Ce joueur Toulousain avoue avoir rencontré des moments très compliqués avant d’exploser au plus haut niveau

Ce joueur Toulousain avoue avoir rencontré des moments très compliqués avant d’exploser au plus haut niveau

Le samedi 17 mai 2025 à 9:12 par David Demri

4 Commentaires

Publicité

C’est seulement sa deuxième saison avec l’équipe première du Stade Toulousain, mais le 3e ligne Mathis Castro-Ferreira prend de plus en plus de place au sein de l’effectif. Auteur de neuf essais lors de sa première année, il participe maintenant aux matchs de phases finales. Enfant de la balle issu d’un environnement 100% rugby au pieds des Pyrénées, avant d’affronter le Racing 92 ce samedi, ce joueur complet de seulement 21 ans raconte son parcours et ses ambitions, avec l’équipe de France dans un coin de la tête.

Mathis Castro-Ferreira, vous faites partie de cette longue liste de joueurs du Stade Toulousain venus des Pyrénées, comme Baille, Dupont ou Marchand avant vous. Quand on vit et débute le rugby à Maubourguet, dans les Hautes-Pyrénées, a-t-on déjà un lien avec le Stade Toulousain, club phare de la région ?

Oui, bien sûr. Tout jeune, je pense. Tout jeune joueur de rugby rêve de porter un jour les couleurs du Stade Toulousain. De par son histoire, les joueurs qui sont passés, cette force qu’il y a au sein du club pour gagner des titres. Tout jeune joueur rêve de porter ces couleurs-là et encore plus dans la région où c’est un club qui la représente. Donc depuis tout petit, oui, je rêve de porter ces couleurs-là.

Vous débutez le rugby à l’âge de quatre ans. Votre environnement y est propice ?

Ah, c’est rugby, oui ! Ma cousine elle m’a fait aussi, donc c’est une famille où je dirais presque que si on ne fait pas de rugby, ce n’est pas normal ! Qu’on n’est pas de la famille, quoi (sourire) ! Mais oui, bien sûr, quand on rentre à la maison sur des week-end de repos, des coupures, on parle que de rugby. Donc c’est normal de faire un peu de rugby dans la vie. Mon père a fait du rugby, mon grand-père, mes oncles, mes cousins et ma cousine aussi. Donc c’est vraiment une famille 100% rugby.

C’est très jeune quatre ans pour débuter dans ce sport ?

Quatre ans, oui, je ne sais plus comment s’appelle la catégorie, mini-poussin ou baby, mais oui, dès qu’on peut marcher ou ne serait-ce que courir quand on est petit, on essaie le rugby. Ou d’autres sports, mais chez nous, vu que la région et le département Hautes-Pyrénées, c’est vraiment « rugby, rugby », j’ai commencé à quatre ans, oui. Je regardais mon père jouer le dimanche. Mais le samedi, c’est moi qui étais sur des petits tournois et des petits plateaux avec maman. Et le dimanche, on allait voir papa jouer.

Comment le Stade Toulousain vous a fait venir ?

Pour ma part, ça s’est passé sur des stages d’été. Ils font plusieurs catégories d’équipe par tranche d’âge. Je sais qu’une année, j’avais été surclassé avec des joueurs nés en 2000 (il est né en 2004). Et au tout début, c’était pour venir jouer sur les catégories Juniors et une fois arrivé au lycée, pour être à l’internat. L’année suivante, j’ai refait ce stage-là et, en sortie du stage, ils m’ont demandé si j’avais envie de venir au Stade Toulousain. Là, du coup, j’ai bénéficié d’une double licence avec Maubourguet et le Stade Toulousain. J’étais au collège la semaine à Maubourguet et le vendredi, avec mes parents, on prenait la voiture, on montait à Toulouse pour faire l’entraînement du vendredi soir, l’hôtel en suivant et le samedi, tournoi. Ensuite, on revenait. Ça a été ça pendant un an. Et après, pour la catégorie Cadet, j’ai été en famille d’accueil.

Cette année a été compliquée ?

La première année, oui. On se dit, heureusement que ça a payé. Donc on n’a pas de regrets. Mais c’est sûr que ça a été compliqué, parce que les allers-retours, même si le Stade Toulousain nous a beaucoup aidés, c’est quand même une épreuve. Faire la route tous les week-ends, ça peut être compliqué. L’année suivante, en famille d’accueil, j’étais donc loin de mes parents. C’est là où on se pose un peu de questions. Mais on n’a jamais lâché, on a toujours vu le côté positif de tout cela. Donc je pense que c’est ce qui a permis de garder le cap et de pouvoir en être là aujourd’hui.

Il y a eu des moments durs ?

Oui, je ne vais pas le cacher. Des moments durs, quand vous avez 14 ans et quand on vous sort du cocon familial, de ne plus être avec ses parents à cet âge-là, c’est un peu compliqué. Parce que nos parents, quand on est jeune, ce sont eux qui nous guident, ce sont eux qui nous aident, et là, de se lever le matin et de se coucher le soir sans eux, c’est un peu compliqué. Donc oui, oui, c’est sûr que ça n’a pas été totalement facile à chaque fois. Mais je pense aussi que ça m’a un peu construit humainement, car j’ai été livré assez rapidement à moi-même. Donc j’ai dû faire tout seul. Même si mes parents m’ont aidé à distance, j’ai su me prendre en main et aujourd’hui, ça m’aide beaucoup.

A quel moment, quel âge, on se dit qu’on veut faire de ce sport son métier ?

Moi, je dirais que c’était plutôt petit. J’ai toujours voulu jouer au Stade Toulousain. Et petit, je pensais qu’ils s’entraînaient le soir et que la journée, ils étaient dans des bureaux. Qu’ils travaillaient par-là, que c’était des gens comme mes parents quoi (sourire). Et je pensais que le soir, ils s’entraînaient. Mais en fait, plus on connait le milieu, pas du tout (rires). On s’entraîne tous les jours. Donc oui, après, quand je suis arrivé ici, que j’ai vu qu’ils passaient leur journée à vivre du rugby, en venant ici, ça m’a conforté dans mon choix de vouloir ne faire que du rugby et d’en vivre.

En tant que jeune, comment évolue-t-on au sein d’un effectif comme celui du Stade Toulousain et face à cette concurrence en 3e ligne ? Sans complexe ou sur la pointe des pieds ?

Dire qu’on est sans complexe, ça serait mentir. On est petits, on a 18 ans, on sort des Crabos, on monte en espoir, et les premiers entraînements pros, vous côtoyez des mecs qui sont des grands internationaux. Donc vous arrivez sur le point de des pieds, vous regardez faire. Vous admirez la capacité qu’ils ont à jouer quand même, parce que ce sont de grands joueurs, des mecs que tout le monde admire. Et après, eux, nous mettent dans le confort aussi. Ils nous intègrent facilement dans la vie de groupe. On discute, on échange, on demande des conseils sur chaque spécificité du poste, et c’est ce qui permet aujourd’hui d’avoir cette relation qu’on a. C’est-à-dire qu’on n’a pas de concurrence malsaine, tout le monde s’aime. On s’entraide, on passe des bons moments sur le terrain, on est une bande de potes, et voilà, c’est ça qui permet d’avoir, je pense, une émulation importante au sein du groupe.

Combien de temps met-on à se lâcher véritablement ?

Moi, ça fait deux saisons que je suis bien dans cette équipe. La première saison on est timide, on est dans son coin, on n’ose pas discuter, on n’ose pas parler, parce qu’on a peur de déranger. Donc la première année, elle est un peu compliquée, mais après, ils nous mettent dans le confort, ils nous titillent un peu, ils nous mettent des pièces, on se chambre et voilà, au fur et à mesure, et on se sent à l’aise.

Qui a ce rôle dans le vestiaire ?

Cyril Baille, Julien Marchand, Dorian Aldegheri, c’est des mecs qui savent mettre les gens à l’aise. Après, en 3e ligne, Anthony Jelonch, Jacques Willis, Alexandre Roumat, tout le monde, même François (Cros), c’est tous des mecs qui ont leur façon de mettre les gens à l’aise au sein du groupe.

Sans parler d’être titulaire, faire partie du groupe sur des matchs de phases finales, est-ce déjà positif ?

Bien oui, bien sûr, de se dire que à 20 ans, 21 ans, on arrive quand même à pouvoir jouer avec des mecs comme ça en phases finale, je ne l’aurais pas cru quand même. Ça serait dire que, voilà, c’est prétentieux de se dire qu’à 20 ans, 21 ans, on aurait des phases finales avec l’équipe 1, sachant l’ampleur du groupe et ce niveau qu’il y a d’exigence aussi. Donc oui, je suis très content d’avoir pu participer à des faces finales pour l’instant de Coupe d’Europe. En Top 14, ça ne s’est pas fait encore, j’espère, cette année. Mais oui, je suis très content d’avoir pu participer.

Que vous apprennent ces matchs là ?

Mais ces matchs-là, on voit que ça change de braquet. C’est-à-dire qu’il y a un autre niveau d’exigence. Parce que ça peut être un match pour avancer comme le dernier de la compétition. Donc tout le monde monte son niveau d’exigence, tout le monde en demande plus et c’est ce qui fait que, inconsciemment, on monte tous notre niveau de jeu. On est plus exigeants envers nous-mêmes déjà et envers tout le monde. Envers le collectif, on prend plus de compétences gérées sur le sang-froid, déjà. Savoir maîtriser ces émotions, pas faire l’action de trop, être tout le temps dans la connexion avec le groupe. Et ensuite, sur le plan individuel, être plus précis sur ses prises et ses décisions et sur ses initiatives.

Vous nourrissez-vous de vos coéquipiers ?

Oui, c’est sûr qu’on se nourrit de ces mecs-là qui ont participé à des Coupes du monde, qui ont gagné des 6 Nations, qui ont déjà gagné au sein du club, en Top 14, en Coupe d’Europe. C’est des mecs qui savent gérer leurs émotions. Donc, on se sert d’eux aussi un peu, ne serait-ce que pas forcément pour discuter, mais une tape dans le dos, quand ils nous mettent une table dans le dos, ça nous rassure aussi. On sait qu’ils sont là et qu’il ne faut pas se mettre trop de la pression non plus. Donc, c’est des mecs qui nous rassurent beaucoup sur le match.

Vous avez inscrit neuf essais lors de votre première saison. Vous en êtes à quatorze en trente-deux matchs avec Toulouse et dix en seize sélections avec l’équipe de France U20. Vous vous attendiez à marquer autant ?

Non. Non pas du tout (rires) ! Mais oui, après, certains vous diront que c’est des essais en bord de ligne ou j’ai juste à relever, à marquer. Ils n’ont pas tort (sourire). Mais oui, marquer neuf essais en Top 14, bien sûr que je ne l’aurais pas cru. Surtout pour ma première saison, à 20 ans… je ne l’aurais pas cru du tout.

Vous aimez marquer des essais ? Certains joueurs sont attirés par la ligne…

Oui, j’aime bien. Après, je sais qu’en 3ème ligne, ce n’est pas ce qu’on demande le plus. Au-delà de marquer, on demande plus les tâches de l’ombre et faire avancer l’équipe. Marquer, c’est plus pour les ailiers et les trois quarts centres.

Sentez-vous le groupe vexé après l’élimination en demi-finale de Champions Cup face à l’UBB ?

Ça serait mentir dire qu’on n’est pas vexés, c’est une compétition qui nous tient un cœur, on se prépare pour la jouer et la gagner. Donc, oui, le groupe a été beaucoup marqué par cette élimination-là. On a parlé en début de semaine où on s’est dit les choses, on a mis tout à plat. Et après, on passe autre chose pour préparer la rencontre de Toulon, le week-end dernier.

Quel est le but de l’équipe actuellement ? Maintenir l’exigence ?

C’est maintenir l’exigence et le niveau, oui, c’est continuer à se développer et à travailler sur nous-mêmes pour être meilleurs chaque semaine. Parce qu’on sait que plus on va arriver à la fin, plus tout le monde va être exigeant. Déjà, la rencontre va être plus serrée. Parce que tout le monde va jouer les matchs à fond. Donc, on sait qu’individuellement, collectivement, il va falloir qu’on se développe encore plus pour espérer aller jusqu’au bout.

Vous avez évolué en équipe de France chez les jeunes, vous avez été le capitaine des U20. Est-ce que ça veut dire, quand on a votre parcours, qu’on pense à retrouver un jour le maillot tricolore chez les « grands » ?

Oui, on souhaite, bien sûr, porter un jour les couleurs de son pays, représenter son pays. Surtout quand, en plus, a goûté au titre en moins de 20, où on a pu gagner le titre de champion du monde. Donc on se dit que, l’étape d’après, c’est d’intégrer cette grande équipe de France en sachant, bien sûr, qu’il y a une concurrence très forte, beaucoup de travail à accomplir pour pouvoir y arriver et pour, par la suite, espérer porter ce maillot et représenter suffisamment son pays.

Echangez-vous avec le staff des Bleus ?

Oui, j’ai des échanges avec le staff. Sur des pré groupes avant l’annonce des groupes officiels, mais aussi par le biais de nos prépa-physiques parce qu’ils échangent beaucoup par rapport aux besoins des joueurs individuels. Donc, oui, il y a pas mal d’échange avec eux.

Qu’attend-on de vous ?

Je ne sais pas, ça peut être l’enchaînement de tâches, déjà, qui est très important sur le 3e ligne et le déplacement et la répétition des efforts à haute intensité.

La Coupe du monde en Australie, en 2027, peut-elle être un but ?

Ça peut être un moteur, oui. Après, voilà, c’est dans deux ans. On me dit que ça va vite, mais c’est loin quand même. Puis, comme je disais, il y a pas mal de concurrents. Donc, d’abord, c’est de se concentrer sur la tâche au sein du club, s’imposer ici parce que si on ne joue pas au club, on ne peut pas prétendre à monter avec la sélection nationale. Donc, d’abord, s’imposer ici, prouver qu’on peut jouer avec cette équipe. Et pour prendre la suite, pourquoi pas prétendre à monter avec l’équipe de France.

Tout va très vite pour vous ces derniers mois…

 Je pense que pour l’instant je n’arrive pas trop non plus à réaliser. Je pense que je réaliserai un peu plus tard, quand je me dirais : « mais il s’est passé pas mal de choses en si peu de temps ». Voilà, après, je sais que par rapport à la tournée (en Nouvelle-Zélande), c’est après la compétition. Donc d’abord, je me consacre à la fin de saison. Mais oui, tout peut aller très vite dans une carrière.

Via RMC Sport

Publicité

4 Commentaires

  1. stade75 17 mai 2025 at 11h- Répondre

    Et dire que certains osent dire que le ST pillent les clubs alors que la plupart des joueurs disent que leur rêve est de jouer à Toulouse

    J'aime 11
    J'aime pas 4
  2. Toulouse 17 mai 2025 at 12h- Répondre

    C’est de la jalousie.. Les mêmes parlent de pillage lorsqu’un jeune est recruté à Blagnac, Mdr ! Il faudrait que tous les joueurs soient nés à Ernest Wallon pour qu’il soit Toulousain. On va monter une maternité à EW!

    J'aime 5
    J'aime pas 2
    • jmBriquette 17 mai 2025 at 14h- Répondre

      Parce que leurs clubs quand ils achètent à tour de bras, là pour eux,ce n’est pas du pillage.

      J'aime 3
      J'aime pas 1
    • jmBriquette 17 mai 2025 at 14h- Répondre

      Et puis tout le monde sait, même au fin fond des montagnes, que le ST paye un second salaire net d’impôts à Tahiti à tous les joueurs même ceux qui sont à l’école de rugby.
      Mais que fait la police???

      J'aime 3
      J'aime pas 1