Les vérités de Karim Ghezal sur son management qui passe parfois mal auprès de certains joueurs

Les vérités de Karim Ghezal sur son management qui passe parfois mal auprès de certains joueurs

Le mercredi 1 octobre 2025 à 9:51 par David Demri

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Le manager du LOU Rugby, Karim Ghezal s’est confié via L’équipe.

Ce-dernier rappelle que c’est seulement sa deuxième saison en tant que manager sportif.

Il ne le cache pas : il s’agit d’un travail très difficile. Extrait:

Même si j’entraîne depuis dix ans, ce n’est que ma deuxième saison en tant que manager-entraîneur. C’est un job difficile, on est souvent seul. Et je savais que je devais progresser. J’avais identifié les difficultés que j’avais rencontrées mais auxquelles je n’arrivais pas à répondre. Je me suis rendu compte qu’il fallait que je sois accompagné pour passer un cap.

Je travaille avec quelqu’un qui n’est pas préparateur mental mais qui exerce auprès de chefs d’entreprise, pas du tout dans le monde du sport. C’est ce qui m’a plu. Je ne vous dirai pas son nom… Ça a débuté en 2024, quelques semaines avant la demi-finale de Top 14 avec le Stade Français (perdue contre l’UBB). Soit en visio, soit en présentiel, avec des timings précis sur ce que j’ai vécu ou ce que je veux travailler.

Il précise que c’est à Paris qu’il a découvert, en premier, ce véritable métier d’entraîneur. Extrait:

À Paris, j’ai découvert ce nouveau rôle (d’entraîneur principal). Notamment la relation avec les gens au-dessus de moi, le président et le directeur général. Certains peuvent connaître le rugby, d’autres non. Tu dois savoir leur expliquer ce que tu fais. Je maîtrisais plus la vie avec les joueurs mais avant j’étais adjoint. C’était différent.

Durant l’été 2024, pour repartir, j’ai beaucoup bossé sur l’analyse de la saison et plus globalement sur tout ce que j’avais vécu depuis plusieurs années passées avec la tête dans le guidon. À ce moment-là, j’ai senti que le travail portait ses fruits. J’étais cent fois mieux, mieux organisé, plus stabilisé. Puis j’ai été « sorti » à Paris en septembre alors que je n’étais plus décisionnaire au club.

Lorsque le journaliste lui indique que certains joueurs lui reprochaient son discours, il réagit. Extrait:

Vous devriez demander aux joueurs mais je pense que je suis resté moi-même. J’accepte peut-être plus de choses qui m’auraient fait grimper auparavant. J’ai toujours essayé d’avoir de l’empathie mais je mets aujourd’hui un peu plus de rondeur. J’aimerais monter un projet sans être pressé. J’ai soif de gagner en tant que coach. J’apprends à construire.

J’essaie de ne plus tout remettre en question au moindre truc négatif. J’ai beaucoup travaillé avec le coach de coach pour préparer cette nouvelle saison au LOU. Pour la première fois, j’ai dû prendre des décisions difficiles pour garder ou non des joueurs et des membres du staff (il a notamment remplacé Arnaud Héguy par Emmanuel Maignien pour la mêlée).

Il explique sa manière de fonctionner. Extrait:

J’ai ma façon de voir les choses. Parfois, j’avais l’impression qu’on attaquait certaines valeurs qui sont très fortes chez moi. Ça vient de mon éducation. Mon père a fait la guerre pour la France. Oui, c’est oui, et pas oui mais. Et non c’est non. J’ai toujours fonctionné comme ça. Je ne vois pas le mal à dire ce que je pense. J’ai essayé d’évoluer là-dessus. Je n’ai jamais rien dit sur un joueur qui lançait mal un ballon en touche ou qui faisait un mauvais plaquage. Le plus important, c’est l’état d’esprit, l’attitude, des choses non négociables. C’est que l’on construit ensemble ici.

Il indique devoir prendre des pincettes, parfois. Extrait:

Oui, beaucoup plus. Quand le vase commence à être rempli à ras bord, il faut savoir souffler. Je dois garder malgré tout mon tempérament. Je ne me suis pas non plus transformé mais j’apprends. Je regarde aussi ce que font les autres notamment dans le monde de l’entreprise. Je suis plus posé, oui. Je me bouffe moins la vie. Je me sens plus apte à travailler sur la durée. J’ai conscience qu’on peut faire un mauvais match mais que ce n’est pas une raison pour tout brûler ce que tu as dans ta vie à côté. Je suis excessif ou passionné plus exactement. Je ne suis pas fan des grandes phrases mais j’en ai lu une qui m’a marqué, « pour réussir, il faut savoir dire non ».

Il indique vouloir se ménager. Extrait:

Si tu veux durer, il faut savoir gérer ton temps de travail, ton énergie, tes émotions, ta vie de famille, tes temps de libre. C’est un boulot H24. Avant, je touchais les limites. Maintenant, je réussis à couper et mieux compartimenter mes journées, lâcher du lest et déléguer. Je suis capable sur une journée de prendre du recul, de laisser les autres coacher et juste de regarder. Quand il faudra prendre des coups, bien sûr ça sera à moi de le faire.

Lorsque le journaliste lui demande s’il est clivant, il réagit. Extrait:

Je ne sais pas. La plupart des managers le sont. C’est peut-être le métier qui veut ça, les gens se font une image de vous. Citez-moi un manager ou un sélectionneur qui soit lisse… Quand tu gagnes, tout le monde t’aime. Sans caractère, tu ne peux pas tenir. Il faut être capable d’échanger avec des patrons, les gens au club, les supporters, etc. On doit avoir un paquet de casquettes, ça me plaît. Dans ce job, on ne te laisse pas passer beaucoup de choses. C’est normal car on prend des décisions tout le temps. Quand tu as compris que tu ne pouvais pas plaire à tout le monde, l’essentiel est d’être aligné avec ce que tu as en tête. 

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