Agacé par l’arbitrage des mêlées fermées contre les All-Blacks, William Servat détaille précisément pourquoi l’arbitre s’est trompé à plusieurs reprises !
Agacé par l’arbitrage des mêlées fermées contre les All-Blacks, William Servat détaille précisément pourquoi l’arbitre s’est trompé à plusieurs reprises !
Le lundi 14 juillet 2025 à 22:24 par David Demri
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Le deuxième test-match de la tournée néo-zélandaise a laissé un goût amer dans le camp français. Si la défaite nette des Bleus à Wellington (43-17) a mis en lumière les limites collectives du XV de France, certains éléments précis du jeu ont cristallisé les tensions, notamment en mêlée fermée.
Sur le banc français, William Servat n’a pas caché son exaspération. L’ancien talonneur international, aujourd’hui en charge des avants, a suivi de très près les décisions de l’arbitre Christophe Ridley. Et selon lui, plusieurs situations auraient dû être interprétées différemment si les observables définis par World Rugby avaient été strictement appliqués.
Avant même la rencontre, Fabien Galthié avait souligné l’importance d’un arbitrage cohérent sur les phases de combat :
« On travaille avec les arbitres. On a besoin que les phases de combat soient bien clarifiées. Que nos joueurs puissent bien comprendre comment seront arbitrés la mêlée comme les ballons portés, qui sont des armes pour nous. »
Des séquences disséquées image par image
Pour expliquer son analyse auprès du journal L’équipe, Servat est venu armé d’un ordinateur et de nombreuses séquences vidéo. Objectif : se glisser dans la peau de l’arbitre pour comprendre ce qui aurait dû être observé.
« On se place avec sa vision. Ce qu’il doit regarder », résume-t-il. « On est là pour décrypter son process afin qu’il puisse arbitrer une mêlée sans être spécialiste du poste. Il y a des observables qui ont été très clairement décidés lors de nombreuses réunions de World Rugby en présence des nations du Sud et du Nord. »
Parmi ces indicateurs incontournables : la position des pieds du talonneur (le « breakfoot »), la hauteur des coudes et la stabilité de la liaison. Servat est catégorique : « Normalement, le pied du talonneur ne doit plus bouger. C’est un observable très clair selon le règlement de World Rugby. Ici sur la capture, il est bien positionné. » Pourtant, face aux All Blacks, plusieurs anomalies ont été repérées.
Pressions mal canalisées, angles biaisés
L’entraîneur des avants identifie notamment des fautes de liaison et des changements d’angle chez les Néo-Zélandais. « Le talonneur néo-zélandais (Cody Taylor) a reculé son pied. C’est un observable clair. L’arbitre doit mettre un bras cassé contre l’équipe néo-zélandaise sur la première fois, une pénalité en cas de récidive. » Une entorse aux règles qui, selon lui, met en danger l’intégrité physique des joueurs.
Servat poursuit son analyse technique : « À cause du breakfoot non respecté, la mêlée all black a avancé, mais notre pack a réussi à remettre le dos droit en maintenant la pression. La mêlée est propre pour le moment. Les coudes des deux piliers sont hauts et liés au maillot de l’adversaire. » Une stabilité mise à mal lorsque la liaison est modifiée sous la contrainte.
Il pointe notamment l’attitude du pilier droit Fletcher Newell, accusé de chercher à déséquilibrer son vis-à-vis : « Sous la pression du pilier gauche français (Baptiste Erdocio), le pilier droit néo-zélandais a changé sa liaison de place en se liant au bras de l’adversaire. Observable clair et pénalisable. »
Une biomécanique précise… ignorée ?
Pour illustrer ses propos, William Servat propose même une démonstration physique. À genoux, il invite à ressentir les conséquences d’un mauvais angle de poussée. « Le fait de pousser avec le coude bas favorise l’écroulement (collapse), et un mauvais angle de poussée du gaucher. »
Des situations qu’il estime pourtant facilement identifiables par un arbitre formé : « On voit effectivement que le pilier droit néo-zélandais pousse vers l’intérieur, l’observable clair est son changement de liaison. Sur cette image, nous voyons également un coude bas du pilier droit néo-zélandais qui est également un observable très clair pour les arbitres. » Pour lui, il s’agit « presque d’un comportement extrême » et « d’une action volontaire ».
Autre point d’inquiétude : « Le pilier droit néo-zélandais essaye tellement d’emmener son adversaire au sol qu’il lâche la liaison. Baptiste Erdocio fait un effort de titan pour résister. Les All Blacks n’ont jamais été pénalisés pour le moment… »
Un règlement clair… mais appliqué à géométrie variable ?
William Servat insiste sur les conséquences directes de ces infractions : « Lorsqu’un pilier gauche tombe le coude au sol, il transforme le combat horizontal en combat vertical. Si le pilier droit conserve son coude haut, il est évident pour l’arbitre de voir que le coude bas du gaucher amène le joueur adverse vers le sol : « hinging », observable clairement identifiable pour les arbitres. »
Un cas d’école survenu très tôt dans le match : « Ici nous sommes à la première mêlée (4’13) : le pilier droit français (George-Henri Colombe) a le coude haut. Le pilier gauche néo-zélandais (Ethan de Groot) a le coude bas. » Une configuration qui devrait faciliter l’analyse pour l’arbitre, mais qui, selon lui, ne l’a pas été suffisamment.
« Si le pilier droit français avait verrouillé son coude sur la liaison ou le bras du pilier gauche all black, la sanction aurait dû être sifflée contre le droitier français », rappelle Servat. « Un pilier gauche ne peut lutter contre l’influence du droitier qui l’amène au sol. »
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2 Commentaires
ça me fait toujours un drôle d’effet quand Servat peste contre l’arbitrage en mêlée alors que c’était un maitre de l’enfumage quand il était joueur. Mais ce n’est pas une critique, ça fait partie du bagage d’un bon joueur.
Hors de notre hexagone, nos équipes ont du mal avec l’arbitrage, voir les les bleuets, notamment sur une mêlée dans leur 5 m, on leur roule dessus, et l’arbitre nous siffle ?????