Avec 21 matches joués sur 21 possibles et seize titularisations en Top 14, Carl Hayman a réussi à s’imposer à droite de la mêlée toulonnaise. Après une première saison compliquée, la frustration a laissé place au plaisir. Pur.

Carl, comment avez-vous vécu la saison dernière ?

Après Noël, c’était difficile, car je n’ai été titulaire qu’à trois reprises. C’était très frustrant car si tu joues dix minutes par-ci, quinze minutes par-là, tu ne peux pas progresser. Je n’ai eu aucun problème avec Davit (Kubriashvili, Ndlr), mais je n’ai pas vraiment compris ce choix. C’était bizarre…

Cette saison, vous avez pris la pleine de mesure de votre poste et plus particulièrement en mêlée. Comment l’expliquez-vous ?

L’année dernière, j’ai beaucoup appris. La mêlée française est différente de ce que j’ai connu en Nouvelle-Zélande ou en Angleterre. Elle n’est pas arbitrée de la même manière. En Angleterre, si l’un des piliers pousse de travers, l’arbitre siffle tout de suite pénalité. En France, il y a une plus grande tolérance et plus de vice. Du coup, j’ai mis plus de vice dans mon jeu. Cela peut paraître anecdotique pour les autres joueurs, mais pour un pilier, c’est énorme. J’étais venu en France pour découvrir ça et c’est une bonne école. La deuxième chose est que cette année, j’ai plus d’automatismes avec les joueurs de première ligne qui étaient déjà là l’an dernier.

Qu’avez-vous travaillé techniquement pour progresser ?

Avec Olivier Azam, on effectue du travail à genoux, à un contre un ou un contre deux. Je travaillais déjà comme ça en Nouvelle-Zélande, mais c’est important de le faire.

« En France, chaque mêlée est un nouveau combat à gagner »

Avez-vous appris à aimer cette culture de la mêlée française, si différente du Super 15 ?

Oui, beaucoup. Pour un pilier, c’est super. C’est vrai qu’en Super 15, on talonne vite le ballon pour jouer rapidement, mais en France, chaque mêlée est un nouveau combat à gagner. J’aime également beaucoup le jeu courant, mais je m’y retrouve dans un certain équilibre entre le premier travail d’un pilier qui est la mêlée et le reste, les déblayages, les plaquages et le jeu.

Estimez-vous être devenu un pilier à la française ?

Quelqu’un m’a dit qu’avec la barbe et les cheveux longs, je ressemblais à un Français, mais il a dit aussi qu’il fallait que je me bagarre davantage ! (il rit)

Estimez-vous avoir retrouvé votre meilleur niveau ?

C’est difficile à dire, mais c’est bon de jouer et de faire partie intégrante de l’équipe. Ça se passe super bien.

Qu’avez-vous retenu de la victoire face au Racing-Métro ?

On ne panique pas, on reste dans les systèmes. C’est important car il y a les matches de barrage dans huit semaines et cela donne de la confiance à tout le monde.

Vous êtes quelqu’un de très calme. Comment appréhendez-vous le style Bernard Laporte ?

Si on joue bien, il reste calme et il n’y a pas de problème. Quand il hausse la voix à la mi-temps, il fait juste son boulot d’entraîneur, mais il sait aussi être très précis et ça, c’est très important. Venir jouer en Top 14 puis travailler aux côtés de Bernard Laporte m’ont fait comprendre plus de choses sur le rugby français…

Var Matin