Paul Willemse dénonce : « Les jeunes joueurs n’ont pas d’autres choix que de se tourner vers l’alcool ou la drogue »
Paul Willemse dénonce : « Les jeunes joueurs n’ont pas d’autres choix que de se tourner vers l’alcool ou la drogue »
Le lundi 15 septembre 2025 à 19:26 par David Demri
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Contraint d’arrêter sa carrière après une série de commotions cérébrales, Paul Willemse ne règle pas de comptes avec le rugby.
Mais l’ancien international français livre pour Midi Olympique une critique forte : selon lui, les clubs négligent encore la santé mentale des joueurs.
D’abord, il refuse d’accuser le rugby dans son ensemble. Extrait :
« Je ne peux pas être en colère. Même s’il reste encore beaucoup de choses à faire, j’ai fait partie d’un rugby ayant eu conscience du danger que représentaient les commotions cérébrales et qui a fait évoluer ses règles pour tenter de freiner le problème. Chez moi, ça a été bien géré. Personne ne m’a jamais poussé à reprendre plus tôt, après une commotion. »
Mais très vite, il met le doigt sur un sujet sensible : l’absence d’accompagnement psychologique. Extrait :
« Dans les clubs, il reste beaucoup de boulot à faire sur l’accompagnement mental des joueurs. On est tous d’accord pour dire que les rugbymen pros sont très bien préparés physiquement. Ce qui fait la différence entre une équipe dominante et une autre perdant tous ses matchs, c’est la dimension psychologique. »
Il illustre ce décalage entre performance physique et fragilité mentale. Extrait :
« Comment expliquez-vous, aussi, que d’une année sur l’autre, un joueur ayant le même corps et juste quelques mois de plus soit mauvais alors qu’il marchait jusqu’ici sur l’eau ? Là aussi, il s’est passé quelque chose dans sa vie, sa tête, sa famille, son club ou sa relation avec son coach. Or, pour l’instant, il n’y a rien dans les clubs pour aider les joueurs à gérer un stress énorme, dû à la balance constante entre des moments d’une intensité rare et des instants plus ordinaires. Pour gérer ce stress, les jeunes joueurs n’ont alors d’autres choix que de se tourner vers l’alcool ou la drogue. »
Un sujet encore tabou dans les vestiaires explique l’ancien deuxième ligne. Extrait :
« On ne sait pas ce qu’il se passe dans la tête de nos coéquipiers. Nous ne sommes pas équipés de capteurs et ne sommes pas formés à gérer les problèmes mentaux des uns et des autres. Et puis, on est tous dans le même truc, quoi… Tu ne peux pas demander à un autre alcoolique comment arrêter la boisson… »
Paul Willemse ne veut pas accabler, mais son témoignage sonne comme un avertissement : pour protéger ses joueurs, le rugby devra aussi progresser dans l’accompagnement psychologique, et pas seulement médical ou physique.
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3 Commentaires
C’est une sacrée bombe qu il lache là.
Pas vraiment…Il suffit de regarder les débordement Jaminet, Jegou…
Bastareaud en parlait déjà il y a longtemps. Mais oui, c’est un réel problème.
Il a raison. D’où l’intérêt que dis je la nécessité pour les clubs de se doter d’un préparateur mental. Coach psychologique au plan collectif mais aussi individuel.
J’en suis persuadé depuis longtemps car c’est une réalité dans d’autres sports.
Eric.
Pilou pilou