Dan Carter connaît mieux que quiconque l’exigence du maillot noir.

Interrogé via Midi Olympique sur la nouvelle ère ouverte par Scott Robertson, la légende néo-zélandaise salue un groupe à la fois ambitieux, équilibré et porté par une génération montante qu’il observe avec attention.

« Je trouve qu’il y a un très bon équilibre entre jeunesse et expérience », glisse-t-il à propos des premiers choix du nouveau sélectionneur.

Il cite notamment Timoci Tavatavanawai, révélation chez les Highlanders : « Il a fait une saison exceptionnelle avec les Highlanders, qui ont pourtant lutté tout au long de l’exercice. Et cela fait deux ans que cela dure. Il peut avoir un réel impact sur le terrain, qu’il soit titulaire ou remplaçant. Il peut jouer 12 ou ailier, il me fait penser à Josua Tuisova. Très physique balle en main, excellents appuis… »

Autre nom à surveiller : Billy Proctor, le centre des Hurricanes. « Il était blessé sur la première partie de saison de Super Rugby mais il a été absolument incroyable dès qu’il est revenu ». Selon Carter, la concurrence au centre est féroce, au point que « certains disent que l’on va même déplacer Rieko Ioane à l’aile pour tester de nouveaux joueurs au centre ».

Le rugby, une affaire de loyauté : Carter salue la patience de Kirifi

La fidélité au maillot noir est aussi au cœur des choix salués par l’ancien ouvreur. Il évoque avec émotion le parcours de Du’Plessis Kirifi : « Beaucoup de gamins grandissent avec le rêve de devenir All Black. […] Du Plessis est un joueur majeur du Super Rugby depuis des années. Et il a refusé un paquet d’offres pour aller jouer à l’étranger pour garder toutes ses chances d’être appelé. […] Chapeau à lui de s’être accroché à son rêve. »

Et que penser de Fabian Holland, le colosse hollandais des Highlanders ? « C’est vraiment un géant. Il est immense. Et à ce poste de deuxième ligne, la taille compte. Les All Blacks auront besoin de ce genre de joueur robuste pour dominer physiquement leurs adversaires », note Carter. « Je suis super heureux pour lui et sa famille. Ces premières sélections me rappellent toujours la mienne… »

Souvenirs d’un appel… à la radio

Dan Carter se remémore d’ailleurs ses débuts internationaux dans un rugby encore analogique : « C’était en 2003, et je ne m’y attendais pas du tout […] à cette époque, on annonçait le groupe à la radio […] c’est mon père qui m’a appelé : “Fils, tu es pris avec les All Blacks.” J’ai cru à une blague au début […] Il était tellement heureux pour moi. Il a toujours été mon supporter numéro 1 ».

Scott Barrett, capitaine discret mais respecté

Concernant le leadership dans ce nouveau cycle, l’ex-Crusader valide la confiance accordée à Scott Barrett. « Scott ne parle pas beaucoup. Mais tout le monde le suit. C’est le professionnel ultime. Il a une humilité incroyable », dit-il. « En Nouvelle-Zélande, on dit que capitaine et sélectionneur sont les deux jobs les plus durs du pays. Certains disent même que c’est pire ou plus important que d’être Premier ministre ! », plaisante-t-il à demi-mot.

Il estime que les expériences difficiles vécues aux Crusaders l’ont forgé : « Toutes les leçons apprises ces deux dernières années seront précieuses pour lui ».

Les Crusaders, miraculés d’une saison infernale

La remontée spectaculaire de ses anciens coéquipiers, vainqueurs du Super Rugby après un début de saison catastrophique, l’a marqué. « Remarquable. Quel come-back ! La saison dernière a été un enfer. […] Mais ils ont réussi à renverser les choses et ont remporté ce titre cette année. C’est vraiment incroyable ».

S’il n’est plus au centre du projet, Carter reste passionné : « Je les suis en tant que supporter […] j’entraîne depuis mon canapé, comme n’importe quel supporter ! », sourit-il.

McKenzie ou Barrett à l’ouverture ? Carter ne tranche pas

Enfin, impossible de ne pas l’interroger sur le choix du numéro 10. Et Carter botte (habilement) en touche : « Oh mon Dieu ! Je n’en sais rien. Lancez une pièce en l’air et vous verrez bien ! Je n’ai vraiment aucune idée de celui que Scott Robertson doit faire jouer. » Il souligne les qualités des deux candidats : « On a une chance immense d’avoir deux joueurs de cette qualité au poste […] Tout dépend du plan de jeu, et des conditions ».

Il finit par donner sa solution et mise sur une titularisation de Damian McKenzie à l’ouverture. Extrait:

« Pour répondre quand même à la question, je titulariserais Damian McKenzie si je devais me baser sur ses prestations en Super Rugby. C’est ce qu’ils ont fait l’année dernière : Damian a commencé en 10 mais Beauden est revenu au poste en fin de saison internationale. Vont-ils rester là-dessus ? En tout cas Damian mériterait de conduire l’attaque des All Blacks au vu de ses récentes performances. Mais si ce n’est pas le cas, on sait que Beauden tiendra son poste.

Pour en revenir à votre exemple français, j’étais content de voir que Romain était enfin de retour après sa grave blessure, mais Matthieu a vraiment fait un grand pas en avant durant le dernier Tournoi. Il y a une belle rivalité entre eux, c’est un peu comme ici. »