À 86 ans, Bernard Lemaitre continue de veiller quotidiennement sur le Rugby Club Toulonnais. Fidèle à son engagement de longue date, il sait que le moment viendra où il devra transmettre les rênes.

Mais l’homme d’affaires met un point d’honneur à choisir son successeur avec exigence et lucidité. Pour lui, pas question de confier le club à n’importe qui.

Lors d’un entretien accordé au journal régional Var-matin, Bernard Lemaitre a accepté d’évoquer le sujet de sa succession.

« Un plan doit avant tout traduire une intention. Il est évident qu’un jour ou l’autre, je devrai passer la main », admet-il, conscient que le futur du RCT ne peut être laissé au hasard.

S’il envisage l’après, c’est avec rigueur. Son successeur devra cocher plusieurs cases.

« Le club se structure bien de l’intérieur. Après, il faut non seulement une tête, mais aussi un capitaliste », glisse-t-il avec un sourire.

Et de préciser :

« Je suis très exigeant quant au profil de celui qui me succédera. Il faut d’abord qu’il soit un passionné de rugby, pas seulement qu’il s’y intéresse. Il n’y a que quand vous êtes passionné que vous acceptez de dilapider votre patrimoine pour le bien du club. »

Mais ce n’est pas tout. Le futur président devra aussi comprendre l’ADN toulonnais :

« Il faut savoir appréhender ce qu’est Toulon, son environnement, l’histoire du club, son ambition. Quand vous investissez, il est évident que vous êtes ambitieux. Mais ça ne peut pas être qu’un terme. » Et enfin, l’argent. « Il faut avoir les moyens. Et accepter de les sacrifier. On ne gagne pas d’argent dans le sport professionnel. Ça n’existe pas. Pour l’instant, je n’ai pas encore eu de conversation avec des gens qui peuvent me prouver tout ça. »

Malgré son âge, Bernard Lemaitre refuse de se mettre en retrait, même pour se préserver. À la question d’un éventuel désengagement, il répond simplement :

« Non, je donne tout ici. Un peu au détriment de ma famille. J’ai mon épouse, des enfants qui sont sexagénaires. Des petits-enfants, adultes. Et tout ça, malgré l’âge, nécessite une présence. En dehors de ça, je donne tout ce que je peux ici.

Je suis là tous les matins au club. Financièrement aussi, je donne tout. Je dois également gérer mon patrimoine pour générer des revenus pour alimenter le RCT, notamment. Et à côté de ça, j’ai ma fondation, qui a pour objet de lutter contre la misère des gens. Un projet qui me tient énormément à cœur. »

Lorsque le journaliste lui demande pourquoi il ne lève pas un peu le pied, Bernard Lemaitre réagit :

« Vous savez, j’ai fait ça toute ma vie, j’aime ça. J’ai freiné un petit peu, depuis l’arrivée de Jessica Casanova. C’est une grande professionnelle. Elle connaît bien ce qu’est un club de rugby et me soulage énormément. Mais c’est un métier qui est très difficile, très exigeant. »

Difficile, certes, mais indispensable pour celui qui continue de tout donner à son club.