Le débat traverse les générations : cacher sa composition d’équipe est-il un véritable levier tactique en rugby ? Si certains entraîneurs y croient, d’autres jugent la manœuvre vaine, voire énergivore.

Guy Novès, lui, a toujours considéré que l’incertitude pouvait peser, notamment face à des individualités déterminantes.

Il s’est confié via L’équipe :

« S’il doit avoir Antoine Dupont en face, un 9 préférera toujours le savoir tôt. Et si vous affrontez La Rochelle, avec ou sans Atonio-Skelton, ça change beaucoup de choses. Tout est tellement décortiqué aujourd’hui que créer une incertitude dans le staff adverse peut avoir une incidence. »

Mais d’autres techniciens tempèrent. Joan Caudullo, manager de Montpellier, souligne l’inutilité du secret à l’heure des réseaux et des échanges entre joueurs :

« Annoncer une heure avant ? Les joueurs parlent tellement entre eux aujourd’hui. »

Même constat pour Jean Bouilhou, entraîneur des avants du Stade Toulousain, pour qui les marges d’adaptation restent minimes :

« Aujourd’hui, il est rare qu’on tombe des nues quand les compos arrivent. On n’a pas de gros ajustements à faire entre la compo de 18h et le match du lendemain. »

Enfin, Karim Ghezal, patron du LOU, estime que l’énergie dépensée à brouiller les pistes dépasse les bénéfices :

« Certains coaches cachent leurs entraînements, cachent tout parce qu’ils ont peur d’être observés. Je trouve que l’on perd trop d’énergie à vouloir faire ça. Quand j’annonce mon équipe, 40 joueurs et 30 membres du staff sont au courant. Pour la connaître, les journalistes ont juste besoin d’appeler un joueur qui joue ou un autre qui ne joue pas, et il va lui donner. »

En clair, le bluff existe encore, mais ses effets réels demeurent difficiles à mesurer.