Le Pays de Galles et Cardiff auront certainement une saveur particulière dans l’aventure toulonnaise de Steve Walsh. C’est là, dans l’écrin du Millennium Stadium, qu’il aura soulevé la deuxième Coupe d’Europe du RCT, samedi dernier. C’est là aussi, dans l’ombre du plus modeste Arms Park, accolé au Millennium, qu’il aura, il y a quelques mois, connu sa plus amère désillusion. Quelques minutes après une défaite contre les Cardiff Blues (15-19), pour la deuxième journée de Coupe d’Europe, en octobre dernier, Bernard Laporte s’était interrogé à voix haute : « On n’est pas en forme physiquement. J’ai l’impression que les mecs ont pris dix ans en six mois. »Et au retour du pays de Galles, une réunion de crise au club avait sérieusement remis en cause son travail.

« C’est là que j’ai décidé de quitter le club, révèle Walsh. On avait perdu à cause d’une maladresse technique, à la dernière minute ! C’était des conneries ! Et les joueurs ne pouvaient pas y croire ! J’ai dit à Bernard : “Assez, ce n’est plus possible.” Et depuis, il s’est excusé devant tout le groupe, avant la demi-finale contre le Munster. » On sent que la blessure est encore vive chez cet Anglais de cinquante et un ans, arrivé au club avec Philippe Saint-André, avec qui il collaborait déjà à Sale. Et si Toulon a étouffé physiquement les Saracens en finale la semaine dernière, il ne tire pas la couverture à lui et jure qu’il n’a rien changé à ses méthodes depuis l’incident : « En tant que préparateur, on ne peut pas se permettre de paniquer. »

UN COMPATRIOTE POUR SUCCESSEUR

Walsh ne s’est pas affolé non plus à son arrivée dans le Var, même si les installations du RCT étaient loin de ses standards britanniques. « En France, le responsable de la préparation est aussi peu valorisé que l’intendant, exagère-t-il. J’ai dû devenir multitâche et m’occuper de la nutrition comme de la muscu ou de la récupération, alors qu’en Angleterre la personne dans mon rôle a des adjoints pour ça. En France, c’est encore vieille école, souvent. À Toulon, c’était amateur. J’ai compris pourquoi ils avaient failli descendre ! » Avec Gilles Allou, préparateur physique historique du club, il s’est chargé de moderniser les infrastructures et de modifier les habitudes varoises. « À mon arrivée, on a eu les moyens de construire une grande salle. Mais, depuis, il n’y a pas eu d’investissement ! », regrette-t-il. Avec l’exemple de Bakkies Botha, Walsh explique comment il a adapté ses méthodes aux vieux guerriers du RCT : « On l’a géré différemment. On a fait beaucoup de vélo autour de Carqueiranne, c’est bon pour ses tendons ! J’adapte les poids à ses longues jambes… Il ne peut pas faire de squat ! Et on a un circuit de six ou sept exercices pour le haut du corps. » Après avoir décidé de son départ, Walsh, qui rejoindra les London Irish la saison prochaine, s’est quand même occupé lui-même de trouver son successeur. Il a proposé le nom d’un compatriote, Paul Stridgeon, pour appliquer la même exigence anglo-saxonne et cette culture du travail spécifique et individualisé. Stridgeon a notamment effectué deux tournées avec les Lions britanniques et irlandais et travaillait avec l’équipe d’Angleterre lors de la Coupe du monde 2011. « Il est déjà venu une semaine lors de la préparation de la demi-finale de Coupe d’Europe, puis une semaine ici à Cardiff. Ça a permis de l’introduire auprès du groupe et de préparer son arrivée à Toulon », sourit Walsh en pensant à ses démarches pour lui ouvrir un compte en banque et lui procurer une carte Vitale. Avant de résumer pourquoi Stridgeon devrait s’adapter : « C’est un hyper­actif, il a de l’énergie, et il en faut à Toulon ! »

Source: lequipe.fr