Actuellement lanterne rouge du TOP 14 Orange, la fin de saison des berjalliens s’annonce très compliquée. Toutefois, l’esprit rugby qui règne à Bourgoin ne s’estompe pas. Le CSBJ, volontaire et persévérant, attend de réaliser un exploit lors de ses six derniers matchs. A l’image de son deuxième ligne, Camille Levast (34 ans), qui, malgré cette période de tempête fait preuve de sérénité, à la veille de leur déplacement à Toulon.

Derniers du classement, sur une série de 11 défaites consécutives, la situation est très compliquée ! Quel est l’état d’esprit des joueurs ?
Malgré tout ce qui se passe, l’état d’esprit reste bon. On est bien évidemment tous déçus de la saison. On sait que l’on descend en PRO D2 et bien évidemment il n’est jamais facile de descendre et s’avouer vaincus ! Les cartes sont jouées pour nous ! Mais tout le monde a à cœur de gagner au moins un des matchs qui nous restent ! 

Malheureusement, cette situation n’est pas nouvelle pour le CSBJ… Comment vit-on une telle période de difficultés ?
Cela fait deux ans que le club connait de gros problèmes financiers. Ce qui a forcément, et peut-être même de façon inconsciente, des répercussions sur le plan sportif. Cela se manifeste peut-être dans notre attitude…C’est délicat. 

Vous n’avez plus connu la victoire depuis le 02 octobre (NDLR : Bourgoin/Brive : 18-3). Cela peut-il s’expliquer par les problèmes extra sportifs de Bourgoin, ou est-ce uniquement dû au terrain ?
C’est une situation très complexe qui reste encore difficile à analyser. Mais avec toutes ces mésaventures extra-sportives, il a fallu changer des choses. Certains joueurs sont partis car le club avait, logiquement, donné son feu vert. Il y a aussi un changement de staff. Ce qui implique donc un nouveau projet, de nouvelles directives. Et tout cela fait qu’il faut un peu de temps avant de redevenir meilleurs ! Mais je ne doute pas que le club rebondisse. 

Un message particulier a-t-il été donné aux joueurs de la part du staff ? Des dirigeants ?
Le club souhaite, quoiqu’il arrive, que l’on finisse de la meilleure des façons pour bien repartir ensuite. Montrer notre envie, notre présence, c’est ça qui compte ! Et puis, après tout, on doit faire notre part de travail ! Nous sommes des joueurs professionnels, nous sommes payés à chaque fin de mois, on se doit donc de remplir notre contrat ! Cela étonnera peut-être mais les dirigeants et les joueurs ont su trouver une certaine cohésion dans cette période de turbulences. 

Quand on connait une telle situation, quel est le moteur pour ne pas perdre toute motivation ?
Je suis toujours aussi passionné par le rugby. Et évoluer en TOP 14 Orange est une réelle chance. Je pense donc qu’il est important de vivre tous ces moments à fond. En ce qui me concerne, je cherche en permanence à prendre du plaisir, aussi bien à l’entrainement qu’en match. Notre avantage, si je peux dire, c’est que l’on ne joue plus avec de pression. Si ce n’est la volonté de faire un exploit et de pouvoir gagner encore des matchs !

Bourgoin est porteur d’une forte identité et de solides valeurs… Est-ce que vous le ressentez aujourd’hui dans cette tourmente ?
Oui c’est vrai. Je pense que c’est ce qui a toujours fait la force de ce club ! Il y a toujours eu, malgré les hauts et les bas, des gestes faits soit par les dirigeants soit par les joueurs. On veut à tout prix conserver cette identité, cette marque de fabrique. C’est important pour l’histoire du club ! Quelque part, il s’agit là, d’un monde en part : « la berjallie » ! On le doit à nos supporters, à cette ville ! Tout le monde s’est battu pour tout ça ! Mais l’exigence du haut niveau fait que parfois, cela ne suffit plus ! 

Comment appréhendez-vous ces 6 derniers matchs qu’ils vous restent à disputer en TOP 14 Orange ?
On se prépare comme à notre habitude ! Il n’est pas facile de jouer sachant que tu descends. Le seul point essentiel pour nous, maintenant, est de profiter au maximum ! On doit s’efforcer de faire de ces six derniers matchs de grands souvenirs pour le groupe face à de grandes équipes ! 

Et celui de ce week-end face à Toulon ?
Toulon est une grosse carrosserie. Jouer à Mayol ne simplifiera certainement pas notre tâche. On aura un état d’esprit où l’on ne se posera aucune question. Si jamais c’est le cas, on passera une après-midi très compliquée ! 

A 34 ans, on peut dire que vous êtes un joueur de métier. Quel rôle jouez-vous auprès des plus jeunes dans une période noire comme celle-ci, et en vue de la fin de saison ?
J’ai joué un rôle surtout en fin de saison. On savait qu’on était cuits. Dans l’esprit du club, il fallait donc permettre d’intégrer des jeunes du Centre de Formation dans le groupe pro. J’ai donc joué un rôle auprès de ces jeunes, afin de les aider à mieux s’intégrer. On essaie, nous, les « anciens », de leur offrir un certain métier, un certain confort ! Il n’est jamais facile de se jeter dans le bain avec une équipe déjà en place ! 

D’un point de vue un peu plus personnel, envisagez-vous de rester berjallien la saison prochaine ?
Je donnerais tout jusqu’à la fin de cette saison pour mon club ! A la fin de saison, il faudra alors discuter avec les dirigeants ! Mais là je ne m’encombre pas de toutes ces idées ! Il est encore trop tôt ! La situation du club doit s’éclaircir… le club a vécu beaucoup de chamboulements, il faut donc repartir avec un vrai projet pour la saison prochaine. C’est une fois que l’on aura mis tout à plat que je prendrais ma décision. J’ai en tête un dernier challenge pour ma carrière et je dois voir si je le ferais avec Bourgoin ou ailleurs…