Montauban y a cru, mais Montauban a perdu (28-32) face à Castres. A cause d’une première mi-temps indigne, le promu n’a pu aller chercher une première victoire en Top 14, malgré un finish de feu. Et le manager Sébastien Tillous-Borde, qui n’a pas du tout apprécié cette entame, prévient ses joueurs.

Vous avez tout vécu durant ce match, de la déception à l’espoir. Quel bilan en faites-vous?

Une première mi-temps qui a été catastrophique. On n’est pas sorti des vestiaires. On n’a rien fait de propre. On aurait pu marquer en plus, deux fois au moins. Mais on n’a pas fait ce qu’il fallait. Tu regardes nos trois ou quatre premières minutes, on fait un coup d’envoi où on ne va pas à la réception n’y va pas. On ne réceptionne pas le ballon derrière. Mêlée, pénalité. Touche, ballon porté, pénalité. On ne rentre pas du tout dans le match. Et ça, devant nos supporters.

C’est ce qui vous met le plus en colère, cette impression de ne pas respecter votre public?

Oui, bien sûr. À un moment donné, quand tu joues à Sapiac, c’est un match de survie. Parce qu’on joue le maintien. Tu dois te comporter d’une autre manière. Et voilà, à la mi-temps, c’est ce que je leur ai dit. Je leur ai dit qu’à un moment donné, on ne pouvait pas faire la copie qu’on a fait en premier mi-temps. La première chose qu’on doit faire, c’est respecter nos supporters. Heureusement qu’on fait cette deuxième partie, où on revient et on aurait pu peut-être gagner. En plus, on est à 14. Il faut que les joueurs prennent conscience qu’ils sont capables de jouer en Top 14 s’ils mettent les ingrédients qu’ils mettaient la saison dernière. C’est tout.

Vous ne digérez pas…

Je n’ai pas trop envie de digérer. Je peux comprendre qu’à Clermont, on ne soit pas descendus du bus une fois. Mais ne pas sortir du vestiaire une deuxième fois, ça ne me va pas du tout. Malgré tout, on est restés avec l’espoir jusqu’au bout. On aurait pu avoir cette dernière balle de match. On aurait peut-être gagné le match. Mais quand tu fais une première mi-temps comme ça, tu ne peux pas espérer gagner. C’est chiant.

Malgré tout, vous prenez un point de plus que Perpignan ce week-end. Est-ce que c’est ça aussi qu’il faut retenir?

Oui, bien sûr. Je crois qu’aujourd’hui, tous les points vont être importants. On a eu la chance que Perpignan ait perdu trois matchs à la maison. Nous, on n’a pas encore gagné à la maison alors que c’était le moment idéal pour gagner. Dans 15 jours, on va recevoir Perpignan qui va être un match déterminant pour la suite. Même si c’est que le début du championnat, ça avance petit à petit. On doit se comporter d’une autre manière pour gagner nos matchs.

Vous ne voulez pas avoir des regrets toute la saison…

Exactement. Après, c’était différent contre Montpellier. Montpellier, on est rentrés dans le match et on a fait un très bon match. On aurait dû vraiment le gagner. Je pense que Lyon, on était tout fraîchement en top 14. On avait les occasions pour gagner ce match aussi. On a fait trop de petites erreurs. Des erreurs qu’on fait moins aujourd’hui. On a raté beaucoup de points depuis le début de saison à domicile.

Faut-il payer pour apprendre?

J’ai bien l’impression qu’il faut payer pour apprendre. Aujourd’hui, on n’avait qu’à mettre l’intensité et l’état d’esprit au bon endroit pour gagner ce match. Ce n’est rien contre Castres, mais je connais mes joueurs. Je sais comment ils peuvent jouer au rugby. Aujourd’hui, on n’a pas joué au rugby. On ne s’est pas donné les moyens. Mais parce qu’on attend qu’il se passe quelque chose. Et si on attend qu’il se passe quelque chose, il ne va rien se passer jusqu’à la fin de l’année. Il faut qu’on soit entreprenants. Il faut qu’on prenne nos responsabilités. Mais aussi, je pense que le staff, on doit sûrement préparer les choses autrement. Parce qu’il faut qu’on fasse à balles réelles toute la semaine. Et si on se blesse les joueurs aussi, ça ne va pas nous aider.

« Je préfère être en Pro D2, jouer les matchs et les gagner »

Comment expliquer que vos joueurs ne sont pas « sortis du vestiaire »?

Je pense qu’on doit changer notre mentalité. On avait une grosse mentalité la saison dernière. Ce n’est pas parce que tu perds que tu ne dois pas arriver avec une grosse mentalité. Tu dois pouvoir perdre, te relever, repartir, réavancer. La vie, c’est comme ça. Ce n’est jamais un long fleuve tranquille. Et ça, il faut que les joueurs le comprennent. Parce qu’on va en perdre des matchs cette année. Donc il faut apprendre à perdre. Il faut apprendre à perdre, mais il ne faut pas perdre de la manière dont on a perdu la semaine dernière. Il ne faut pas perdre de la manière dont on a perdu ce week-end aussi. Mais on peut perdre. Si on met les ingrédients, si on fait ce qu’il faut. On peut être mauvais parfois au rugby. Ça arrive. J’ai été joueur. On a été catastrophiques des moments aussi. Mais quand tu mets les choses dans l’ordre, en général, tu es plutôt récompensé au bout d’un moment.

Vous vous déplacez à La Rochelle avant de recevoir Perpignan: faut-il cibler vos matchs?

Le match important, c’est Perpignan, ça c’est sûr. Tu peux cibler les matchs, mais tu peux te comporter de la bonne manière quand tu vas jouer à l’extérieur. Comme on a fait en première mi-temps contre Bordeaux. On a fait une très bonne première mi-temps. Mais tu ne peux pas finir avec 70 points dans le sac. Ce n’est pas possible. C’est une question d’état d’esprit. C’est une question de ce qu’on a envie de faire ensemble. Est[1]ce qu’on est content d’être arrivé en Top 14 ? On est content, on regarde, ça nous va. Ou est-ce qu’on a envie de se faire respecter en Top 14 ? Aujourd’hui, on est un peu content d’y être. On regarde ce qu’il se passe. Mais moi, ce n’est pas du tout mon truc de regarder. Je préfère être en pro D2, jouer les matchs et gagner. Ou être en top 14, jouer les matchs et au moins se donner les moyens de gagner. Mais regarder, je ne suis pas trop passif, on va dire. J’aimerais qu’on change d’état d’esprit.

Via RMC Sport