Le salary cap s’apprête à changer de dimension dans le rugby professionnel français. À partir de la saison prochaine, le simple dépassement du plafond salarial ne relèvera plus uniquement de sanctions financières : des sanctions sportives pourront désormais être appliquées. Une évolution majeure, portée par la nouvelle gouvernance de la Ligue Nationale de Rugby.

Cette réforme était au cœur du programme de Yann Roubert lors de sa campagne pour la présidence de la LNR. À Aix-en-Provence, lors de l’Assemblée Générale, les premières lignes directrices ont été précisées. Objectif affiché : rendre le salary cap plus contraignant, mais aussi plus juste.

Un cadre plus strict, assumé par la Ligue

Le président de la LNR l’a expliqué sans détour, rappelant la méthode employée ces derniers mois :

« Ce débat a été lancé il y a quelques mois déjà, et a fait l’objet d’ateliers sur trois sujets : le plafond d’une manière générale, les mesures d’accompagnement et l’assiette sur laquelle il s’applique. […] Une fois que chacun aura fait valoir ses positions, une position commune sera votée au comité directeur de février, qui devrait justement refléter l’issue de ces échanges. L’idée, c’était de faire des propositions qui permettent de garantir l’équité au sein des championnats et leur compétitivité ». 

Derrière cette volonté, une réalité chiffrée : aujourd’hui, dix clubs sur quatorze atteignent déjà quasiment le plafond autorisé. Beaucoup estiment être bridés dans leur développement économique, malgré des finances solides.

Une hausse… sous conditions

Pour répondre à cette frustration, la Ligue envisage une augmentation progressive du salary cap. Selon Midi Olympique, le plafond passerait de 10,7 millions d’euros à 11 millions d’euros d’ici trois ans, à raison d’environ 100 000 euros supplémentaires par saison. Une manière de revenir à un niveau proche de celui d’avant la crise sanitaire.

Mais cette concession ne sera pas sans contrepartie.

Les crédits internationaux dans le viseur

C’est ici que la réforme devient plus sensible. En parallèle de cette hausse, la LNR souhaite réduire progressivement les crédits internationaux, ces mécanismes qui permettent aux clubs d’augmenter artificiellement leur plafond en fonction du nombre d’internationaux dans leur effectif.

« C’est une nuance qui est très importante », glisse un fin connaisseur du dossier. Aujourd’hui, chaque joueur inscrit sur la liste internationale « Premium » génère un crédit de 180 000 euros, auxquels s’ajoutent des bonus pour le rugby à 7. Un système dont profitent largement les clubs les plus pourvoyeurs d’internationaux.

Demain, ces crédits deviendraient dégressifs : plus un club possède d’internationaux, moins chaque joueur rapporterait de crédit supplémentaire. Concrètement, à effectif international équivalent, le Stade Toulousain, par exemple, ne disposerait plus d’un avantage proche des 2,5 millions d’euros actuels sur son plafond salarial.

Un rééquilibrage assumé

Le message est clair : la Ligue ne veut plus que la réussite sportive et la formation d’élite créent des écarts structurels trop importants. Derrière la réforme du salary cap, c’est une vision plus globale de la compétitivité du Top 14 qui se dessine.

Le vote final est attendu en février. Mais une chose est déjà certaine : le salary cap ne sera plus seulement un outil comptable. Il devient un levier sportif, pensé pour freiner les hégémonies… et redistribuer les cartes.