Ce devait être une formalité pour les All Blacks. Ce fut tout l’inverse. Samedi soir à Dunedin, la Nouvelle-Zélande a été poussée dans ses retranchements par une équipe de France rajeunie mais décomplexée, au point de frôler une défaite historique. Une prestation remarquable des Tricolores, saluée avec surprise – et parfois admiration – par la presse internationale.

Dans un Forsyth Barr Stadium sous tension, les Néo-Zélandais ont finalement arraché une courte victoire (31-27), au terme d’un match indécis jusqu’à la dernière action. Un dénouement qui n’a pas rassuré la presse locale.

Le média Stuff parle d’une « énorme frayeur », notant de nombreuses lacunes défensives des All Blacks face à une France « privée de ses cadres » mais incroyablement bien organisée. Le site souligne également l’impact du jeu européen porté par les Bleus, un style « auquel les All Blacks ne sont pas habitués », et qui a mis la rencontre sous haute tension.

Du côté du Guardian, on décrit un match à suspense, un « thriller » dont la Nouvelle-Zélande est sortie « à peine vivante ». Même tonalité chez RugbyPass, qui salue « le courage » d’un XV de France qui n’a jamais lâché, tenant tête aux triples champions du monde jusqu’à la sirène.

FloRugby, de son côté, applaudit la performance individuelle de Will Jordan, auteur de deux essais décisifs, tout en résumant l’ambiance chez les supporters néo-zélandais par un « deep exhale, All Black fans… », tant la victoire fut tout sauf confortable.

Mais au-delà du score, c’est surtout la profondeur du réservoir français qui impressionne. À Dunedin, quarante-cinq joueurs cadres manquaient à l’appel, et pourtant, les jeunes appelés ont répondu présent avec audace et maîtrise. Le quotidien régional Otago Daily Times compare cette jeune génération à une « cuvée pleine de promesses », pointant notamment l’éclatante prestation du jeune arrière Théo Attissogbe, décrit comme un « talent brut ».

Le prestigieux New Zealand Herald va même plus loin : 

« ce fut le meilleur joueur du match. Arrivé avec une grande réputation, il l’a justifiée par son énergie et sa vivacité. De belles courses, capable de nettoyages décisifs dans l’intensité de la fin de partie. Le centre All Black Billy Proctor est probablement trop jeune pour se souvenir de Serge Blanco, mais il a eu un avant-goût de ce  »classique » lorsque le maillot français numéro 15 s’est envolé hors de portée face à lui. »

Loin d’un simple match de rodage, ce premier test de la tournée a ouvert une nouvelle fenêtre sur le potentiel d’un rugby français en pleine régénération. Et si les All Blacks ont évité la désillusion, c’est avec la conviction qu’ils devront hausser le ton pour ne pas tomber lors du prochain rendez-vous.