Serge Blanco arrête dans une finale où Toulon ne l’a pas volé
Serge Blanco arrête dans une finale où Toulon ne l’a pas volé
Le jeudi 17 mai 2012 à 10:00 par David Demri
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Le 6 juin 1992, Serge Blanco et le BO affrontent Toulon au Parc des Princes lors de la finale du championnat de France. « Sud Ouest » a dépêché ses envoyés spéciaux dont Jean-François Mézergues, notre confrère, si talentueux et passionné, décédé le 6 novembre 2011 sur la route. « Jef » avait donc écrit les lignes à suivre sur une finale avec cette accroche :
« Toulon champion de France, c’est mérité. Hier soir, les Varois ont pris l’ascendant sur le pack biarrot avant de prouver qu’ils savent, eux aussi, attaquer. Un spectacle agréable pour une finale intéressante de bout en bout ».
L’entrée en matière a la cacophonie pour bande sonore, une mer blanc et rouge, rouge et noir pour toile de fond. Les supporters des deux camps ont pris place de puis longtemps dans les virages. Aux bandas du Rocher de la Vierge et de l’arrière-pays, répondent les clairons et les clameurs de la rade. Les cadets du Racing et de l’USAP ont chauffé le Parc que couve un ciel bas et sombre. C’est une vraie fête avec son cérémonial et ses chœurs. On attend un vrai match, de rugby, une finale digne de ce nom. François Mitterrand a été présenté par les capitaines Blanco et Trémouille aux combattants. À eux de jouer. Le capitaine varois a offert une gerbe de fleurs à son homologue. Désormais, il ne lui en fera plus. Le premier regroupement est brillant comme une marmite en ébullition. On ne tergiverse pas. Sans perdre une seconde, les deux packs s’éprouvent, s’engagent. Les Toulonnais grappillent les premières balles. Hueber essaye d’armer une première fusée. Les Basques défendent comme une meute déchaînée. Ils sont secoués, mais pas vraiment ébranlés. Ils concèdent pourtant les premiers points, une pénalité réussie en bonne position par Tesseire, à la suite d’un placage à retardement, en moins de cinq minutes.
Le premier attaquant de la soirée est cependant Serge Blanco. À la réception d’une chandelle, il n’atermoie pas. La relance est instantanée. Les trois-quarts et la troisième ligne de la Côte sont en alerte. Ils poursuivent le mouvement amorcé jusque dans l’en-but toulonnais où Feuillade s’écroule balle en mains pour le premier essai de la soirée. Le spectacle est partout, sur le terrain comme dans les tribunes, où les partisans des deux camps se défient de la voix. C’est plus qu’une rumeur, un cri ininterrompu, énorme, sans cesse grossissant.
Sur la pelouse, c’est un va-et-vient continuel, au pied ou à la main, la balle vole d’une partie du terrain à l’autre. Mais, progressivement, le pack toulonnais, plus rapide et plus dynamique, prend l’ascendant. Il campe chez les Biarrots et provoque des fautes. Sur l’une d’elles, Jehl exécute la deuxième pénalité varoise. Son équipe reprend les devants. Pas pour très longtemps. Survient un essai, le monument de la 19e minute. Il est signé, encore une fois, Blanco. Les Basques, héritant une pénalité à plus de 60 mètres, le capitaine signifie qu’il est prêt à la tenter. On croit à un coup de bluff. Erreur funeste pour les Varois. L’artiste frappe et expédie le projectile entre les poteaux. Voilà le BO de nouveau en tête. Il continue certes à subir la pression d’une ligne d’avants au sein de laquelle Melville et Loppy jouent les fers de lance, et derrière laquelle Hueber, qui alterne les départs au ras de la mêlée et les coups de pied tactiques, se comporte en maître à jouer sûr de lui. Il n’opère pas en soliste. Melville, Loppy et Louvet sont accrochés à ses basques pour s’enfoncer dans le rideau adverse et y ouvrir des brèches.
Les gars de l’arrière, eux aussi, ont envie de jouer. Ils affichent un culot énorme, à l’image du tout jeune Tesseire, roi de la relance en cette première mi-temps. La vivacité et la pugnacité du pack en rouge et noir finissent par porter leurs fruits. Il avance par vagues avant de déclencher des déferlantes. Il domine en mêlée comme dans les regroupements. Sur une conquête sans bavure, Delaigue, de 40 mètres, redonne l’avantage aux siens d’un drop de parade. La pause est bienvenue pour tous.
La cassure
À la reprise, les Toulonnais, toujours conquérants, sont aussi de superbes attaquants, Blanco a longtemps retardé la cassure. Elle se produit à la 44e minute. Le huit toulonnais rafle une balle introduite en mêlée par Lecuona. Hueber sert illico ses cavaliers. Delaigue perce. Au bout de la ligne et de la course, le centre Repon dépose la balle dans l’en-but.
Le fandango est toulonnais. Hueber évolue comme un poisson dans l’eau. Delaigue est en osmose. Pour lui, enquiller un deuxième drop n’est qu’une affaire de minutes, puis une formalité. La voie d’eau semble alors béante. Neuf points d’avance pour les Varois. Le retour des Basques paraît bien improbable. Il relève des travaux d’Hercule. Et, en cette amorce de deuxième période, les hommes forts de la Côte atlantique ont l’air trop émoussés d’avoir fièrement résisté pour faire douter des Toulonnais de plus en plus entreprenants.
Le pack du BO, qui en a soumis plus d’un à la torture, subit une terrible épreuve. Encore une fois, il plie, se tord, recule, concède le ballon à un adversaire toujours aussi déterminé et vorace. C’est un Toulon euphorique qui domine les débats de la tête et des épaules. Le demi de mêlée s’amuse. Ses copains de l’avant comme de l’arrière se régalent. Avec un culot phénoménal, Tesseire, la sentinelle sortant à peine de l’adolescence, tente une nouvelle relance de 60 mètres. Il court, il court, le gamin. Seule une manœuvre tactique de son aîné, Serge Blanco, préservera les Biarrots d’un essai supplémentaire. Ces derniers ont compris que le salut ne viendrait pas de l’avant. À leur tour, ils font donner la cavalerie. Serge Blanco s’intercale, mais, inexorablement, la tenaille varoise se referme.
Les Toulonnais caressent déjà le Bouclier. Malgré les essais de contournement biarrots, en dépit des ultimes pirouettes de leur arrière et capitaine, ils tiennent visiblement la récompense suprême. La pénalité, exécutée par Arrieta à sept minutes du dénouement, est insuffisante pour inverser le cours des événements. Elle est d’autant plus illusoire que, deux minutes après, Hueber, insolent d’aisance et impérial, corse l’addition d’un drop fulgurant. Dernier coup de tonnerre dans le stade. Coup de poignard aussi pour les Varois. Les Biarrots se jettent à corps perdu dans l’offensive. Ils sont bloqués côté droit. Ils renversent la vapeur et déferlent sur la gauche où Hontas aplatit le deuxième essai des siens. Les voilà donc à quatre points de l’adversaire. Les dernières secondes sont palpitantes, chargées d’émotion, angoissantes pour les supporters du BO. Il y a longtemps cependant que le public a compris qu’il était trop tard. Toulon touche enfin le Bouclier de Brennus. Il ne l’a pas volé. Les vaincus, quant à eux, n’ont pas démérité. Eux aussi peuvent être fiers de saluer les gens montés du pays pour le sommet de Paris.
Sud Ouest
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😀 😀 …Ah…nostalgie de nos minots d'antan…qu'ils en soient à jamais remerciés…et que la nouvelle génération nous en soulève pareillement ce début juin le morceau de bois….ALLEZ TOULON 😀 😀
nostalgie que l'on peut réactiver en faisant un tour sur youtube, une autre époque …
http://www.youtube.com/watch?v=t6aVl6q3i-c&fe…
😉