Julien Perpere dénonce une dérive qui menace l’identité du rugby : « On nous dit quand il faut taper dans les mains ! »

Julien Perpere dénonce une dérive qui menace l’identité du rugby : « On nous dit quand il faut taper dans les mains ! »

Le samedi 20 décembre 2025 à 23:32 par David Demri

2 Commentaires

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Le rugby français n’a jamais autant attiré de monde dans ses stades. Et pourtant, une partie de ceux qui le font vivre chaque week-end se sentent de plus en plus mis à l’écart.

Début décembre, onze associations de supporters de clubs de Top 14 et de Pro D2 ont décidé de s’unir au sein d’un Collectif des supporters de rugby (CSR) pour faire entendre une voix jugée trop souvent ignorée.

Le journal L’Équipe fait le point.

Leurs griefs sont multiples : hausse des tarifs de billetterie, programmation tardive des rencontres, mais aussi une transformation progressive de l’ambiance dans les stades, jugée artificielle et standardisée.

En ligne de mire, une dérive que certains qualifient sans détour d’« américanisation des stades ».

« Ça devient un peu partout pareil », constate Florian Alonso, président du club de supporters du Stade Français Virage Lutèce. « À l’entrée des joueurs ou dès la fin du match, il y a les sonos à fond dans les stades. Je préférerais qu’on entende les supporters ! Et puis c’est tout le temps les mêmes musiques en boucle. La bodega, c’est après le match, pas pendant. »

Derrière l’anecdote musicale — entre Les Yeux d’Émilie, Claude François ou la Peña Baiona diffusée bien au-delà du Pays basque — se cache un malaise plus profond. « Chaque club est différent, chacun a son identité. Alors pourquoi essayer de stériliser tout ça ? », s’interroge Gwenaël Nanjod, responsable des réseaux sociaux du Club des Bagnards Rochelais.

À Toulon, le constat est encore plus tranché. « On a le speaker qui crie, qui nous explique quand il faut taper dans les mains, quand il faut agiter le drapeau posé sur notre siège… », regrette Julien Perpere, président des Fils de Besagne, via le journal L’équipe.

« À Toulouse, dès qu’il y a un temps mort, ce sont toujours les mêmes chansons à fond. Nous, on veut que les stades vivent par leurs supporters et leur ferveur. »

Le Toulonnais pousse même la comparaison plus loin. « Si on retourne quinze ans en arrière, quand Max Guazzini faisait ses shows au Stade de France, on rigolait. On se disait que c’était une mascarade. Aujourd’hui, on n’est pas loin d’avoir des karaokés proposés à Mayol. »

Billetterie : des écarts qui passent mal

Autre sujet brûlant : le prix des places, jugé de plus en plus dissuasif pour les supporters en déplacement. « À Perpignan, c’est 40 euros en virage. À Bayonne, 30 à 35 euros. Alors qu’à Lyon ou Bordeaux, on est à 10 ou 15 euros », déplore Florian Alonso. « On paie déjà le transport et parfois l’hébergement. À un moment, ça devient compliqué. »

Le collectif avance une piste concrète : « On pourrait imaginer 200 places visiteurs à un tarif identique sur tous les stades de Top 14 et de Pro D2 », propose Julien Perpere, sur le modèle de ce qui existe en Ligue 1.

Horaires tardifs et sentiment d’oubli

Les supporters pointent aussi la publication tardive des horaires, souvent annoncés seulement trois semaines à l’avance par la Ligue Nationale de Rugby. Une contrainte majeure pour ceux qui se déplacent régulièrement.

« Les clubs travaillent de plus en plus l’“expérience spectateur”. Mais il ne faut pas oublier la base : les supporters, leurs chants, leurs couleurs », insiste Gwenaël Nanjod. « Un stade, ça doit vivre. Ceux qui demandent aux supporters de se rasseoir ou de faire moins de bruit devraient rester devant la télé. »

Dans un contexte où le Top 14 bat des records d’affluence (+6 % la saison dernière), le paradoxe est frappant. Plus populaire que jamais, le rugby semble pourtant s’éloigner de ceux qui l’animent au quotidien.

Le CSR, qui ne rassemble pour l’instant que onze associations, assure avoir déjà été contacté par d’autres groupes.

Une rencontre avec la LNR est prévue début 2026. D’ici là, les supporters espèrent une chose : que le rugby français n’oublie pas que son identité ne se diffuse pas à la sono, mais se chante dans les tribunes.

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2 Commentaires

  1. boblarouve 21 décembre 2025 at 04h- Répondre

    la télé , les droits télé …. c’est eux qui paient donc ils ont forcement des désidérata éloignés du supporter de base …Mais comme dans tout constat , on peut quand même trouver des choses positives dans tout celà…

  2. Lalande 21 décembre 2025 at 07h- Répondre

    L’identité des blaireaux….. comme à Jean Bouin à la 74eme