Contrôlé positif, Ntlabakanye peut défier le XV de France : La réponse lunaire de Rassie Erasmus

Contrôlé positif, Ntlabakanye peut défier le XV de France : La réponse lunaire de Rassie Erasmus

Le vendredi 7 novembre 2025 à 21:43 par David Demri

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À la veille du match entre la France et l’Afrique du Sud, samedi soir au Stade de France (21h10), une polémique inattendue agite le rugby mondial. En rappelant Asenathi Ntlabakanye, malgré une procédure antidopage en cours, Rassie Erasmus a pris le risque de raviver de vieux soupçons qui collent depuis longtemps au rugby sud-africain.

Le sélectionneur des champions du monde s’est justifié sans trembler. « C’est dur, pour quelqu’un qui n’a pas encore été reconnu coupable et sur lequel il y a encore une enquête », a-t-il plaidé jeudi. « Il n’est pas suspendu et on nous dit qu’il peut jouer. Mais si les gens veulent en faire toute une histoire… »

Un ton désinvolte qui n’a pas manqué de relancer les critiques, deux ans seulement après que l’Agence mondiale antidopage (AMA) a menacé l’Afrique du Sud de sanctions pour son retard dans l’application du code mondial antidopage.

Dans un pays où le dopage est un sujet sensible, l’affaire Ntlabakanye résonne comme un mauvais souvenir. Ces dernières années, plusieurs internationaux — Elton Jantjies, Aphiwe Dyantyi, Chiliboy Ralepelle — ont déjà été suspendus. Un rappel brutal d’un passé que le rugby sud-africain tente de laisser derrière lui.

Clinton Van der Berg, ancien journaliste et auteur du livre Guns and Needles : A Journey into the Heart of South African Sport’s Steroid and Drug Culture, résume : « Historiquement, le problème de dopage du rugby sud-africain a débuté dans les années 1980 et a atteint son point le plus haut dans les années 1990, surtout avec des stéroïdes. »
Selon lui, la situation s’est améliorée : « Ces dernières années, la Fédération sud-africaine et le SAIDS ont vraiment pris des mesures contre le phénomène. Surtout, il y a eu de la sensibilisation et de l’éducation. »

Pourtant, les chiffres du SAIDS, l’agence nationale antidopage, interrogent. En 2022 et 2023, près de 400 tests ont été réalisés sur les rugbymen. Mais ce nombre a chuté à 166 cette saison, conséquence directe de la perte d’accréditation du laboratoire de Bloemfontein. « On a dû ajuster le nombre de tests pour faire face aux dépenses supplémentaires engendrées par l’envoi des échantillons à l’étranger, à Doha et à Gand », reconnaît Khalid Gelant, porte-parole du SAIDS.

Les statistiques restent modestes — huit cas positifs en 2022-2023, quatre l’année suivante, deux cette saison —, mais le taux de dopage dépasse régulièrement 1 %, soit plus qu’en France. Et un autre chiffre inquiète : le nombre croissant de “personnes protégées”, un terme qui désigne les sportifs mineurs.

« Dans le rugby des lycées, à partir des années 2000, le problème a été grave », souligne Van der Berg. « Il y a des sponsors, ça passe à la télé, c’est un business. Il y a une forme de pression, car il y a de possibles contrats pros au bout. »
L’exemple de Johan Goosen, suspendu à 18 ans en 2010 pour un complément alimentaire contaminé, reste dans les mémoires.

Aujourd’hui, les Springboks affirment avoir renforcé leurs contrôles. « Les cas sont devenus plus rares, et on est surpris chaque fois qu’il y en a un nouveau », insiste Van der Berg. « Il y a trop de choses en jeu pour ces joueurs maintenant. »

Reste que, dans un pays où le dopage chez les jeunes continue de poser question, la décision de faire rejouer Ntlabakanye pourrait bien ternir, une fois encore, l’image d’un rugby sud-africain en quête de crédibilité.

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