Lyon a été battu à Castres (36-22) en ayant pourtant mené à la pause (10-15). Pour son manager Karim Ghezal, les joueurs ont fait des erreurs mais ont surtout été victimes de celles de l’arbitrage. Et avant de recevoir Pau lors de la prochaine journée, il a fait l’inventaire des soucis rencontrés par son équipe dans ce secteur jusque-là, selon lui. Avec beaucoup d’ironie.

A quoi sont dû les deux visages de votre équipe, entre les deux mi-temps?

Je pense qu’on a fait une première mi-temps qu’on était venu chercher, avec de l’engagement. Des choses intéressantes. La défense sur l’homme, le fait qu’on soit capable de marquer. On a été meilleur en touche, donc ça nous a permis d’avoir plus de possession. Une première mi-temps où on aurait même pu aller un peu plus loin. Et une deuxième mi-temps, un peu à l’inverse. C’est-à-dire qu’on fait beaucoup de fautes. On tombe sur une équipe qui a, j’ai regardé, a pris une pénalité contre elle en deuxième mi-temps, à la 79ème. Donc une équipe qui a vraiment réussi à changer le curseur et qui a vraiment été très disciplinée. Donc tant mieux pour eux.

Et comme j’ai vu, je viens de revoir avant de parler à froid et pas chaud, déjà le premier essai, il y a en avant, il n’y est pas. Donc vous regarderez. Sauf que, toutes les semaines, c’est la même chose. La semaine dernière contre Toulouse, le premier essai, il n’y est pas. Je ne suis pas du genre à me plaindre. Mais au bout d’un moment… je suis le premier à travailler avec l’arbitrage. Toutes les semaines, je trouve l’arbitrage dur contre le LOU. Vous allez me dire que c’est toujours pareil, c’est les mêmes histoires. Les coachs qui se plaignent parce qu’ils en ont pris trente. Mais aujourd’hui, le LOU… je regarde toutes les semaines, je travaille d’arrache-pied avec les arbitres.

Et je regarde bien sûr notre équipe, je ne me cache pas derrière l’arbitrage. Parce qu’aujourd’hui, en deuxième mi-temps, on refait des erreurs d’occupation. Des fautes où on va gratter alors qu’on est sur le reculoir. On défend plutôt bien les mauls, plutôt costauds, en touche et tout, mais à 5 mètres de la ligne, on a une situation, on a un ballon qui sort et on prend un carton jaune sur Wainiqolo. Je vais la revoir. Mais j’ai l’impression que n’importe quand, c’est hors-jeu. Sauf qu’aujourd’hui, Wainiqolo, il est suspendu la semaine prochaine, parce qu’il a pris un jaune. La conséquence, elle a toujours quelque chose pour le LOU. Je ne suis pas du genre à me plaindre parce qu’on va dire que tous les coachs se plaignent. Mais sincèrement, je travaille d’arrache-pied, on travaille d’arrache-pied avec le club, je ne parle pas de moi, avec les arbitres.

Etes-vous loin de votre objectif initial?

On a fait 13 matchs, les matchs allers, on a des choses à revoir. Parce que, bien entendu, quand on a une victoire de plus, on devrait avoir une victoire ou deux de plus pour être dans les clous. Aujourd’hui, on n’est pas dans les clous de ce qu’on veut. Mais dans la construction, il faudra qu’on en tienne compte pour la deuxième partie de saison. Et ne pas refaire les mêmes erreurs. Des erreurs un peu stupides en deuxième mi-temps, des choses qui reviennent. Et aussi des joueurs qui doivent monter leur curseur. Car il y a des fautes qui sont répétitives chez certains joueurs. Il faut qu’on arrive à les gommer. Et ça, on va y travailler dur. Sincèrement, moi, ça fait six mois que je suis là. Enfin j’étais là l’année dernière, mais c’est un projet sur trois ans. Il y a beaucoup de boulot, mais il y a aussi un groupe qui a envie de réussir et qui en a marre de baisser la tête.

Dans le vestiaire, Félix Lambey a dit de ne pas baisser la tête. Il y a des choses qui sont vraiment positives. Mais il faut qu’on arrive à aller plus loin. Aujourd’hui, on prend un bras cassé sur une touche qui n’a pas été jouée. Ça ne nous est jamais arrivé ! On a joué la Rochelle, on perdait de dix points, le match a duré trois jours et demi. Et aujourd’hui, nous, on prend un bras cassé sur une touche ! Parce qu’on n’a aucun intérêt à faire ça. Deux bras cassés sur mêlée et encore une fois, le premier essai qui n’y n’est pas. Vous allez me dire que ça s’équilibre dans l’année mais j’attends. En tout cas, aujourd’hui, je ne sais pas si vous regardez les mêmes matchs, moi, j’essaie de ne pas réagir à chaud, mais je regarde les faits chaque semaine. Et je trouve qu’on est arbitrés (silence)… après, on est douzième.

Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? On est à la place qu’on devrait être. Et on va me dire de me taire. Mais on va recevoir Pau dans une semaine qui a fait zéro faute à Bordeaux en deuxième mi-temps, qui travaille avec Jérôme Garcès, mon ami, avec qui j’ai travaillé pendant quatre ans dans l’équipe de France, qui est arbitre avec l’équipe de France et qui est dans le staff de Pau. Une équipe qui a gagné 34 à 33 à Bordeaux en faisant zéro faute en deuxième mi-temps. Donc, ça va être un vrai sujet. L’année dernière, il y a eu 18 fautes qui n’ont pas été sifflées contre Pau chez nous quand on perd deux points. Donc, j’espère qu’au bout d’un moment… Je ne dis pas que ça va tourner, mais il va falloir quand même qu’on puisse travailler de manière collégiale. Et encore, c’est la première fois de ma vie que j’ai été cité la semaine dernière en tant qu’entraîneur, contre Toulouse. Et heureusement qu’il y a un arbitrage vidéo. Parce que je n’ai rien fait. Donc, on verra comment. Et à côté, Toulouse qui crie quand Antoine Dupont a été plaqué. Donc, je ne veux pas me plaindre, sincèrement. Mais aujourd’hui, je cherche des solutions.

Mais qu’est-ce qui a changé chez vos joueurs en deuxième mi-temps?

Dès qu’il y a eu ce moment où sur un en-avant, le public a un peu crié. Parce qu’il y avait en-avant et mêlée pour nous. Finalement, ça a été revu. Pareil ! Donc, l’an avant a été revu. Par l’écran, par le truc… Pour siffler mêlée pour Castres. Oui, il y avait mêlée pour Castres. Mais ça n’arrive jamais pour nous. Et à partir de ce moment-là, le match a tourné complètement. Et on a fait 5-6 fautes, acculé chez nous et il y a des écrans. Encore une fois, je vais revenir sur le match. Mais à la fin, on est tombé sur une équipe qui a été hyper, hyper, hyper disciplinée. Je leur dis bravo. Prendre une pénalité à la 79ème minute du match. Je trouve ça exceptionnel (ironique). Et je trouve ça de grande qualité. Comme je le dis, on va recevoir Pau qui a pris zéro pénalité à Bordeaux. Donc, on tombe sur des équipes… malgré ça, c’est dommage. Parce que je trouve qu’on a mis de l’engagement.

A la fin, on était capable de marquer. On a bien défendu des mauls aujourd’hui, on était plutôt cohérents en touche, plutôt consistants. Encore une fois, on prend un bras cassé sur une touche. Ça ne nous est jamais arrivé d’avoir une équipe qui ne joue pas le timing. On a perdu chez nous, les équipes ne jouaient pas le truc. On a été à Montpellier, une touche a duré deux minutes. Et on nous siffle un bras cassé. Parce que la touche, on ne la joue pas en trois secondes ! Ça n’est jamais arrivé ! Donc, moi, aujourd’hui, je vais travailler. On va tenir compte des matchs allers. On a un groupe qui ne baissera pas la tête. Qui ne baissera pas les armes. Et on ne lâchera rien. Et le LOU, au bout d’un moment, on se fera entendre et on essaiera d’exister.

Vous visiez la 6e place en début de saison. Est-elle encore accessible selon vous?

Encore une fois, ça fait six mois que je débute un cycle, j’ai eu la chance de participer au recrutement sur trois joueurs. Wainiqolo, Camille Chat et Janse Roux, je suis ici pour construire, avec un jeune président. Je l’ai déjà dit, le club a envie de construire, il a tous les moyens pour construire de belles choses, on a un effectif de qualité, des jeunes qui sont en train de monter, de qualité et on va faire en sorte qu’on fasse une deuxième partie de championnat costaude. Et de régler des choses qu’on a besoin dans l’avenir. Parce que j’ai envie de construire avec le groupe et ce club-là qui mérite d’exister aujourd’hui. Et je vous l’ai dit, on ne baissera pas la tête et on existera. Donc à moi de construire avec le club, avec le président, avec les dirigeants et de bien recruter, pour avoir des joueurs consistants. Et puis de mettre en place une équipe.

Il y a des coachs qui mettent des années, un an, deux ans, trois ans pour certains clubs. Moi, ça fait six mois. Mais je vous garantis que je suis déterminé à ne pas lâcher. Et à construire une équipe costaude, qui soit respectée. Et qui soit déterminée à aller faire des gros matchs. Aujourd’hui, on est capable de faire des bonnes choses. Mais on a besoin de régler des choses entre nous. Pour ne pas répéter les mêmes erreurs sur les matchs retours. Et puis, je vous le dis. On va recevoir Pau, une équipe qui est venue gagner chez nous l’année dernière, avec 17 fautes qui n’ont pas été sifflées, donc on a perdu deux points. Une équipe qui a gagné à Bordeaux avec zéro pénalité en deuxième mi-temps, qui travaille avec un très bon arbitre qui est Jérôme Garcès, mon ami, qui est première du championnat, qui, elle, a passé cinq ans à ne pas se qualifier et qui, aujourd’hui, va chercher la qualif. Donc ils ont construit. Mais nous, je vous garantis qu’avec le LOU, on construira. Avec le président, avec le club, on construira, pour nous aussi exister. Et le plus vite possible.

Via RMC Sport