Depuis plusieurs semaines, l’Aviron Bayonnais voit émerger un joueur que personne n’attendait à ce niveau. À 25 ans, Baptiste Germain enchaîne les titularisations et devient l’un des éléments forts du club basque. Une ascension express, alors que son avenir est déjà scellé : il rejoindra Clermont l’été prochain.

Une opportunité… transformée en tremplin

Tout a basculé quand Bayonne a perdu coup sur coup Maxime Machenaud (genou) et Herschel Jantjies (main). Germain a été lancé pour dépanner, mais le remplaçant est rapidement devenu un choix fort. Le Sud-Africain est revenu depuis deux semaines, pourtant rien n’a changé : le poste appartient désormais au Français.

Grégory Patat, son manager, le confirme via Sud-Ouest :

« Il faut savoir performer dans ces moments-là et Baptiste a su saisir sa chance. Il s’exprime pleinement, il évolue, il est moteur. Et son temps de jeu lui permet de gagner en légitimité vis-à-vis des avants et de ses coéquipiers. Ça fait effet boule de neige. »

Ce temps de jeu, Germain l’attendait depuis longtemps. Jamais, à Bayonne, il n’avait enchaîné cinq titularisations. Jamais, tout court, depuis le début de sa carrière.

Un joueur doué, longtemps dans l’ombre

À Bordeaux puis Toulouse, Germain était considéré comme l’un des jeunes les plus prometteurs de sa génération. Mais derrière la concurrence féroce, il a souvent été cantonné au rôle de doublure. Sa première saison à Bayonne n’a pas arrangé les choses : seulement quatre titularisations.

Il l’avouait lui-même, marqué par la frustration : « Quand tu pars d’un club pour essayer d’aller accrocher ces matchs-là et que tu ne les joues pas, c’est dur dans la tête. Tu as l’impression que c’est un peu un éternel recommencement. Mais il faut savoir être résilient, s’accrocher. »

Sa résilience a fini par payer.

Un avenir décidé sans lui… mais une réaction exemplaire

Au moment où il a commencé à performer, Bayonne lui a annoncé qu’il ne ferait plus partie du projet la saison suivante. Une décision prise malgré un contrat courant jusqu’en 2027. Le club misera sur Léo Coly, Jantjies et le jeune Tilloles.

Pour son coéquipier Cheikh Tiberghien, rien d’illogique dans la réaction du joueur :

« C’est le monde pro, on n’a pas vraiment la main sur ce genre de choses qui nous dépassent. »

Germain n’a pas traîné et a trouvé un accord avec Clermont. Mais jusqu’en juin, Patat promet d’être clair : « Le but, c’est qu’on se quitte en ayant fait le meilleur job chacun de notre côté. »

Sous-entendu : tant qu’il est performant, il jouera.

Un talent repéré depuis longtemps

Ceux qui l’ont connu jeune ne sont pas surpris de le voir enfin explose. Tiberghien est catégorique : « Si je dois sortir les cinq mecs de ma génération qui m’ont marqué, je le citerai assurément. Baptiste, il faisait ce qu’il voulait sur le terrain. »

Jeu au pied puissant, qualité de passe, sens du jeu… Germain coche toutes les cases du demi de mêlée moderne. Patat avait senti le potentiel dès sa signature : « C’était l’un des joueurs les plus doués de sa génération. Je pense que ça va être une bonne surprise. »

Un numéro 1 en devenir ?

Aujourd’hui, Germain ne donne pas l’impression de briller au-dessus de son niveau réel. Au contraire, ses proches sont convaincus qu’il peut encore franchir un cap : « Il était peut-être en dessous de son potentiel jusqu’à présent mais là, il n’est pas en surrégime. Il pourrait même aller en chercher plus… »

Avec Bayonne, il découvre enfin la confiance d’un staff et le rythme d’un titulaire. Avec Clermont, il visera plus haut encore, avec en ligne de mire une concurrence excitante avec Baptiste Jauneau.

La fin de saison dira si cette montée en puissance n’est qu’un passage éclair ou le vrai début d’une carrière au sommet. Mais une chose est sûre : Baptiste Germain n’a jamais autant avancé. Et il ne semble pas vouloir s’arrêter.