Battus par des Springboks d’une puissance maîtrisée (17-32), les Bleus ont sombré en seconde période, incapables de rivaliser dans le combat comme dans la gestion du match.

Plus inquiétant encore : les changements opérés par Fabien Galthié ont semblé fragiliser une équipe déjà en difficulté. Et face à Rassie Erasmus, le sélectionneur français est une nouvelle fois tombé dans le piège tactique tendu par le maître sud-africain.

Le pari de la surprise, raté

Craignant la fameuse “Bomb Squad” – ce banc destructeur qui avait déjà fait la différence lors du quart de finale du Mondial 2023 – Galthié avait voulu prendre les Boks à leur propre jeu. « On avait fait un pari sur le coaching qui nous semblait très important », a-t-il justifié après la rencontre.

Dès la 47e minute, alors que la France venait de manquer une occasion sur une percée de Louis Bielle-Biarrey, le staff tricolore procédait à un changement massif : toute la première ligne (Erdocio, Marchand, Montagne) et deux gros porteurs (Meafou et Guillard) laissaient leur place à Gros, Cramont, Aldegheri, Taofifenua et Jegou. Une décision anticipée et stratégique, censée renforcer la densité physique à un moment clé du match.

« On savait que les entames de seconde période étaient leur point fort », confirmait Thomas Ramos.

Galthié, lui, insistait sur la logique de ce choix via Midi Olympique :

« Depuis leur premier match du Rugby Championship contre l’Australie, ils ont construit une stratégie où ils imposent leur puissance en seconde période. On a voulu mettre en place une équipe pour ne pas lâcher de terrain à ce moment-là. »

Mais le plan a volé en éclats.

Une réponse sud-africaine immédiate

Erasmus n’a pas tardé à répliquer. À la 48e minute, il lançait à son tour des hommes d’impact : Snyman, Esterhuizen et Louw. Et le rapport de force a aussitôt basculé. Dès la première mêlée, la France reculait, puis Dorian Aldegheri était sanctionné sur la suivante. Le “pari” français devenait un boulet : sans Guillard ni Marchand, les rucks perdaient en efficacité, les Bleus en confiance.

Physiquement dépassés, les Tricolores ont subi la loi des Boks, pourtant réduits à 14 depuis le carton rouge de De Jager en première période. Résultat : 19 points encaissés dans le dernier quart d’heure et une impression de totale impuissance. « Nous sommes très contents de ce qu’ont réalisé les remplaçants. Ils ont eu sur ce match l’impact qu’on attendait d’eux », savourait Erasmus en conférence de presse.

Des choix à défendre… et à repenser

Face aux critiques, Galthié assume :

« On peut être déçu, mais c’est une déception collective qui ne s’adresse surtout pas aux joueurs qui sont rentrés. Ils ont donné individuellement tout ce qu’ils pouvaient. »

Reste que la stratégie du sélectionneur, entre volonté d’expérimenter et gestion du risque, interroge. Guillard, sorti trop tôt, aurait pu apporter de la percussion. Marchand, précieux au sol, manquait cruellement dans les zones de ruck. Et Auradou, l’un des meilleurs contreurs du Top 14, n’est entré qu’à la 74e minute, trop tard pour inverser la tendance.

Cette leçon tactique venue du banc sud-africain enfonce un peu plus les Bleus dans le doute. À une semaine de la réception des Fidji, Galthié doit retrouver une ligne directrice claire. Car face à Erasmus, il n’a pas seulement perdu un match : il a perdu la bataille du coaching.