Yannick Bru et Ugo Mola sont unanimes : « Ce règlement est grotesque ! »

Yannick Bru et Ugo Mola sont unanimes : « Ce règlement est grotesque ! »

Le samedi 4 octobre 2025 à 15:00 par David Demri

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Adoptée en 2018-2019 comme une expérimentation médicale, la règle permettant aux clubs du Top 14 d’effectuer jusqu’à 12 remplacements par match (grâce aux retours au jeu) ne fait plus l’unanimité. Plusieurs techniciens de l’élite estiment qu’elle dénature le jeu et appellent à une réforme.

Lors de la dernière Coupe d’Europe, Ugo Mola avait mis le sujet sur la table :

« Le banc est devenu quelque chose de stratégique dans le rugby moderne. Je suis un fervent militant de faire évoluer les règles pour avoir un peu plus de ressources sur le banc, mais moins d’entrants. Je pense qu’on finira par arriver, un peu comme au foot, avec un parterre de remplaçants, et stratégiquement, en fonction des besoins, un nombre de changements qui pourra évoluer. »

En Top 14, la dérogation accordée par World Rugby permet d’utiliser jusqu’à 12 changements grâce aux retours au jeu, contre 8 habituellement en Coupe d’Europe ou en sélection.

Or, pour Mola, le système est devenu « grotesque ».

Il a exprimé son agacement via L’équipe

« Tu es quasiment à 14 retours en jeu qui n’ont plus besoin d’être signifiés comme blessure. L’impact psychologique et physique n’a plus lieu. L’effet tactique et stratégique des coaches non plus. »

Un constat partagé par Yannick Bru, manager de l’UBB, qui regrette une dérive :

« Tu joues avec la règle, destinée à protéger des blessures : tout le monde sait qu’on fait des retours au jeu pour préserver l’énergie des joueurs, se prémunir de la fatigue. Théoriquement, quand le joueur re-rentre, il devrait y avoir une blessure… mais il n’y en a jamais. »

Au-delà du championnat, la différence de règlement pose aussi un problème d’adaptation quand les clubs disputent les Coupes d’Europe. « À chaque fois qu’on a un match de Coupe d’Europe ou de Top 14, on doit s’entraîner différemment », constate Karim Ghezal (LOU).

Pour Sébastien Piqueronies (Pau), le cœur du problème est plus profond :

« Ce système Top 14 ne correspond plus à l’essence de ce jeu, qui est un sport de combat collectif, où, au-delà de la stratégie, il doit y avoir un phénomène de résistance ou d’usure physique qu’il ne faut pas dévaluer. »

Alors que certains penchent pour un retour au banc classique (8 remplacements maximum), d’autres, comme Mola ou Didier Nourault (Tech XV), proposent une alternative : élargir la feuille de match.

« Pourquoi ne pas faire comme au football ? Toutes les équipes se préparent à 30 joueurs. L’idée, c’est d’avoir 27 ou 28 joueurs sur une feuille de match et continuer à avoir 8 remplacements », avance Nourault.

Une piste qui séduit Yannick Bru :

« Comme le coaching revêt une dimension tactique cruciale, avoir plus de joueurs à disposition, ça va dans le bon sens. Et peut-être que ça protège mieux les joueurs : tu les fais évoluer à leur poste. » Avant de lâcher, sourire en coin : « Ça générerait peut-être un problème logistique tout bête : il y a pas mal de vestiaires du Championnat où tu aurais du mal à débarquer à 27-28 au lieu de 23 ! »

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