je n’étais pas surpris. J’avais toujours le sourire, égal à moi-même. Je suis rentré à Béziers et, deux jours après, j’étais à Lyon pour faire mon déménagement ! »

Finalement, Barré a pu tenir sa place et Lorre n’a pas embarqué pour la Nouvelle-Zélande. Mais le message envoyé par le staff des Bleus a laissé des traces. « Fabien m’a pris un moment et m’a dit : « Tu vois, on voulait te convoquer l’année dernière. On n’a pas réussi à t’appeler mais on l’a fait cette année. Je suis très content pour toi. Tu as pu voir un peu l’écart qu’il y avait pour te dire que tout est faisable. Tu as réussi à ouvrir cette porte en tant que joueur de Pro D2, donc pourquoi pas quand tu seras en Top 14 ». »

Le jeune arrière n’oublie pas non plus le mot de Patrick Arlettaz :

« Patrick Arlettaz m’a dit qu’il était content pour moi et qu’on allait se revoir, que ce soit dans un stade de Top 14 ou plus tard, si jamais nos chemins se recroisent en équipe de France. J’ai pris ce que j’avais à prendre sur ce rassemblement. Je suis très content d’avoir reçu cet appel-là, même pour cinq jours. J’étais très fier et toute ma famille comme mes proches étaient également fiers de moi. »

Désormais, Gabin Lorre a rendez-vous avec l’élite sous le maillot du LOU. Et, fort de cette parenthèse à Marcoussis, il sait que le staff tricolore le garde dans ses radars.