Bastareaud : «J’avais presque touché le fond»

Bastareaud : «J’avais presque touché le fond»

Le lundi 17 décembre 2012 à 18:23 par David Demri

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Après deux saisons difficiles, la révélation de 2010 a retrouvé son meilleur niveau.

«Bastarocket» est de retour! Après deux saisons à traîner sa peine, et ses kilos superflus, le trois-quarts centre fait de nouveau parler sa puissance. Résultat, il aligne les titularisations à Toulon (six d’affilée avant de retrouver le banc, dimanche, pour affronter Sale en Coupe d’Europe) et les performances remarquées. Confession d’un jeune homme, grave et sincère, qui a frôlé le pire avant de renouer avec le plaisir.

Le Figaro: En début de saison, on craignait que la forte concurrence à Toulon ne nuise à l’esprit collectif. Comment expliquez que, finalement, tout ça se passe si bien ?
Mathieu Bastareaud: On a mis de côté nos ego, nos états d’âme, pour tous aller dans le même sens. Pour réussir une saison, il faut être ensemble, solidaire…

Et Bernard Laporte y veille…
Le staff au complet veille à mobiliser tous les joueurs, nous pousse à lutter pour la même cause. Après, Bernard est un meneur d’hommes. Tu as envie de le suivre.

Il n’a pas été indulgent avec vous, vous réclamant plus d’efforts…
Et j’apprécie ce discours. Quand Bernard a quelque chose à te dire, il te le dit en face, sans détour. Et je n’avais aucune raison de me braquer puisqu’il avait totalement raison. J’avais moi-même pris conscience que, si je continuais comme ça, j’allais me planter. J’avais envie, aussi, de montrer qui je suis vraiment.

Désormais, vous effectuez une séance supplémentaire individuelle de bon matin. Ce n’est pas trop contraignant ?
(Rires.) Je ne vais pas vous mentir, au début, c’était un peu compliqué de se lever à 6 heures du matin pour commencer à 7 heures. Mais, quand tu te mets dans la tête que c’est pour ton bien, ça devient plus facile. Aujourd’hui, c’est devenu une routine qui ne me dérange pas…

Un effort récompensé. Vous êtes en train de retrouver votre meilleur niveau…
Oui, ça paye. Depuis deux ou trois saisons, j’avais du mal à enchaîner les bonnes prestations. Ces dernières semaines, j’y parviens à nouveau. Mais je garde les pieds sur terre. Je sais très bien que la roue tourne à une vitesse folle. Aujourd’hui, ça va bien pour moi, mais peut-être que dans deux semaines ce ne sera plus le cas… Je n’oublie pas que, par le passé, j’étais moins exigeant avec moi. Je me contentais de performances moyennes. Il fallait que je me remette les idées à l’endroit, que je me reconcentre sur le rugby.

Vous dites également qu’il vous a fallu réapprendre à aimer le rugby…
Il y a eu un moment où, moralement, j’avais presque touché le fond. Je n’étais plus heureux. Quand tu perds ta passion, ça devient forcément compliqué…

Il n’y a pas que sur le terrain que vous allez mieux. Tout le monde vous trouve également plus ouvert, plus souriant…
Ça aussi, j’ai dû le travailler, car je suis quelqu’un d’assez fermé. Je n’ai pas le sourire facile. Quand ça ne va pas, au lieu de chercher du réconfort auprès de mes proches ou de mes coéquipiers, je me renferme. Ce qui ne fait pas avancer les choses. Alors, désormais, j’essaye de m’ouvrir plus aux gens. Pour qu’ils apprennent à me connaître.

Qui est le vrai Mathieu Bastareaud ?
(Longue hésitation.) Je ne sais pas. J’ai du mal à me décrire, à me juger. Mais ce que j’ai pu lire parfois dans certains journaux, ce n’était pas moi. Peut-être que je dégageais des choses négatives, mais ça ne m’a pas plu. Sur le coup, ça fait mal, mais, après, quand tu cherches les bonnes solutions, tu en ressors plus fort. Ces petites phases m’ont permis de grandir. Aujourd’hui, je suis heureux, tout simplement. Je prends du plaisir dans ma vie de tous les jours comme sur le terrain.

Avez-vous craint de ne pas redevenir le joueur qui cassait tout en 2010 ?
Ça a duré deux ans. Je n’avais plus le niveau, je n’étais que l’ombre de moi-même. Je vivais une descente, mais je faisais l’autruche, je me laissais aller. Puis je me suis servi des critiques: «Si les gens pensent ça, c’est qu’ils attendent plus de toi…» Je me suis enfin remis en question. Une chose, aussi, a été très positive: quitter Paris et le Stade Français pour signer à Toulon, où il y a beaucoup de très grands joueurs. Wilkinson, Michalak, Giteau attirent la lumière. Ça m’a permis de retomber un peu dans l’anonymat, de souffler. Je peux travailler sereinement dans mon coin sans que, tous les jours, il y ait quelque chose à redire sur moi, comme ça a pu être le cas au Stade Français. Quand je faisais une mauvaise performance, on ne parlait que de ça.

Ne plus faire les gros titres ne vous dérange pas ?
Ouh là là, non! Au contraire, c’est parfait.

Votre nom est de nouveau cité pour le XV de France. Vous y aspirez ?
Les Bleus ont toujours été dans un coin de ma tête. Après, il faut le mériter. Ce n’était pas le cas. Et je ne sais pas si je le mérite déjà. À mon poste, il y a une grosse concurrence… J’y penserais quand il sera temps. Là, il est encore un peu trop tôt. Je sais comment ça se passe. J’ai fait quelques bons matchs, mais si je rate les prochains, on ne va pas me louper

Source: lefigaro.fr

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  1. guy 17 décembre 2012 at 19h

    💡 Un exemple de la solidarité qui règne dans ce groupe, sur l'essai de Delon, Mathieu aurait pu y aller seul, parce qu'en un contre un, il aurait emmené le défenseur Anglais avec lui dans l'en-but, mais il a préféré passer le ballon à Delon.Chapeau bas Mathieu.

    • jonbiroute83 17 décembre 2012 at 20h

      wulf il me semble

  2. Melville 17 décembre 2012 at 20h

    Il a clairement franchi un palier cette saison. Ce qui semble parfaitement logique à la lecture de cet interview. Et c'est vrai que son cadrage + passe à Wulf est aussi impeccable que raccord avec ses propos. Bien dans ses pompes Bastarocket ? Tant mieux pour nous !

  3. STEPHANE 17 décembre 2012 at 20h

    😉 😉 😀 …Et bien voilà, M'sieur Bastareaud…encore un magnifique exemple des bienfaits psycho-physiologiques méditerranéens !!! …
    plus sérieusement, lorsque le doute s'insinue, l'amour de soi, le respect de soi et des autres s'envolent… une starlette perdue parmi les hommes ?… voilà le vrai effet RCT…le travail, l'écoute et l'amour des autres…pour l'amour de soi… l'amour de soi, c'est déjà s'accepter tel qu'on est… il implique d'accepter toutes les parties en soi, surtout celles qui ne font pas notre affaire ou celles qui nous font parfois souffrir, en reconnaissant que c'est nous-même qui les avons créées et acceptées (paillettes parisiennes???…), croyant qu'elles nous seraient utiles… une personne qui ne s'aime pas se critique, tente de se contrôler et ne croit pas en elle…et je sais de quoi je parle ( on le sait tous, je pense…) mais tout change un jour…et ce miracle s'appelle la maturité… qu'est-ce que la maturité ? …c'est l'ajustement de soi aux autres ; on réconcilie ses ambitions avec ce que l'on accepte d'être un parmi d'autres…et de s'ouvrir à eux… on n'atteint la maturité et la sérénité qu'aidé par l'amitié… et il en faut parfois du temps, de la générosité, de l'engagement et de la lucidité !!! …des symboles rugbystiques en somme…
    voilà Mathieu, pour toi, pour tes coéquipiers et pour le RCT… tout est changement, non pour ne plus être mais pour réaliser ce qui n'est pas encore… peut-être pour un simple bout de bois ou une breloque dorée ?…qui sait ?…
    Allez Toulon.

  4. guy 17 décembre 2012 at 21h

    😳 Exact messieurs c'était Wulf, mais devant cette orgie d'essais, me suis mélangé les crayons.

    😉 « Errare humanum est, perseverare diabolicum ».

  5. STEPHANE 17 décembre 2012 at 23h

    😉 @Guy..Nolite solliciti…numquam solus non facit errare…( ne t'inquiète pas, le seul homme à ne jamais faire d’erreur est celui qui ne fait jamais rien! ) ou si tu préfères :"L'homme qui ne tente rien ne se trompe qu'une fois…" – Lao Tseu.

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