Paul Willemse : « Les Sud-Africains veulent que tout le monde soit contre eux ! »
Paul Willemse : « Les Sud-Africains veulent que tout le monde soit contre eux ! »
Le mercredi 5 novembre 2025 à 18:42 par David Demri
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Paul Willemse, ancien deuxième ligne des Bleus, fait partie des joueurs nés en Afrique du Sud puis naturalisés français. À l’approche du match que tout le monde décrit comme « la revanche de 2023 », l’ex-Montpelliérain a choisi son camp et nous éclaire sur le style de jeu des Boks.
Pourquoi ce match est-il si important pour les deux équipes?
Il n’y a pas de trophée, mais je crois que le planning pour la prochaine Coupe du monde a déjà commencé. Et je crois que les deux entraîneurs sont en train d’expérimenter et de mettre des choses en place pour cette compétition. Côté sud-africain, le résultat n’est pas très important. Pour moi, avec mon cœur français, c’est un peu plus important parce que c’est la première rencontre après 2023. Il y a encore des émotions et des souvenirs à gérer. Rassie (Erasmus) a commencé à expérimenter avec les postes, tester un peu son groupe, faire venir des nouveaux joueurs, faire grandir l’expérience. Fabien Galthié va aligner une bonne équipe mais c’est quand même un challenge de ne pas avoir certains joueurs disponibles. Ça lui permet quand même de gagner de l’expérience, trouver des potentielles nouvelles stars.
Le quart de finale en 2023 est un vrai traumatisme. Depuis ce jour-là, les Springboks sont-ils devenus les rivaux numéro un des Bleus?
Oui, c’est une des meilleures équipes du monde et donc ça va être un bon challenge, un match très dur. De leur côté, ils veulent toujours être le underdog (outsider). Ils veulent que tout le monde soit contre eux. De notre côté, notre motivation est claire. C’est un match important et c’est tout ce qui compte.
Depuis plusieurs jours, les Springboks usent d’un chambrage avec des images marquantes du quart de finale en 2023. Comment vous le prenez?
Rassie aime toujours créer un jeu mental. Ils veulent chercher une réaction. Moi perso, je m’en fous. Le staff du XV de France sont prêts à répondre sur le terrain. Ce n’est pas un match amical où on s’en fout du résultat. Ça reste un sport combatif avec des egos.
Est-ce que, quand vous étiez dans le groupe, Fabien Galthié s’inspirait de ce que faisait Rassie Erasmus?
Oui, parce que je crois que c’est très intelligent d’apprendre sur tes adversaires. Il faut voir ce que les autres font bien et peut-être mieux que toi. Fabien, c’est un mec qui est beaucoup intéressé par les autres équipes. Tous les bons entraîneurs sont toujours en train d’apprendre et de voir ce qu’ils peuvent changer ou améliorer.
Dans quels domaines par exemple?
On a étudié un peu des adversaires, pas que ce qu’ils faisaient sur le terrain, mais plutôt quel type de personnes c’est, quelle image ils montrent sur les réseaux sociaux. C’était pour comprendre quelles étaient les motivations d’une équipe. Par exemple on a regardé « Chasing The Sun », le documentaire sur les Springboks pour comprendre leur motivation, comment ils pensent. C’était très intéressant. Moi, je connais plutôt, mais c’était bien de voir les joueurs français qui ne connaissent rien de l’Afrique du Sud. Ils ont compris qu’ils représentent un pays entier. Leurs résultats influencent l’état d’esprit de toute la nation. Le rugby est une des plus grandes choses en Afrique du Sud. Il faut comprendre pourquoi ils deviennent des soldats quand ils jouent, pourquoi ils sont durs.
En 2023, la France avait envoyé beaucoup de jeu, avait manqué d’efficacité et s’était fait contrer. Est-ce que vous pensez qu’elle doit rester dans cet ADN?
Galthié va travailler avec les points forts de son équipe. Aujourd’hui, je ne suis plus dans le groupe et c’est un nouveau staff. Je ne sais pas exactement si on va garder la même stratégie. Dans le rugby, il faut trouver un équilibre. Tout changer, ce n’est pas bon. En 2023, on n’était pas très loin. C’est normal quand tu affrontes une des meilleures équipes dans le monde, qu’il y ait certaines choses qui ne marchent pas. Mais de leur côté aussi, il y a plein de choses qui n’ont pas marché comme ils le voulaient. Ça va se jouer sur des petites différences. Mais ce qui va changer, c’est qu’on va jouer avec beaucoup de joueurs que les Sud-Africains n’ont pas encore vu jouer.
Quelles sont les différences et les similitudes que vous voyez entre les deux équipes?
En France, on n’est pas autant strict qu’eux sur le plan de jeu. On laisse ouvert une petite personnalité sur le terrain. Certains joueurs prennent un peu plus de responsabilité et on essaye des choses dès qu’on y voit une opportunité. Les Springboks sont très carrés dans leur style: ils cherchent un ballon porté dans vos 22 mètres, des mêlées. Aujourd’hui on sait qu’ils ont ajouté beaucoup de vitesse avec leurs trois quarts. Nous sommes plus performants sur les mauls et les mêlées. De notre côté on a ce petit extra. Ils sont peut-être un petit peu plus prévisibles alors que nous sommes un peu plus « foufou », dans le désordre.
Cet ADN vient aussi des plus gros clubs de Top 14, est-ce que vous croyez qu’ils sont un peu jaloux du Top 14?
Je crois que presque tout le monde va devenir un peu jaloux. Le Top 14 est devenu un des meilleurs championnats au monde. C’est un super bon exemple et je crois qu’ils aimeraient bien jouer un peu dans le Top 14. Leur compétition avec les Anglais, je ne sais pas si ça leur plaît.
Vous qui étiez deuxième ligne, il y a du lourd des deux côtés, probablement Flament-Meafou chez les Bleus, peut-être Etzebeth-Snyman chez les Boks. Qui a la meilleure seconde ligne selon vous?
J’ai toujours détesté donner des opinions comme ça. Snyman et Etzebeth ont déjà une carrière et une expérience énorme. La combinaison entre Flament et Meafou c’est quand même encore neuf. Pour moi, il y a encore beaucoup d’expérience à gagner de notre côté. Mais j’ai énormément confiance en eux. Ils ont déjà un très bon niveau à leur âge. Ils se complètent bien avec le côté léger et lourd. Ils ont envie de se montrer.
Votre pronostic pour le match de samedi?
C’est toujours dur, parce que là il y a le côté que j’espère, et moi je suis toujours un mec optimiste. Je vais rester derrière le XV de France, c’est mon équipe. J’ai transpiré pour cette maison, j’ai saigné pour ce maillot. Ce sera serré, 25-20, quelque chose comme ça.
Via RMC Sport
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