Le directeur de la Ligue nationale de rugby réagit longuement aux propos polémiques d’Antoine Dupont

Le directeur de la Ligue nationale de rugby réagit longuement aux propos polémiques d’Antoine Dupont

Le lundi 6 octobre 2025 à 23:02 par David Demri

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En marge de la Nuit du Rugby, le directeur de la Ligue nationale de rugby Emmanuel Eschalier a répondu ce lundi aux déclarations d’Antoine Dupont, lequel demande un assouplissement des règles du salary cap pour que les joueurs puissent être rémunérés par les sponsors de leur club.

Emmanuel Eschalier, comment avez-vous reçu la sortie d’Antoine Dupont, à la Ligue nationale de rugby ?

Tout le monde sait qu’il y a une discussion qui est engagée sur l’évolution du salary-cap. A partir de 2027. Ce sont les travaux qu’on ouvre cette semaine, les premiers ateliers avec les clubs. On va aborder tout le sujet, le montant du salary-cap, les crédits internationaux, les outils de contrôle, les procédures disciplinaires. Tous les sujets vont être mis sur la table pour se projeter sur l’évolution de ce dispositif essentiel pour à la fois la pérennité des clubs, la pérennité du modèle, l’attractivité du championnat. Que des voix s’expriment, on a des joueurs emblématiques comme Antoine Dupont, qui participeront au débat. Et le syndicat des joueurs qui représente la voix des joueurs sera évidemment associé. Les sujets seront évoqués sans tabou avec comme objectif un projet de salary-cap dans la durée pour qu’il soit encore plus robuste, encore plus efficace. Qu’il corresponde en tant qu’outil aux objectifs sportifs et économiques qui sont les nôtres. C’est-à-dire avoir un rugby français à la fois performant mais qui ne cède pas aux spirales de l’inflation et qui garde un équilibre à l’intérieur du top 14.

Est-ce que cette communication était déjà venue à vous, de la part des joueurs – notamment les internationaux – concernant ce volet du salary-cap et de leur contrat avec les sponsors de leur club ?

Le sujet des droits d’image est un sujet de discussion depuis un certain nombre d’années déjà. Après c’est un sujet compliqué parce qu’il n’est pas possible de les exclure complétement en s’agissant des partenaires des clubs. Les droits d’image versés par les partenaires des clubs reviendraient à ouvrir une brèche importante dans la crédibilité et l’efficacité du salary-cap. Maintenant, encore une fois, un débat s’ouvre. Toutes les parties prenantes auront la possibilité d’y participer, le syndicat des joueurs comme tous les autres acteurs.

Ce n’est pas anodin dans la voix d’Antoine Dupont, il parle de chasse aux sorcières. Ça peut vous surprendre un peu ?

Une chasse aux sorcières (il sourit)… Il n’y a aucune chasse aux sorcières. Notre objectif est tourné vers l’intérêt général du rugby professionnel. Encore une fois, le salary-cap c’est une option qui nous permet de consolider les modèles économiques des clubs, d’assurer l’équilibre du championnat, tout en gardant un top 14 qui reste de très loin le championnat le plus attractif du monde. Nous on reste concentrés sur les objectifs. Après il y a des débats de façon permanente sur le salary-cap, c’est assez logique. C’est un dispositif essentiel qui a des impacts importants, pour les joueurs notamment, on en a parfaitement conscience. Le débat va s’ouvrir et toutes les voix pourront s’exprimer.

« Pour que le championnat soit incertain et donc attractif »

Vous pouvez peut-être expliquer l’utilité que la manne de ces sponsors individuels, qui sont les sponsors du club, rentrent dans le salary-cap ?

Le salary-cap vise à limiter les écarts de masse salariale entre les clubs pour que le championnat soit incertain et donc attractif. Si on excluait la totalité des droits d’image versés par les partenaires des clubs, on prendrait le risque qu’il y ait des sommes qui soient versées par les partenaires des clubs en lieu et place des clubs eux-mêmes. C’est un risque qu’on ne peut pas prendre par principe. C’est un sujet compliqué.

Ce sont aussi des leçons du passé qui ont fait qu’on soit passé par cette règle ?

Il y a beaucoup de dispositions du salary-cap qui sont des rebonds sur des expériences passées, des tentatives de contournement. Le règlement a gagné en solidité et en robustesse au fur et à mesure que ceux qui sont en charges de son contrôle, le salary-cap manager principalement, étaient face à des tentatives de contournement qui nous ont amené à faire évoluer le règlement. Pas plus sur ce sujet que sur d’autres. Mais c’est un peu la longue marche du salary-cap qui s’est bâtie comme ça.

Vous entendez les joueurs, qui ont des carrières courtes, qui sont aussi le cœur du réacteur de ce rugby et qui veulent bénéficier de ça dans leur carrière ?

Oui, on les entend complètement. Les salaires des joueurs les mieux rémunérés continuent de progresser sur les cinq dernières années. Depuis la fin du Covid qui a été une forme de parenthèse. Le salary-cap n’empêche pas la progression salariale, réduit les écarts entre les joueurs les mieux payés et moins bien payés, mais sans pénaliser les joueurs moins payés. Donc les rémunérations continuent aussi d’augmenter. Je pense qu’il est évidemment très attentif à la situation des joueurs et encore une fois, ils sont complètement associés au débat.

Qu’est-ce qu’on fait avec le salary-cap dans les prochaines années ? Quelle est l’idée ? Les présidents évoquaient une baisse. Quelle est l’idée générale ?

Les débats s’ouvrent. Ce n’est pas à moi de répondre à cette question. Ce sera un choix collectif évidemment.

« Il n’est absolument pas question de remettre en cause le salary-cap »

Vous défendez le côté vertueux ?

On est convaincu que c’est un outil qui est plus que vertueux. C’est un outil qui est nécessaire et qui est essentiel pour la performance et la pérennité du modèle du rugby professionnel français.

Sans ça c’est dangereux ?

Je pense qu’on prendrait des risques évidemment à le supprimer. De toute façon, il n’en est pas question. Les débats portent sur les modalités du salary-cap, pas sur son principe sur lequel il y a eu à plusieurs reprises des votes, à chaque point stratégique. Et à chaque fois, il y a un dispositif qui, même s’il fait débat dans ses modalités, reçoit le soutien unanime des clubs, de toutes les parties prenantes, de la Fédération française du rugby également. Donc il n’est absolument pas question de remettre en cause le salary-cap. Les débats portent sur ses modalités, sur l’assiette, les sommes prises en compte, la façon de le contrôler. Absolument pas sur sa pertinence ou sur son principe.

Tous les présidents ne sont pas d’accord là-dessus ?

Je pense qu’ils sont tous d’accord là-dessus.

Via RMC Sport

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