Paul Willemse : “Tu ne sais plus qui tu es, tu deviens fou”

Paul Willemse : “Tu ne sais plus qui tu es, tu deviens fou”

Le lundi 15 septembre 2025 à 19:08 par David Demri

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À 32 ans, Paul Willemse a dû mettre un terme à sa carrière de rugbyman.

Usé par une série de commotions cérébrales, l’ancien deuxième-ligne du XV de France raconte à Midi Olympique, avec une sincérité désarmante, la douleur de voir son corps et sa tête lui imposer la fin.

L’ancien Bleu explique combien la décision a été longue à accepter. Extrait :

« Pour moi, le process a été très long et pendant un an, je n’ai pas voulu accepter ce qui était en train d’arriver. J’ai alors étudié toutes les possibilités qui m’étaient encore offertes pour pouvoir à nouveau jouer au rugby. Dans ma tête, je me voyais encore faire deux saisons. Mais ce fut évidemment impossible. »

Il se souvient précisément de ce dernier match en Top 14, disputé face au Stade français. Extrait :

« Chez moi, les commotions cérébrales ne sont apparues que sur les deux dernières saisons de ma carrière. […] Toujours est-il que sur la fin, les commotions étaient à chaque fois plus agressives et je tombais KO bien plus facilement qu’à mes débuts : des KO, j’en ai donc fait cinq en un an et demi. Quand j’ai été commotionné contre le Stade français, je sortais d’ailleurs de quatre mois de repos : sur ce dernier match, je porte le ballon, prends un petit coup d’épaule sur la mâchoire et tout de suite, ça me fait dormir… »

Le diagnostic médical était sans appel. Extrait :

« Les neurologues ont pris ça comme un signal et compris que le problème était réel. Vu que mon travail sur le terrain consiste à mettre la tête dans tous les regroupements, il était préférable d’arrêter là. »

Aujourd’hui encore, il raconte qu’il ressent les séquelles. Extrait :

« Un an après la dernière commotion cérébrale, je ressens encore quelques symptômes : si je joue à la bagarre avec les enfants, par exemple, j’ai des migraines pendant quelques heures, des nausées voire une impression de déséquilibre. C’est gérable au quotidien mais je ne peux pas dire, non plus, que je suis nickel. Et puis, on ne sait jamais sur quoi peut déboucher une commotion cérébrale, d’ici quelques années. »

Mais au-delà de la douleur physique, c’est la perte d’identité qui a été la plus difficile à vivre. Extrait :

« Ces derniers mois, je n’exerçais plus mon métier et me sentais inutile. Tu ne sais plus qui tu es, tu perds confiance, tu deviens fou… Ce sont des moments très compliqués à vivre. Je ne les souhaite à personne. »

Une page douloureuse se tourne pour Willemse, qui laisse derrière lui une carrière riche mais marquée par la brutalité d’un sport où les commotions ne laissent jamais indemnes.

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