Aligné pour la première fois de sa carrière au poste de pilier droit samedi soir face à Castres, Dany Priso a vécu une expérience inédite sous le maillot du RCT.

Habitué au côté gauche de la mêlée, l’international français (31 ans, 19 sélections) a accepté de relever le défi, avec sérieux et humilité, dans un match conclu par une victoire étriquée des Varois (16-12).

Une première fois à droite

Entré en jeu à la 53e minute, Priso a pris place dans un rôle qu’il n’avait encore jamais endossé.

Il raconte avec humour – via Var-matin – comment est née l’idée de cette reconversion temporaire :

« J’ai joué au chifoumi avec Daniel Brennan et j’ai perdu… donc je suis passé à droite. Non, plus sérieusement, le staff m’en a parlé pendant la préparation et m’a demandé si je pouvais, si je me sentais. Après, on s’est un peu testé et, apparemment, j’étais le plus à l’aise pour dépanner de ce côté. Donc j’ai pris ce poste. »

Polyvalence et esprit collectif

Pour l’ancien Rochelais, cette expérimentation s’inscrit dans une logique d’équipe, dans un secteur où Toulon manque de solutions de métier.

Il assume pleinement ce rôle de dépanneur :

« Avec l’absence de Kyle Sinckler, on n’a que deux droitiers de métier. Mais, pour être compétitif, il faut être polyvalent. Alors, si je peux aider et si je peux suppléer les gars de temps en temps à droite, c’est quelque chose qui va amener de l’émulation. Je peux jouer à gauche, à droite… et au talon aussi. »

Une adaptation loin d’être simple

Pour un joueur formé et confirmé à gauche, la transition n’a rien d’évident.

Et pour cause, il n’avait jamais joué à droite au cours de sa carrière : 

« Depuis que je fais du rugby, je n’y avais jamais joué! J’ai été aligné un peu au talon, plus jeune, mais c’est tout. Depuis le début de la préparation, j’ai pas mal dû bosser sur ce poste mais, sincèrement, pour une première, c’était assez sympa. »

Priso avoue avoir vécu une semaine de préparation pleine de frustrations :

« Cela fait plus de dix ans que je suis dans le circuit à gauche donc, au niveau des repères, ça change pas mal. Surtout sur les placements, en fait. En défense comme en attaque. Je dois prendre ça en compte.

Ça n’a pas été évident dans la semaine de préparation et, honnêtement, je me suis senti pas mal frustré. Je vais vous donner un exemple. J’ai tellement l’habitude d’être focus sur le poste de gaucher qu’à l’entraînement, cette semaine, je me suis concentré pendant dix minutes et j’ai appris toutes les positions du mauvais poste.

Je n’avais pas du tout le réflexe du droitier, là. Ça m’a un peu saoulé (rires). J’avais l’impression que j’étais un cadet qui ne comprenait plus rien. Mais je me suis bien reconcentré et j’ai bossé pour être juste. Parce que, pendant le match, on n’a qu’une balle et tout compte. »

Samedi soir, Priso a tenu son rang, malgré la difficulté d’un match âpre face aux Castrais.

Il décrit ses sensations pour cette grande première :

« En un mot: costaud. J’ai essayé d’être le plus propre possible et de ne pas trop en faire. Forcément, je dois encore prendre des automatismes. Tu ne deviens pas pilier droit comme ça, ça ne s’invente pas.

Il n’y a que le travail et les matches qui feront que ça viendra. J’ai encore beaucoup de boulot pour être conquérant à ce poste-là. Surtout qu’à Toulon, on sait qu’à droite, tu es très, très, très attendu. »

Une victoire précieuse au forceps

Malmené en première période, Toulon a fini par l’emporter grâce à une seconde mi-temps plus solide.

Priso reconnaît la difficulté de la rencontre :

« Clairement. C’était un match très compliqué. Les Castrais l’avaient annoncé : ils venaient pour nous embêter. Et ils l’ont très bien fait. Sur toute la première mi-temps, on s’est fait chier. (…) Mais, de notre côté, il faut que l’on soit plus propre dans nos actions. On s’est pas mal débarrassé du ballon. On doit corriger ça pour la suite. »

Une nouvelle corde à son arc

Au-delà de la victoire, l’essai concluant de Priso à droite apporte une option supplémentaire au staff toulonnais. Un atout précieux dans une saison longue et exigeante, où la polyvalence sera une arme pour rester compétitif.