Eric Champ rend un magnifique hommage à André Herrero : « Il m’a mis un caramel et il m’a cassé deux côtes »
Eric Champ rend un magnifique hommage à André Herrero : « Il m’a mis un caramel et il m’a cassé deux côtes »
Le samedi 25 octobre 2025 à 15:05 par David Demri
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L’ancien troisième ligne emblématique du Rugby Club Toulonnais, Eric Champ a rendu un très bel hommage à André Herrero, décédé ce vendredi à l’âge de 87 ans.
C’est via Midi Olympique qu’Eric Champ a rendu ce très bel hommage.
Il l’affirme : pour lui, André Herrero était son père dans le rugby. Extrait:
André était un frère pour les siens, des copains pour d’autres, pour moi, il était mon père dans le rugby. Ce n’est pas le fait que nous avons joué tous les deux au RCT. C’est de l’ordre de l’intime. Mon père était joueur de rugby, André a joué avec lui. Mon histoire débute en 1979 avec un appel d’André à mon père.
André vient de rentrer en 1978, après son expatriation, et j’insiste car sa patrie reste Toulon, du côté de Nice. Mon père m’amène avec lui pour rencontrer André. Je suis jeune. Il dit : « Tu me donnes le minot. Il n’est pas majeur, mais je veux le mettre avec l’équipe. » Mon aventure commence comme ça.
Il confirme qu’André Herrero a été un entraîneur très dur, en avance sur son époque. Extrait!
Il y a eu un accompagnement collectif, qui a duré plusieurs années. André était en avance sur son époque. Il est ce qu’Éric Tabarly était à la voile. Dans le rugby, il a emmené la diététique, la musculation. Oui, il était dur, notamment avec son réveil musculaire. J’ai une anecdote. Un jour de déplacement à Clermont, il voulait qu’on fasse un trail le matin du match. J’étais jeune, je débutais avec la première. La neige était là, c’était un peu la Côte d’Azur inversée (rires).
J’étais un peu agacé, car je ne voulais pas courir. Je traînais un peu derrière le groupe. Lui, il cherchait son minot, c’est-à-dire moi. Il ne me voyait pas. Il s’est arrêté. Il s’est caché derrière un rocher. Il est sorti de là. Il m’a mis un caramel et il m’a cassé deux côtes. Je n’ai pas pu jouer (rires). André, c’était aussi les trois entraînements par semaine, avec notamment l’entraînement décisif du mercredi. Je me rendais deux heures avant la séance. Là, je ne faisais que plaquer, sauter en touche, et faire des raffuts face à lui. C’était un Menhir.
Il l’affirme : André Herrero est le Charles de Gaulle du RCT. Extrait:
C’est de l’ordre de l’intime. Je laisse à tout le monde faire les terminologies qu’il veut. À mon sens, nous sommes dans un monde qui recherche des hommes charismatiques donnant un nouvel élan. Sans faire de politique, à mon sens, André Herrero est le Charles de Gaulle du RCT. Avant son retour, on n’était pas en errance, mais voilà… C’est lui qui a redonné du sens et de l’exemple. Il l’a fait en tant que joueur, entraîneur et président. Le RCT serait bien différent sans André. On ne pourra pas lui enlever.
André, c’était la notion d’exemplarité. Il y a aussi eu des parallèles entre nous deux, notamment au sein du XV de France. André a claqué un peu la porte parce qu’il n’a pas été désigné capitaine. On avait préféré Christian Carrère. Quelques années plus tard, quand je devais reprendre le capitanat à la suite de Serge Blanco et que je ne l’ai pas eu, j’ai aussi fait une André (sourire). Je le répète : mais il était mon père dans le rugby.
Il avoue avoir été souvent comparé à André Herrero. Extrait:
Bien sûr, il y a eu des comparaisons : on jouait au même poste, on a été capitaine de Toulon, nous avons été internationaux. On a réussi à fédérer autour de nous des générations incroyables de gens. Je n’ai pas essayé de lui ressembler, mais il a toujours été là dans ma carrière. Nous avons eu de nombreuses discussions. Je me souviens aussi lors de mon premier appel en équipe de France : « Bon minot, tu vas jouer là-bas. Tu fais le même rôle qu’ici hein. Tu es là-bas, comme tu l’es ici. Et puis, bien sûr, tu me fais deux coups d’éclat avec un bon caramel et une percée. Deux ou trois, pas plus, et c’est bon minot ! »
À l’époque, quand nous devenions internationaux, nous avions l’honneur de faire des photos dans un grand magasin parisien. Il fallait par la suite signer des cartes. On pouvait l’envoyer à des amis, à nos proches. J’ai signé une carte, avec un mot : « Merci. » J’ai envoyé la carte à son restaurant. Il l’avait encadré et mis en valeur à l’intérieur de celui-ci. J’en étais très fier.
Selon lui, André Herrero était plus Toulonnais que certains Toulaonnais. Extrait:
André nous a ouvert le chemin et celui de beaucoup de Toulonnais. André ne l’était pas de naissance, mais on n’a pas besoin d’être né à la clinique Saint-Jean ou Sainte Musse pour l’être. Vous savez ce que je pense de tout ça. Le plus Toulonnais d’entre nous se nomme Éric Melville. André a ouvert la voie à tout le monde par ses innovations et sa façon d’être. Ici, nous jouons au rugby d’une certaine manière, qui nous appartient. C’est ce que nous sommes profondément.
Pour revenir au titre de 1992, c’était une grande aventure. Nous devions aussi gagner pour Jean-Claude Ballatore et à André. Cette fois, l’histoire s’est bien finie, mais vous savez, à Toulon, nous aimons le drame. Si ça se passe normalement, ça ne va pas (rires). En 1971, il aurait pu l’être et il a été puni. Moi, j’ai été puni d’une manière injuste. À Toulon, le bonheur vient par le drame. S’il n’y a plus ça, il faut débaptiser le club.
Il conclut :
Honnêtement, c’est plus de 40 ans de ma vie, de ce Toulon – Nice, en 1972, dans la tribune jusqu’à maintenant. Dans le monde du rugby, j’ai tout vécu à côté de lui. Il me manquera ce rendez-vous dominical, et le stade bien sûr. Quand je me rendais à Mayol, j’étais à côté de lui et d’Hubert Falco. Les deux hommes qui m’ont accueilli quand j’avais 17 ans. On avait le plaisir de se retrouver, tous les anciens, lors des matchs du RCT.
L’an passé, je me souviens que je l’avais vu dans la tribune avec une canne. J’étais descendu et je lui avais dit : « Tu peux laisser ta canne en bas. » Monsieur André Herrero ne pouvait pas monter dans la tribune de Mayol avec une canne. Je l’ai pris d’un côté, il s’est tenu à la rambarde de l’autre, et il est monté. Voilà, je ne pouvais pas laisser mon père du rugby comme ça. Ça dit beaucoup de lui. Il y a eu tant de bons moments entre nous. Je lui suis reconnaissant de beaucoup de choses.
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9 Commentaires

Simple et efficace. Du grand Eric pour Mr Herrero
Bel Hommage .
Merci Eric pour ce bel hommage à notre légende !!!
Merci de partager ces souvenirs…
Cette filiation entre ces deux légendes de notre club est magnifique…
2 figures de notre club.
Merci pour ce bel hommage Eric…..
Le plus beau des hommages, des témoignages de la gratitude d’un fils de Toulon pour son père spirituel.
Je me souviens avoir été arbitré par un gars avec un regard inquiétant. Ses yeux bleus acier à la Sergio Leone et son physique taillé au burin n’incité pas a la contestation. C’est le seul arbitre qui mettait des raffuts quand ta course avait l’audace de le gêner . C’était André herrero .
16 mai 1971! Finale Béziers Toulon à Bordeaux. Nous perdons 15/9 (après prolongations) mais avant la fin du match AH sort, à priori blessé par un coup de pied d’Estève: résultat deux cotes cassées! Le lundi suivant, retour des joueurs à Toulon. Arrivée à la gare et cortège vers Mayol. Le défilé passe devant Peiresc aux cris de « Estève assassin »! J’étais en 4eme en cours d’espagnol. Avec deux potes nous avons quitté la classe pour nous joindre au cortège. Punition par la suite (mais bon!) et un souvenir mémorable et mémorisé……❤️
Pour la petite histoire, on n’a jamais su qui avait flingué notre capitaine et leader: ceux qui savaient n’ont jamais parlé!