Depuis un an et demi, Bernard Laporte et Joan Caudullo avancent côte à côte à la tête du Montpellier Hérault Rugby. Un fonctionnement à deux têtes aussi singulier que fragile, qui montre aujourd’hui ses limites alors que le club alterne les signaux contrastés depuis le début de saison.

Pour comprendre cette architecture sportive atypique, il faut remonter à juin 2024. Ce jour-là, au lendemain d’un barrage de maintien arraché dans la douleur à Grenoble, Mohed Altrad fait un choix fort : confier le rôle de manager à Caudullo, jusqu’ici patron du centre de formation.

Autour de lui, deux novices à ce niveau, Benoît Paillaugue pour l’attaque et Geoffrey Doumayrou pour la défense. Un virage qui ne passe pas très bien auprès de Laporte, puisque le trio Collazo-Labit-Etcheto, qu’il avait personnellement choisi, se retrouve écarté en quelques heures.

La première saison se déroule dans une ambiance apaisée, Caudullo valorise l’expérience de Laporte, Laporte loue l’investissement du staff. Mais les fondations restent fragiles. Si le directeur du rugby avait verrouillé le recrutement avant l’arrivée de Caudullo, ce dernier a dû faire avec, entre réussites éclatantes comme Stuart Hogg et Billy Vunipola et paris ratés comme Powell ou Vincent.

Pour la saison en cours, il a enfin pu imposer sa patte, mais Laporte continue de mener certains dossiers à sa manière, comme celui du deuxième-ligne gallois Adam Beard. Dans l’ombre, Matthias Altrad – fils de Mohed Altrad et directeur général du MHR, tranche les arbitrages. Une mécanique lourde, pas toujours fluide, mais qui fonctionne tant que les résultats suivent.

Et c’est là que le bât blesse. Après une première défaite à domicile contre Toulon, des rumeurs venues du sommet évoquent déjà l’arrivée d’un manager d’envergure internationale pour 2026 comme l’annonce L’équipe. Caudullo accuse le coup, sans broncher.

Interrogé sur le sujet, Joan Caudullo explique ne pas se sentir forcément en danger. Extrait:

« Je n’ai jamais entendu ça. »

Quand Clermont vient s’imposer au GGL Stadium début novembre, Laporte relance ses interrogations sur le staff et explore de nouvelles pistes, principalement offensives. De quoi tendre un peu plus des relations déjà crispées avec Benoit Paillaugue.

Le succès maîtrisé contre Perpignan le week-end dernier a offert une respiration bienvenue. Mais rien n’est stabilisé. La réception de Bordeaux-Bègles ressemble à un vrai verdict, à une forme d’examen de passage.

Caudullo assure qu’il travaille en paix, soutenu par son vestiaire, mais en interne, certains parlent ouvertement d’un double jeu de Laporte. Le manager nie avoir été mis en garde sur un éventuel changement imminent, mais personne n’exclut un virage brutal si l’UBB venait à frapper fort.

Montpellier avance ainsi vers un match qui dépasse largement l’enjeu sportif. Derrière la ligne de touche, c’est l’avenir même de l’organisation montpelliéraine qui pourrait vaciller. Une victoire consoliderait l’équilibre précaire du duo. Une défaite, elle, pourrait l’ébranler pour de bon.