Oscar Jegou raconte les problèmes autour de son poids !
Oscar Jegou raconte les problèmes autour de son poids !
Le jeudi 4 décembre 2025 à 10:47 par David Demri
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Au sortir d’une tournée d’automne particulièrement réussie avec le XV de France, Oscar Jegou se confié à RMC, à quelques heures du tirage au sort des poules de la Coupe du monde 2027 en Australie. Le troisième ligne international du Stade Rochelais (9 sélections), capable d’évoluer aussi avec brio au centre, évoque la dimension qu’il est en train de prendre à seulement 22 ans. Notamment au regard de son profil et de son rapport poids-puissance, atypique à son poste au niveau international.
Oscar, vous sortez d’une tournée de novembre avec le troisième temps de jeu le plus élevé (178 minutes) parmi les avants de l’Equipe de France. Vous faites encore partie des Bleus qui ont clairement marqué des points, non?
Oui, j’espère avoir marqué des points. Je suis plutôt content de la tournée, collectivement et individuellement. Ça s’est plutôt bien passé. J’essaie au maximum de me faire ma place dans ce groupe, parce que je sais qu’il y a une concurrence rude. J’ai réussi à aller chercher une titularisation, donc je suis plutôt content avec ça. Maintenant, il va falloir confirmer et ça passe aussi par les matchs en club.
A « seulement » 22 ans, 9 sélections et 40 matchs en club, votre nouveau statut témoigne de votre ascension express au très haut niveau…
C’est vrai que ça va vite. J’ai fait le constat en rentrant (à La Rochelle). Mais justement, je pense qu’il faut s’en méfier. C’est bien d’y accéder, mais le plus dur, c’est d’y rester. Maintenant, l’objectif, c’est la longévité.
Nombre de vos coéquipiers ont salué vos performances et votre polyvalence. Le sélectionneur Fabien Galthié aussi, après votre prestation au centre face aux Fidji, où vous avez glissé pour pallier les blessures du début de match: « Je pense que pour lui, c’est frustrant, mais il n’a montré aucun signe. Surtout, il nous a rendu un grand service de par sa performance »…
C’est un bel hommage. Il me le dit souvent. C’est vrai que c’est un « service » que je rends, ce n’est pas mon poste de prédilection, mais ça ne me dérange pas, je n’ai aucun souci avec ça. Et puis, si je peux rendre service au pays, c’est avec grand plaisir. Plus jeune, je jouais centre. Mais en U12, il n’y a pas trop de postes, c’est un peu du hourra-rugby (rires). Mais c’est vrai que c’est un poste où j’ai quand même eu la chance de jouer. Je le retrouve petit à petit, ça me plaît.
Que vous reste-t-il de ces années-là, à ce poste-là?
J’ai toujours aimé jouer au ballon, faire des passes. Je jouais souvent derrière quand j’étais jeune donc c’est vrai que c’est plus facile (de m’adapter).
Que vous dites-vous quand le staff des Bleus vous demande de passer derrière dès le premier quart d’heure, huit mois après avoir montré toutes vos qualités au centre face à l’Irlande?
J’étais un peu plus stressé qu’en Irlande parce qu’en Irlande, je n’avais rien à perdre. J’ai tenté, ça avait marché. Là, c’était une deuxième chance mais j’avais un peu plus de pression. Je me suis concentré sur la défense, je n’ai pas eu beaucoup de ballon à jouer en attaque. Défensivement, j’étais plutôt content de moi.
Quel bilan le staff a-t-il tiré de votre tournée?
Il n’a pas eu de bilan juste après l’Australie parce qu’on est tous retournés directement en club. Mais sur les deux premiers matchs, les coachs étaient plutôt contents de moi sur l’aspect défensif. Ils m’ont demandé de continuer pour le dernier match. Je pense qu’on a rendu une bonne copie contre l’Australie, que le bilan est plutôt positif.
Votre polyvalence est naturellement précieuse en sélection…
Oui, ils m’en ont parlé. Ils m’ont dit que c’était un atout pour eux. Parce que maintenant, on l’a vu sur plusieurs matchs, avec les blessures, les cartons, ça peut vite tourner. Évidemment, ils ont besoin de quelqu’un qui peut passer au centre. Il y a plusieurs équipes qui commencent à le faire. On a vu Esterhuizen (centre de métier) avec l’Afrique du Sud, qui peut passer troisième ligne aussi. Je pense que c’est un atout pour plein d’équipes.
Le tirage du mondial en Australie se tient ce mercredi. Le prenez-vous comme un petit « évènement », sur le plan personnel, vous qui postulez pour votre première Coupe du monde après avoir décroché une étoile avec les Bleuets?
Complètement. On a hâte de savoir les poules. Je pense que le fait d’être dans les cinq (dans le premier chapeau, ndlr) déjà, ça va nous aider. C’est une bonne chose. C’était l’objectif. On a hâte de voir le tirage.
Il marque, quelque part, le coup d’envoi de la dernière ligne droite?
Ça va donner un peu le ton. Même si on est encore à deux ans de la Coupe du monde, ça va permettre de se projeter. L’identité des adversaires a son importance. On sait que ça ne va pas trop bouger normalement parce que tout le monde essaye de construire dès maintenant. Mais c’est sûr que de connaître les pays contre lesquels on va jouer va permettre de se projeter.
Que représente pour vous ce mondial en Australie, à ce stade de votre carrière? Même si aujourd’hui, vous n’avez évidemment aucune garantie, pour l’instant, de le disputer.
J’espère que ce sera mon pic de forme, là où je serai à mon meilleur niveau. En tout cas, c’est l’objectif. Il me reste encore deux ans pour travailler fort avec cet objectif en ligne de mire. Et oui, c’est sûr que ça sera le gros rendez-vous de ma carrière si je peux y accéder.
Quels souvenirs d’enfance gardez-vous du XV de France?
J’ai tout regardé depuis que je suis tout petit. Si j’ai un souvenir, c’est la finale de Coupe du Monde 2011 (il avait 8 ans). Avec mon modèle Thierry Dusautoir. C’est vrai que c’était un moment rageant parce qu’on perd d’un point (8-7) mais je trouve que c’était magnifique. Il y avait une équipe formidable, avec des mecs qui ont failli être les premiers à décrocher ce titre.
On évoquait plus haut à quel point votre carrière a vite décollé. A 17 ans, vous étiez d’ailleurs surclassé en Espoirs…
J’ai gravi les échelons petit à petit. Il y a eu ce surclassement. En Espoirs, j’ai essayé de faire aussi mon petit bout de chemin. Après, il y a eu les U20 (et le titre mondial). C’est vrai que tout a roulé jusqu’à maintenant. Mais comme je l’ai dit, le plus important, c’est de continuer sur cette lancée.
Nicolas Depoortère, votre compère au centre contre les Fidji, dit de vous que vous êtes « une brique ».
[Il coupe et en rigole] Franchement, il m’a fait rire ce surnom. Ma famille aussi. Je trouve ça drôle. Peut-être que je suis une brique parce que du coup, comme je suis un peu maigre, on sent direct l’os!
Parlons justement de votre rapport poids-puissance un peu atypique pour un troisième ligne. Votre balance indique-t-elle toujours 90 kg?
Je me suis un peu épaissi. J’ai reperdu du poids en revenant (de la tournée). Je pense qu’avec la fatigue et tout, j’ai un peu perdu de poids. Là, je suis à 93. Normalement, je dois être autour des 95.
C’était dans l’ordre des choses de gagner un peu en épaisseur?
Oui, surtout pour me protéger. Après, pour gagner mes duels, pour l’instant, je me sens plutôt bien. Par contre, je suis conscient que petit à petit, prendre du poids, ce n’est pas quelque chose qui me gêne. C’est quelque chose qui peut me servir pour la récupération et pour encaisser les chocs. Avec l’enchaînement des matchs, j’ai senti le contre-coup, la fatigue, les douleurs. C’est vrai que je pense que s’endurcir un peu, se recouvrir, je pense que c’est important. Après, au niveau performance, je ne me sens pas d’être à 100 kg pour être meilleur.
Après vos premières apparitions en pro, l’un de vos anciens entraîneurs Gurthrö Steenkamp disait à votre sujet que, plus jeune, on vous a souvent sorti: « tu es trop léger, tu n’y arriveras jamais »…
Je l’ai entendue depuis tout petit, cette phrase. Mon frère aussi, beaucoup. Mais je pense que le discours commence à changer. Si tu gagnes tes duels et que tu es au niveau, on ne peut rien te dire. Mais par contre, encore une fois, j’entends le discours des prépas physiques comme quoi il faut quand même un minimum pour s’enrober, pour récupérer et s’endurcir.
Vous ont-ils fixé une feuille de route avec un poids à atteindre en particulier?
Ça se fait au feeling. Je commence à travailler avec un diététicien pour rester au même poids parce que j’ai tendance à perdre, à revenir, à changer beaucoup de poids. Ce qu’ils veulent dans un premier temps, c’est de stagner autour des 95 kilos. Et puis après, petit à petit, avec l’âge, je pense que ça arrivera et qu’on pourra aller autour des 100 kilos sur la fin de carrière.
Votre trajectoire fait un peu penser à celle de Uini Atonio, votre coéquipier à La Rochelle et en Bleu. A l’époque, en Nouvelle-Zélande, il lui était reproché son gabarit – « tu es trop lourd » – au regard des standards internationaux. Le pilier droit a su casser les codes. Un peu comme vous, mais dans le sens inverse ?
C’est vrai que c’est dans le sens inverse (sourire). Lui, il a beaucoup bossé, mais au final, il est toujours resté à son poids et ça n’a pas été un souci. Je continue à travailler, j’écoute ce qu’on me dit aussi, je ne reste pas têtu, mais je continue à travailler et pour l’instant, ça marche donc il n’y a pas de souci avec ça.
Comment faites-vous pour atteindre un tel rendement à l’international à ce poids-là?
Je travaille beaucoup en muscu, j’essaie d’entretenir ma force. Le rugby, ça passe par l’envie sur le terrain. Je pense que c’est l’envie et l’amour du sport qui me poussent. Sur le terrain, je décuple un peu mes forces et je me transcende. Ce n’est pas le poids qui me gêne.
Même face à un poids lourd à arrêter, ça va, aucune crainte?
(sourire) Justement, il y a ce surplus d’engagement quand je vois quelqu’un de très solide arriver. C’est moi ou c’est lui! J’essaie de me donner à fond et de me transcender. Si ce n’est pas moi, c’est rageant et c’est perdu. J’essaie de relever la tête et d’y retourner encore plus fort.
Où situez-vous vos marges de progression, pour devenir encore plus complet?
Je commence à bosser sur mes duels offensifs pour essayer de casser encore plus de plaquages et gagner des mètres. Parce que pour l’instant, sur la défense, je pense que je suis plutôt bien mais offensivement, j’ai encore pas mal à bosser.
Vous avez confié à nos confrères de Sud Ouest, avant la tournée, votre désir de mieux maîtriser la langue anglaise, aussi?
Ça peut être un point de focus. C’est vrai que mon anglais, pour l’instant, n’est pas optimal. C’est aussi hors rugby quelque chose que je pourrais bosser. Ça me servira pour le rugby aussi. Pour être leader. En Champions Cup ou à un niveau international, il faut parler anglais. Dans les années à suivre, si je suis amené à être capitaine, c’est vrai que ça sera plus simple avec la langue.
Vous l’avez été, capitaine, dès votre plus jeune âge, dans toutes les catégories. Cela paraît presque une évidence que vous le serez un jour à ce niveau, non?
Si, j’espère. J’espère qu’un jour, j’aurai ce rôle-là. En tout cas, je suis prêt. Après, je suis conscient qu’il y a encore beaucoup de travail. Je regarde comment « Greg » (Grégory Alldritt) fonctionne. Je m’en inspire. Je pense qu’en équipe de France et à La Rochelle, c’est un des plus gros capitaines qu’on ait eus. C’est hyper inspirant. Je le regarde et j’espère un jour prendre son brassard.
Il se dit de vous que vous êtes davantage un leader par l’exemple qu’un leader vocal?
Après, à La Rochelle, je ne parle pas beaucoup parce qu’on est beaucoup de leaders et on essaie de ne pas se marcher dessus non plus. Je suis leader par les actes et j’essaie de montrer au maximum sur le terrain. Après, on verra si la parole vient. Je sais que je le faisais en Espoir, j’avais tendance à pousser un peu (sourire). J’aime bien être comme ça quand je suis en confiance et quand je suis en lien avec tous mes coéquipiers.
Via RMC Sport
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