
Bernard Laporte évoque son management et des anecdotes de vestiaires
Bernard Laporte évoque son management et des anecdotes de vestiaires
Le samedi 17 janvier 2015 à 11:38 par David Demri
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Beaucoup plus à l’écoute qu’on l’imagine, le manager du RCT, qui affronte l’Ulster cet après-midi, applique une méthode 100 % cash, où tout doit se dire, en interne. Et ça marche.
Mi-décembre, à la veille de recevoir Leicester en Coupe d’Europe, Bernard Laporte évoque devant les journalistes Drew Mitchell, qu’il n’a pas retenu : « Il a fait un mauvais match là-bas, dimanche. Si les autres n’avaient pas leur chance, ils se poseraient des questions. Mais ça ne veut pas dire que Drew ne jouera pas pendant un mois. » Quelques semaines plus tôt, pour les débuts – pas terribles – de l’Argentin Nicolas Sanchez contre Grenoble (61-28), il avait déclaré : « Avec Jonny (Wilkinson) ou Matt (Giteau) en 10, il y aurait eu 40 points à la mi-temps. » Une communication typique du manager du RCT qui, selon une de ses formules préférées, appellera toujours « un chat un chat ». « Je n’ai jamais vu un coach aussi direct, mais j’aime sa façon de fonctionner », témoignait James O’Connor avant de rentrer en Australie. L’élégant s’était entendu dire : « James, tu va plaquer aujourd’hui ? Alors arrête de te toucher les cheveux, c’est des épaules dont tu as besoin. » O’Connor : « C’était devant tout le monde, mais tellement drôle ! J’ai ri. »
Parfois, souvent, c’est moins rigolo pour celui qui reçoit plein fer. En août 2013, après une défaite à Grenoble (28-26), Laporte flingue Danie Rossouw devant l’équipe: « C’est terminé, tu vas rentrer en Afrique du Sud ! » On raconte que le champion du monde springbok – qui a pris sa retraite depuis – a demandé si on pouvait vraiment rompre son contrat, comme ça… Aujourd’hui, Bernard Laporte en sourit. « Je sais exactement ce que j’avais dit, ce n’était pas un débordement. Pour certains, il faut frapper fort, créer un électro-choc. Avec Danie, on n’en a jamais reparlé, mais je sais qu’il a été touché. Quand je l’ai vu revenir en forme, j’étais le premier heureux. Après un match où il avait été très bon, je suis allé le voir : “Voilà, c’est le Danie que j’aime.” Il m’a répondu : “O.K., coach.” Je n’allais pas lui dire : “Tu te rappelles ce que je t’avais dit.” On s’en fout de ça. »
PAREIL AVEC LES STARS OU LES AUTRES
Laporte, extrêmement calme dans la salle de vie de son équipe, au premier étage du centre d’entraînement du RCT, explique son management 100 % cash. « On est une famille, on doit tout se dire. Mais les choses, positives ou négatives, ne doivent pas sortir du vestiaire. » Pourtant, elles s’en échappent bien, à l’exemple du cas Rossouw. « Ça sort un mois ou deux plus tard, parce que les mecs en rigolent », reconnaît Laporte. Lui-même en dévoile régulièrement des morceaux en conférence de presse avec une franchise détonante, mais jamais l’essentiel, le plus profond. Le 20 décembre, face à Lyon, le RCT est minable, mené 6-0 (et vainqueur final 30-6) à la mi-temps. Son manager explose. On nous le décrit faisant des bonds de deux mètres, rouge à n’en plus pouvoir parler avant de laisser ses joueurs en plan. « Je ne parle pas de ça », nous avait signifié Laporte.
Ses célèbres colères ne l’amusent pas, il n’aime pas revenir dessus. Il regarde devant, presque toujours. « Il a une énergie incroyable, et tu peux être dans le doute, il ne se laisse jamais abattre », confie Boudjellal. « C’est un meneur, on a envie de le suivre », ajoute un joueur. « Ce qui est bien, c’est qu’il est pareil avec les stars ou les autres », dit un autre.« Mais oui, répond Bernie, on est un et indivisible. Pour moi, il n’y a pas un mec avec 40 sélections ou un débutant de dix-huit ans. La règle est la même pour tout le monde. »
En particulier lors des débriefings filmés des matches. « Chaque fois qu’on va à la vidéo, j’ai une petite boule au ventre. Je suis un peu stressé que ça tombe sur moi », avoue Romain Taofifenua. « Ah, il dit ça Romain ? interroge Laporte. La vidéo, c’est quand même pas le bagne ! Quand on fait une analyse vidéo dure, ce n’est pas pour choquer le mec mais pour qu’il comprenne. » « Il n’empêche… explique le manager. Tom (Whitford, le team manager) traduit les séances vidéo. » Mais l’Anglais zappe les mots crus, édulcore. Laporte : « Je l’écoute. Parfois, je lui dis : “Oh ! Tu n’as pas tout dit.” (il rit). La langue n’est pas un barrage grâce à Tom, c’est vrai. Lors d’une séance vidéo, tu ne peux pas chercher les mots, sinon ça ne fonctionne pas. La spontanéité est importante. »
Autant pour hurler : « C’est zéroooo » – dont le facétieux Matt Giteau avait fait signe un ralliement… en douce – que pour flatter. « On n’est pas dans l’insulte, mais dans l’analyse, la construction. On cherche à progresser, à comprendre individuellement et collectivement pourquoi on a mal – ou bien – fait les choses. Quand il faut féliciter, personnaliser, à la vidéo, je le fais : “Je voudrais dire un mot sur untel : bravo.” »
LAPORTE : « J’AIME MES JOUEURS »
Car Laporte distribue aussi les compliments, privilégie l’échange, même si ça se sait moins.« Avec Bernard, quand l’entraînement est fini, tu peux discuter, il est à l’écoute », témoigne un joueur. Un jour, la saison dernière, Chris Masoe et Bakkies Botha, deux monuments du rugby mondial, demandent à voir leur manager, façon délégués syndicaux. « Ils m’ont dit que j’étais très dur. On s’est assis sur un banc, dehors, et on a parlé un moment. C’était bien. La transparence et la proximité sont importantes, rappelle Laporte. Je ne fonctionne pas par autoritarisme. Je peux être dur, c’est vrai, mais je n’impose rien. On est ensemble. » Pour causer rugby, essentiellement.
« Quand certains ont des problèmes, je suis là pour les aider, mais ce n’est pas à moi de déclencher, à chercher à savoir, assure Laporte. On est dans le domaine privé, là. » Mais il félicite Chris Masoe après son mariage, souhaite les anniversaires… « J’aime mes joueurs, résume-t-il. Quand je dis aimer, c’est avoir une bonne relation. Je veux tirer la quintessence du mec et, pour ça, il faut entrer en lui (il se tape la poitrine). Et pour entrer en profondeur, il faut l’aimer. Les deux ou trois joueurs que je n’aimais pas ne sont plus là… » Lui aussi a failli partir, il y a un an, après une défaite à Mayol contre Grenoble (22-21). Ce soir-là, chez lui, Laporte reçoit un SMS en français de Matt Giteau. « Je l’ai encore, je le garderai (il nous le montre sans qu’on le lise). “Papa”, il m’appelle ce con… (Attendri.)Que Matt m’écrive : “Bernard, tu ne peux pas nous quitter”, ça fait… Je ne m’attendais à rien mais ça fait chaud au coeur tant tu as pris un coup au moral. Je suis comme les autres, j’aime être valorisé. Et quand ce sont les joueurs qui pensent à toi… »
Source: lequipe.fr – Arnaud Requenna
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6 Commentaires
Bernard. Nous connaissons tes méthodes et ton mode de fonctionnement…les résultats attestent de ta compétence et de ta grande connaissance rugbystiques..tu es un meneur d »hommes au grand coeur…merci Bernard d être venu au RCT… »Bernard for ever » :yes:
Passionnant. Tu vas vraiment nous manquer Bernard.
Allez Toulon.
Un entraîneur doit avoir le verbe haut, la méthode « light » , n’apporte pas, l’adrénaline nécessaire pour franchir un cap dans les résultats. Prenez URIOS, il tire, plus que le maximin de ses joueurs. Je ne suis pas sur qu’avec un entraîneur classique, les résultats seraient les mêmes. Le paternalisme, l’affectivité dans les relations apportent, le ciment indispensable pour faire BLOC. BL aurait pu avoir la maxime des 4 mousquetaires : » Tous pour un, un pour Tous »
bon match à tous :fingersxd:
:-)) « Papa, qu’il m’appelle ce con ». J’adore cette phrase.
:blush: « Bernie nous T’AIMONS » Epicez tout©: :reallypissed: :reallypissed: :reallypissed:
Et allez HOUBLON: :beer: :beer: :beer:
BERNARD , grand respect à vous . NE CHANGEZ RIEN . Partout où vous êtes passé , des preuves concluantes auront été accomplies et surtout toujours bien menées . C’est ce que nous tenons aujourd’hui retenir de l’excellent manager que vous faîtes . Le reste n’est que pure littérature , et ne nous regarde nullement . Et ce que nous souhaitons vivement pour vous dorénavant , c’est que vous puissiez enfin devenir le grand responsable de notre RUGBY FRANCAIS . Car on le répétera jamais assez , mais il est grand temps à présent d’y apporter un énorme changement de dynamisme et de modernisme avant tout . Et nous pouvons penser très sincèrement que vous pouvez être l’homme de la vraie situation . Que maintenant l’avenir de cette période s’approchant un peu plus de jours en jours , puisse nous entendre et vous nommer en tant que digne Président . Et encore grand MERCI , pour tout ce que vous apportez à ce CLUB du RCT . La passion à tout un peuple de Fans , et la gloire tant méritée .