Présélectionné pour la tournée d’automne du XV de France, le jeune ailier de Toulon n’a pas été retenu pour affronter l’Australie ce soir. Il sera donc à Clermont avec des dents encore plus longues.

« Nous avons découvert le fonctionnement du XV de France durant ces trois jours, cela s’est plutôt bien passé, nous avons pu voir le plan de jeu avant de faire une opposition le dimanche pour se tester un peu. Ensuite le staff a annoncé les vingt-trois et nous avons donc appris, Pierrick et moi, que nous n’étions pas conservés. Même si nous sommes contents pour les trois autres, c’est un peu décevant. »

Vincent Martin n’emploie pas la première personne quand il raconte sa première aventure tricolore chez les « grands ». Il dit « nous » comme pour englober son partenaire Pierrick Gunther, également appelé par Philippe Saint-André à rejoindre Marcoussis. Les deux jeunes hommes, présélectionnés dans un groupe élargi de trente-trois joueurs, n’ont pas été conservés dans l’équipe amenée à défier l’Australie demain soir.

Contrairement « aux trois autres » toulonnais, Jocelino Suta, Frédéric Michalak et Maxime Mermoz. A vingt ans, Vincent Martin n’en fait pas une maladie. Il se doute qu’il aura sa chance à nouveau. Mais l’ailier né à Avignon, passé par Chateaurenard avant d’intégrer le RCT où il a récemment prolongé son contrat de deux ans, s’en veut de ne pas avoir totalement desserré le frein à main. « Les entraîneurs m’ont expliqué que j’étais encore un peu sur la réserve, que je jouais encore un peu avec le frein. C’est ce que je pense aussi. Effectivement, j’ai inconsciemment fait cette opposition avec une retenue. J’espère qu’elle va partir. Cela m’a bloqué pour faire certaines choses et c’est dommage. Alors j’espère leur montrer face à Clermont que je suis capable de mieux et que je peux bousculer la hiérarchie. » Une hiérarchie qu’il a complètement bouleversé sur la rade.

« Toutes les garanties d’un joueur propre »

Qui aurait parié que cet inconnu du grand public se retrouve titulaire dans neuf des douze premiers matchs des Rouge et Noir ? Pas grand monde. Mais sûrement son ancien entraîneur chez les espoirs toulonnais, Olivier Beaudon, qui avoue qu’il était « au-dessus des autres ».

Peut-être aussi Pierre Mignoni, son entraîneur chez les professionnels. « Il est avec nous depuis l’an dernier. Il a connu un long arrêt à cause de sa grave blessure au genou ( une rupture des ligaments qui a nécessité une opération) mais c’est un joueur sur lequel nous comptions depuis plus d’un an. Nous lui avons apporté de la confiance avec du temps de jeu et il nous a donné toutes les garanties d’un joueur propre, qui a beaucoup travaillé pour revenir et qui a beaucoup de talent. C’est un joueur rassurant, qui fait très peu de fautes, qui est complet de par sa formation d’arrière. Il est bon en défense, il a un bon jeu au pied et il sent les coups. S’il est à ce niveau, c’est qu’il le mérite. À lui de ne pas trop admirer ce qui se passe, de regarder droit devant sans trop se poser de questions. Il est déjà mature, il vit ça avec beaucoup de recul. »

Le jeune homme, auteur de deux essais cette saison, paraît en effet particulièrement serein, droit dans ses bottes, presque imperturbable. En tout cas complètement tourné vers ce déplacement en Auvergne où les Toulonnais semblent déterminés à frapper fort. « J’ai un peu discuté de ce match avec Alexandre Lapandry, qui est le seul clermontois à ne pas avoir été retenu, explique-t-il. Nous avons envie de faire un coup là-bas. Ce sera un moyen de voir où nous en sommes à la moitié de la saison. » Et pour Vincent Martin de se tester face à l’une des plus belles lignes de trois-quarts du championnat.

La Montagne