Malgré les déclarations de Bernard Laporte qui dit avoir convaincu Mathieu Bastareaud de rester au Stade Français, le président de Toulon Mourad Boudjellal n’a pas abandonné le dossier. Il s’explique pour Rugby365.

Mourad Boudjellal, vous avez recruté Olivier Azam pour devenir l’entraîneur des avants. Pourquoi ?

C’est un nom qui nous est apparu la semaine dernière. On s’est rendu compte qu’il était entraîneur à Gloucester, pour les touches et les mêlées, depuis quelques années. Philippe (Saint-André) l’a contacté et on a décidé assez vite de le faire venir à Toulon alors que nous étions sur le point de faire signer d’autres entraîneurs. On a organisé un déjeuner de complaisance car au départ, je n’étais pas plus emballé que ça. Après le déjeuner, j’ai décidé de le faire signer car j’ai été séduit par son discours, son professionnalisme et son analyse sur l’année du RCT.

Il n’était pas votre premier choix sachant que vous aviez essayé de recruter d’autres entraîneurs comme Serge Milhas, Lautent Seigne ou Marc Dal Maso…

Je n’y avais pas pensé. Ce n’est pas un choix par défaut. C’est une mixité entre différentes personnes que nous avons rencontrées : le sérieux et la science de Milhas, la rigueur de Seigne et l’enthousiasme de Dal Maso. On va voir si je me trompe ou pas. Je me fie toujours à mon instinct. C’est la bonne personne pour le bon poste. C’est totalement subjectif.

Vous avez également annoncé le retour de l’Australien Luke Rooney…

Il a signé pour deux ans. C’est un joueur qui était parti l’année dernière et qui nous a beaucoup manqué. Apparemment, il n’a pas oublié Toulon et a décidé de revenir avec une année de Super 15 dans les jambes (avec les Rebels), ce qui a dû le bonifier.

Le nom de Bryan Habana a été évoqué ces dernières semaines. Où en êtes-vous ?

C’est un dossier que l’on regarde mais nous ne sommes pas les seuls. Comme toujours médiatiquement, c’est Toulon qui sort en premier. C’est un dossier compliqué mais c’est le cas pour tous les grands joueurs. C’est aussi ce qui procure une certaine excitation.

Le dossier Mathieu Bastareaud est lui aussi compliqué. Mardi midi, Bernard Laporte a annoncé qu’il restait au Stade Français. Allez-vous abandonner ?

Non. D’après nos informations sur Mathieu Bastareaud, psychologiquement, il n’a plus envie de jouer au Stade Français. C’est clair. C’est un jeune garçon assez sensible et on n’est pas loin de l’enfance maltraitée dans cette affaire. Le Stade Français ne respecte pas sa volonté, ni sa sensibilité. J’ai vraiment rencontré un joueur qui est en souffrance au Stade Français. La philosophie de Max Guazzini au Stade Français a toujours été de ne jamais retenir un joueur contre son gré. C’est une philosophie dont je me suis inspiré car le Stade Français est un grand club avec de grandes idées. Bernard Laporte est un enfant du Stade Français et je suis certain qu’il respectera cette philosophie.

« On va l’attendre »

Bastareaud, lui, n’a pas caché ces dernières semaines son envie de vous rejoindre…

Oui et c’est réciproque. C’est le Stade Français qui a un contrat avec lui et qui a l’obligation de le payer pendant deux ans. Lui n’a pas d’obligation de bien jouer. C’est au Stade Français de bien mesurer les conséquences que cela pourrait avoir sur la vie du groupe. Mais le Stade Français est maître à bord, ils ont un contrat. Pas nous. Ils ont le droit pour eux.

Laporte dit l’avoir convaincu. Y croyez-vous ?

Bernard Laporte aime bien les effets d’annonce. C’est un grand communicant, il sait très bien le faire.

Quelle va être votre position dans les jours à venir ?

On ne peut pas faire grand-chose. On ne va pas aller chercher Mathieu Bastareaud avec des hommes en armes au Stade Français, le récupérer et le rapatrier à Toulon ! On ne va pas faire un putsch. Nous sommes attentifs à la moindre faille dans la volonté du Stade Français pour essayer de s’y engouffrer. S’il n’y en pas, on ne pourra pas faire grand-chose. Mais eux ne pourront pas faire grand-chose s’il n’y a pas la moindre faille dans la volonté de Mathieu Bastareaud de jouer au Stade Français.

Comment se sont déroulées vos rencontres avec lui ?

Très bien, et surtout entre Philippe Saint-André et lui. Mathieu Bastareaud a vraiment envie d’être entraîné par Philippe Saint-André. Il a  beaucoup d’amis dans la région et il a vraiment de l’amour pour la région. Dans sa tête, il veut venir, c’est vraiment ici qu’il a envie d’être et ici qu’il va progresser.

Avez-vous un plan B si Mathieu Bastareaud restait à Paris ?

Oui, nous avons bien sûr des plans B mais étant donné la volonté qu’il met pour venir Toulon, on va l’attendre. Cela me parait normal.

Comme vous, Bernard Laporte pense que Bastareaud est « un bon joueur »…

Oui et nous ne sommes pas les seuls. Je m’entends bien avec Bernard Laporte. Je n’ai pas de griefs contre lui, je le connais assez peu. Quand on s’est rencontré quelques fois, je l’ai trouvé plutôt agréable.

Allez-vous l’appeler ?

La dernière fois qu’on s’est rencontré pour essayer d’en parler, il m’a dit que ce n’était pas lui qui gérait le dossier. J’ai pourtant l’impression que c’est le cas. On se rencontre souvent par hasard, j’espère que le hasard fera bien les choses.

Source: rugby365.fr