Le salary cap est-il trop bas en France ? C’est un sujet qui brûle les lèvres des meilleurs joueurs et du monde du rugby en ce moment.

Le consultant rugby de Sud Radio, Philippe Spanghero s’est confié sur le sujet.

A lire ci-dessous :

« Le rugby français a besoin de voir quelle est sa place dans le monde. Il y a un leadership du rugby français qui a été pris dans le monde du rugby qui est assez flagrant. Le salaire moyen d’un joueur de Top 14 est bien supérieur par rapport aux autres championnats dans le monde, à part quelques exceptions d’internationaux Sud-Africains et Néo-Zélandais car il y a la prise en charge d’une partie de leur salaire par la Fédération.

La question est de dire : est-ce qu’on a besoin de continuer cette surenchère entre nous étant donné que les offres n’ont pas vraiment d’offres ailleurs ? On reste sur une économique fragile donc pourquoi se faire la guerre entre nous alors qu’on est déjà bien plus fort que les autres. La Ligue se l’est posée cette question car on a décidé de baisser le Salary Cap sur deux saisons consécutives pour revenir à 10,7 millions d’euros.

Ensuite, vous avez un potentiel de dépassement par rapport au nombre d’internationaux Français. C’est ce que reproche pas mal de clubs à Toulouse en disant : vous avez pris le lead avec un nombre d’internationaux important, vous avez le plus gros dépassement de salary cap possible et du coup, vous serez toujours en avance car vous avez la possibilité d’avoir les meilleurs joueurs. Pour un joueur appelé en équipe de France, c’est 180 000 euros de salary cap supplémentaire. Une équipe comme Toulouse ça représente 1,8 millions d’euros de dépassement de salary cap. Donc cette volonté de rabaisser le salary cap, c’est une décision raisonnable et on n’a pas vocation à remonter là-dessus.

On a un salary cap manager qui fait un boulot très difficile, il est seul contre tous et il est le garant de notre modèle. On a vécu une époque dans le rugby français où les présidents de clubs rivalisaient d’inventivité pour contourner le salary cap. Un joueur Sud-Africain avait été payé en bétail en Afrique du Sud. Le salary cap manager, avec toutes ces remontées, a mis en place une règle qui soit la plus large possible car certains clubs avaient les moyens de contourner le salary cap par des sociétés. Tout ce qui est en lien direct avec le club est donc intégré au salary cap. 

Il y a une règle que le grand public ne connait pas, c’est la différence entre le droit d’image individuel et le droit d’image collectif. Un sponsor qui achète l’association d’image au Stade-Toulousain, à partir de trois joueurs, il bénéficie du droit de l’image collectif. S’il veut pas faire une campagne de communication, vous me trouvez trois joueurs et je m’associe à l’image du club à travers ces joueurs. Mais vous avez des têtes d’affiche contre Ntamack et Dupont, qui sont tellement forts, que vous avez des sociétés qui sont partenaire de Toulouse et qui disent qu’ils veulent également ces joueurs. Cette problématique du droit de joueur individuel concerne peut-être une petite quinzaine de joueurs. Je comprends que certains joueurs montent au créneau. Mais mon inquiétude est de dire : est-ce qu’il n’y a pas des discussions à mener avec ces joueurs-là en prenant une règle : quelques joueurs ont le potentiel d’avoir des revenus très élevés, est-ce que l’on ne peut pas avoir une exception pour ces joueurs ? C’est aussi difficile car ça ouvre la boite de pandore. Et changer le règlement pour ces joueurs, c’est fragiliser notre modèle.

Cette volonté de la Ligue d’avoir un regard et d’encadrer le salary cap, ça nous permet de voir ce que l’on voit aujourd’hui, avec Pau en haut du tableau, Bayonne, et quelque part, si notre produit veut être fort, il faut avoir une incertitude sportive. »