Dany Priso : « Quand tu te fais découper, tu as envie de rendre ! »
Dany Priso : « Quand tu te fais découper, tu as envie de rendre ! »
Le samedi 11 octobre 2025 à 16:13 par David Demri
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Le pilier gauche du Rugby Club Toulonnais, Dany Priso s’est récemment reconverti en tant que droitier.
C’est pour faire face à l’indisponibilité de Kyle Sinckler en début de saison que le manager Toulonnais Pierre Mignoni a décidé de temporairement (ou pas), repositionner Dany Priso à droite.
Interrogé à ce sujet via L’équipe, Dany Priso concède qu’il a été très spécial de débuter le match contre Pau, à Mayol, dans la peau d’un pilier droit. Extrait:
Ouais c’était spécial. Quand on arrive à Mayol dans le vestiaire, tu vois ton maillot accroché sur un cintre. Tu as ta photo et une place attitrée selon ton numéro. Le week-end dernier, je n’étais pas assis au même endroit. Je n’avais jamais porté ce numéro 3 dans le dos. Ça fait trois, quatre matches que je joue en droitier, le métier commence un peu à rentrer.
Il explique pourquoi il a accepté de dépanner au poste de pilier droit. Extrait:
Je ne délaisse pas mon poste de gaucher. Je m’y sens bien et performant. C’est juste que je me suis senti en capacité de filer un coup de main à l’équipe à droite. Tout est parti d’une discussion avec les coaches cet été. On savait qu’on avait un petit problème en droitier avec la blessure de Kyle Sinckler et le départ d’Emerick Setiano. Eric Dasalmartini et Pierre Mignoni ont évoqué le fait de nous tester un peu à droite. Ils rigolaient, nous mettaient des pièces. On a commencé à faire des petites positions et il s’avère que Dany Brennan et moi, on n’était pas trop mal. On a joué au chifoumi, j’ai perdu, me voilà pilier droit (il rit).
Il travaille beaucoup au poste de pilier droit depuis cet été. Extrait:
C’est un poste que je ne connaissais pas. J’y travaille depuis cet été avec sérieux mais j’ai clairement dit aux coaches qu’il me fallait du temps pour bosser et m’aguerrir. Moi, quand je fais quelque chose, je le fais à fond, pas pour amuser la galerie. Je ne peux pas dire qu’aujourd’hui, je suis confirmé à ce poste-là, même si j’y ai joué. Il y a encore beaucoup de choses que je ne maîtrise pas et me posent des difficultés. Je ne me compare pas à Kyle et Beka Gigashvili qui sont des sacrés clients à droite. C’est grâce à eux qu’on est la première mêlée offensive du Top 14.
Il ne le cache pas : devenir pilier droit pour un gaucher demande énormément de travail. Extrait:
Beaucoup de travail de répétition pour choper des automatismes. Je suis encore novice à droite, alors qu’à gauche, où je joue depuis des années, je ne me pose plus trop de questions, je sais me placer. Au poste de pilier droit, c’est différent : je cogite en permanence sur mon placement, mes appuis, ma liaison, le moindre geste… C’est ultra-technique et hyper physique pour dominer un impact.
Il y a tant de choses que le grand public ne voit pas. Une mêlée, ça ne dure pas longtemps, mais c’est très long pour nous parce qu’on est complètement en apnée. Quand tu te prends une tonne sur la gueule, sans respirer, ce n’est pas comme faire de la brasse coulée en piscine. Au bout de 5 secondes, tu as la tête qui tourne, tu vois des étoiles. Et tu te demandes pourquoi tu as choisi ce poste.
Le mec en face n’a qu’une envie : te traverser. Tu te dis : « Est-ce que je vais me laisser faire ? » Et quand tu te fais découper, tu as envie de rendre. C’est un poste dur. Quand une mêlée recule, les gens ont vite fait de blâmer les piliers, sans chercher à voir si le deuxième-ligne était mal placé, si la troisième ligne n’a pas vraiment poussé. Tu es vite catalogué alors qu’une mêlée, ça se joue à 8.
Alors pourquoi se lancer dans un tel challenge à 31 ans ?
Le challenge. Il est beau : il me pousse à me surpasser et me permet d’apporter un plus à mon équipe. Moi je ne suis pas venu à Toulon pour me reposer même si quand je suis arrivé ici, j’ai entendu dire : « Il est sur la fin. » Pas du tout ! Aujourd’hui, j’enchaîne les matches. La saison dernière, j’en ai joué 30 et ce n’est pas quelque chose qui m’effraie.
Sur mes journées off, je reviens au club pour travailler spécifiquement ma liaison, mon placement, les impacts. Je passe du temps avec le coach de la mêlée et certains joueurs, dont des jeunes, qui m’aident vraiment à m’améliorer. C’est beaucoup de répétitions. Une fois rentré chez moi, je révise mes placements dans mon salon. Faut que je les intègre, qu’ils deviennent automatiques. Lorsque j’entre en mêlée je ne dois pas avoir à cogiter. Aujourd’hui, j’arrive à m’en sortir. J’ai un physique qui fait que je peux encaisser la charge de travail requise. Mais j’ai encore beaucoup à faire pour être vraiment performant. Je ne suis pas encore assez aguerri.
C’est un métier respectable. On y met son corps en danger sur chaque mêlée. Si elle s’écroule tu tombes la tête la première. C’est pour ça qu’il y a un gros travail de renforcement cervical, pour protéger ta nuque.
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