Ces dernières semaines, Antoine Hastoy vit une période charnière, à la fois sur le plan personnel et professionnel.

Devenu papa fin septembre, l’ouvreur du Stade Rochelais jongle désormais entre les nuits écourtées et la gestion d’un poste clé, où la concurrence est féroce — à La Rochelle comme en équipe de France.

Une hiérarchie bousculée en Bleu

Longtemps considéré comme le troisième homme derrière Ntamack et Jalibert, Hastoy (28 ans, 10 sélections) a cette fois été devancé dans la hiérarchie des Bleus. Pour préparer le test face à l’Afrique du Sud, Fabien Galthié lui a préféré Joris Segonds et même Ugo Seunes, nouvelle tête du groupe France.

Une déception que l’ancien Palois prend avec philosophie dans les colonnes de L’équipe :

« La concurrence en équipe de France, je ne m’en préoccupe pas vraiment. Je pense être assez lucide. Je pense voir les mêmes matches que tout le monde. Je ne peux pas avoir la prétention de dire que je veux matcher en novembre et au Tournoi », admet-il calmement.

Malgré une Coupe du monde 2023 réussie, Hastoy n’a jamais su s’imposer durablement chez les Bleus. Son entraîneur à La Rochelle, Rémi Talès, le comprend :

« À son poste, la concurrence est énorme. Il faut l’accompagner, comprendre ce qu’il ressent, gérer sa frustration. »

Sous pression aussi à La Rochelle

Si sa situation en équipe nationale s’est compliquée, celle en club n’est pas plus simple. Son coéquipier Ihaia West a réalisé un excellent début de saison avant de se blesser aux ischios. De quoi offrir à Hastoy une nouvelle fenêtre d’expression, mais avec un objectif clair : retrouver le niveau de sa première année rochelaise, celle du titre européen 2022.

« J’ai envie de revenir à ça, à ce que j’avais pu montrer. Je veux réussir une saison plus régulière, plus complète, sans passages à vide », confie-t-il.

Connu pour son jeu offensif et son flair naturel, Hastoy doit désormais apprendre à canaliser ses instincts pour mieux servir l’équipe.

« L’important pour Antoine, c’est de comprendre l’intérêt du collectif plutôt que d’écouter seulement son instinct », explique Talès. « Il adore le jeu, il est beaucoup dans la sensation. Aujourd’hui, il comprend qu’il faut aussi occuper le terrain, reposer les avants, avancer au pied. »

Une évolution nécessaire dans un Stade Rochelais qui fait peau neuve avec Nolann Le Garrec à la baguette et un jeu plus rapide et débridé.

Dans ce contexte, la récente paternité d’Hastoy agit comme un moteur. Apaisé, le numéro 10 rochelais semble aborder ce double défi avec une nouvelle sérénité.

Entre Marcoussis et Deflandre, il lui reste à prouver qu’il peut encore redevenir ce stratège capable d’allier instinct et maîtrise — celui qui, il y a deux ans, avait mené La Rochelle vers le titre européen.