Le témoignage touchant d’un joueur de Pro D2 sanctionné pour des paris sportifs

Le témoignage touchant d’un joueur de Pro D2 sanctionné pour des paris sportifs

Le lundi 8 décembre 2025 à 16:04 par David Demri

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Dans un milieu où le silence est souvent la règle, Romain Latterrade a choisi l’inverse.

Le talonneur de Provence Rugby, sanctionné à deux reprises pour des paris liés au rugby à 7, a accepté de revenir publiquement – via Midi Olympique – sur une histoire qui a terni son image mais qu’il veut aujourd’hui transformer en prévention.

Un témoignage rare tant le sujet reste tabou dans les vestiaires.

À 29 ans, l’ancien joueur de Mont-de-Marsan, Bordeaux-Bègles et aujourd’hui Aixois se souvient très bien de ses débuts dans les paris sportifs : un passe-temps, puis une erreur d’inattention qui l’a mené devant les instances disciplinaires.

« J’ai commencé à parier vers 17-18 ans… C’était une manière de pimenter les matchs », raconte-t-il.

Par méconnaissance du règlement, il mise alors sur des rencontres de rugby à 7, un secteur strictement interdit aux joueurs professionnels.

La première convocation tombe après une mise anodine de 20 euros. Résultat : un blâme et une amende de 1 000 euros avec sursis. Latterrade pensait l’affaire derrière lui. Sauf qu’entre le premier pari et l’audience, il avait rejoué, sans réaliser qu’il devait le signaler.

Deux ans plus tard, un second passage devant la commission annule le sursis :

« Mon sursis a sauté, j’ai dû payer l’amende », confie-t-il.

Là encore, il insiste : il n’a jamais parié sur ses matchs ni sur les compétitions d’un de ses clubs.


“On passe vite pour un tricheur”

Le talonneur admet avoir mal vécu les conséquences d’une faute qu’il juge aujourd’hui aussi évitable que dommageable. « J’ai mal vécu d’être passé un peu pour un tricheur », regrette-t-il.

Rapidement, il prend une décision radicale : la fermeture de tous ses comptes sur les plateformes de paris.

Pas d’addiction dans son cas, mais une prise de conscience :

« Ma mésaventure m’a servi de leçon. »

Aujourd’hui, il tente de mettre son expérience au service des plus jeunes. Dans les clubs, les joueurs des centres de formation reçoivent généralement une sensibilisation. Mais dans les groupes Espoirs, une grande partie échappe encore aux sessions d’information.

« Quand j’entends que des jeunes jouent, je les préviens : pas sur le rugby ! […] Il faut marteler le message : ne pas jouer. Le jeu n’en vaut pas la chandelle. »


Un besoin clair : informer davantage

Pour Latterrade, renforcer la prévention est devenu une urgence, d’autant que les risques dépassent largement la sanction disciplinaire. L’affaire révélée par Jérôme Bosviel, touché par une addiction aux jeux, a rappelé que les dérives peuvent aller beaucoup plus loin.

« Cela peut être néfaste et entraîner une vraie addiction. Ensuite parce que c’est stupide et dangereux », insiste le talonneur.

Son souhait est simple : que son parcours serve d’exemple, afin d’éviter à d’autres jeunes joueurs de gâcher leur début de carrière pour une mise dérisoire.

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