Daniel Herrero explique à sa manière pourquoi rien ne fonctionne à Montpellier

Daniel Herrero explique à sa manière pourquoi rien ne fonctionne à Montpellier

25 janvier 2021 - 16:12

12 Commentaires

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Présent sur les ondes de Sud Radio, l’emblématique Daniel Herrero s’est longuement confié sur la dégringolade du club de Montpellier en cette saison 2020 / 2021.

L’ancien joueur et entraîneur du Rugby Club Toulonnais a expliqué pourquoi rien en fonctionnait du côté du MHR. Extrait:

« Le cas de Montpellier est intéressant. C’est une équipe extrêmement étoffée en terme de joueurs, de bons joueurs, de grands joueurs. C’est une équipe qui a une belle expérience avec des talents à tous les postes. Mais depuis le début de la saison et même depuis deux ou trois saisons, elle aligne des performances très contradictoires. Elle est rarement épanouie dans le jeu et elle est rarement dans la construction mais souvent dans une énergie de jeu orienté vers le robuste, la survie et jamais dan la construction et orientée vers un traitement du jeu à haute priorité. L’équipe de Montpellier semble touchée par une maladie étrange qui est celle du doute, du manque de confiance et peut-être même du manque de confiance dans le cœur des hommes. Ils ont sans doute essayé de trouver un peu les origines de cette composante psychologique qui freine l’équipe. Le coach semblait ne pas amener la sérénité et la confiance dans le traitement du jeu. Xavier Garbajosa est parti au frigo, Philippe Saint-André est arrivé à la gestion et l’équipe continue de garder ces mêmes troubles qui amènent doutes et fébrilités dans le jeu. Il y a faiblesse, pauvreté et une malchance permanente. »

Selon lui, Montpellier axe tout son jeu autour de sa puissance, ce qui ne permet pas à l’équipe d’évoluer et de surprendre ses adversaires. Extrait:

« On est dans une dynamique de haute complexité morale et psychologique. Le talent y est mais il germe peu. Il semble que sur le comportement des hommes individuellement, ce soit peu préjudiciable. Ils ne sont pas fainéants, ils ne semblent pas tricheurs, et pourtant ça ne pétille en rien et en rien ça ne génère une volonté collective d’être dans le rythme, dans la tonicité et dans la transcendance de solidarité. Contre Lyon, on a vu deux ou trois petits enchaînements mais ça reste pauvre. Depuis cinq ou six ans ça joue autour de la puissance de ses avants, mais ça construit très peu de jeu dans les enchaînements, ça varie très peu le jeu, c’est presque exclusivement basé sur la puissance collective, la perforation collective. On n’a pas l’ensemble des ressources du jeu qui sont offertes aux hommes. On pense que ce sont les techniciens Sud-Africains qui ont apporté cette méthode, mais ça n’a pas bien marché. Avec Garbajosa, il y avait cette volonté d’ouvrir le jeu mais ça n’a pas bien marché non plus. L’hypothèse à mon sens ne peut-être que dans un nouveau traitement du jeu. Il faut que ce soit un nouveau traitement du jeu qui amène l’appétit collectif. A Montpellier, ce n’est plus le champ émotionnel qui peut révolter. Je crois que cette équipe de Montpellier, il faut qu’elle réapprenne à jouer correctement au rugby. A force de se dire que c’est une équipe de peureux, de délabrés ou d’egos surchauffés, je ne pense pas que ce soit la solution. Le talent des hommes est trop endormi. »

Pourtant, il indique que des techniciens de grande renommée se sont succédés à la tête de Montpellier, en vain. Il remet en cause les méthodes de faire de Mohed Altrad. Extrait:

« Mohed Altrad s’est souvent entouré de gens qui semblaient de hautes compétences. Les entraîneurs de Montpellier depuis 5 ou 6 ans ce sont des kings, des tops ! Mais tu vois une ligne directrice qui est « tu te la fermes, tu joues, tu gagnes tes thunes et à partir de là on verra bien, et si tu n’es pas bon tu partiras au frigo ». On sent bien que là, on n’est pas dans la dynamique la plus enthousiasmante sur le plan des relations humaines. L’équipe de Montpellier ne semble jamais être dans une aventure mais uniquement dans un travail permanent avec le pouvoir total du boss. Je ne veux pas être d’une sévérité excessive avec lui, mais on sait que son potentiel connaissance du jeu n’est pas sa référente numéro un ! Sur le domaine de l’échafaudage, il est au top de la planète. On sent aussi qu’il a un peu le goût de venir voir sur le terrain ce qu’il s’y passe. On sent bien que ça ne génère pas joie et enthousiasme ! Tu te la fermes, tu joues et bonsoir. »

Pour conclure, Daniel Herrero évoque les joueurs du MHR. Extrait:

« Les joueurs de Montpellier sont sans doute parmi les joueurs les mieux payés de France et on sait bien qu’il y a un niveau de recrutement très élevé. Mais est-ce que le mercenaire peut aimer le pays où il est ? Est-ce que celui qui gagne de l’argent peut-être autre chose qu’à la mission d’apporter son labeur et son application ? Est-ce qu’il peut-être dans une aventure humaine qui soit pétillante ? Le sportif est un joueur. Est-ce qu’il est un travailleur ? Je dirais que ça fonctionne comme cela à Montpellier depuis assez longtemps ! Il est peu joueur, il est peu ludique et peu enthousiaste. » 

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12 Commentaires

  1. sergio83 25 janvier 2021 à 16h- Répondre

    tout est dit !

  2. Trompette 25 janvier 2021 à 16h- Répondre

    « Mais est-ce que le mercenaire peut aimer le pays où il est ? »

    à Toulon, oui.

  3. rugbyx 25 janvier 2021 à 16h- Répondre

    Bonne analyse 🙂
    Moi qui mettait tout sur le dos de guirado le poisseux :p

  4. Lou provençau 25 janvier 2021 à 16h- Répondre

    Toujours de belles analyses ce Monsieur Herrero…. 😉

  5. Mocodéro 25 janvier 2021 à 17h- Répondre

    Je serais Mohed, j’essaierais d’embaucher Dany en consultant…

    • Reivax 26 janvier 2021 à 13h- Répondre

      Si j’étais M.Altrad, je me poserai des questions sur mon propre management ! Critiques à peine dissimulées de notre Dany de la rade…

  6. Yapasessai 25 janvier 2021 à 18h- Répondre

    Alors comme les mercenaires sont légions (c la bonne expression !) dans tous les clubs, et loin s’en faut seulement à Mtp, pourquoi ça fonctionne dans souvent ailleurs et pas souvent à Mtp ? Comme c souligné ds cette conversation, la faute au président ? A l’entraîneur? Mystère…Et contrairement à de fréquents commentaires, à Mtp on aime le rugby et ce sport y est pratiqué depuis plus de 100 ans ! Et Bonne chance aux clubs qui réussissent pour la suite…

  7. Lapierre 25 janvier 2021 à 18h- Répondre

    Il y a des mauvaises manies à perdre : comme celle de ces abrévations de merde. Personne n’utilise Mtp d’une, et de deux si ce devait être le cas il faudrait choisir Mpl ! Là-bas ils disent Montpel en plus …

  8. Amorosino976 25 janvier 2021 à 18h- Répondre

    J aime bien cette analyse. Elle est mesurée, neutre. Nous ne sommes pas dans le jugement genre pseudo consultant de Canal ( Hormis Dusautoir qui est un homme intelligent ).
    Merci pour ces paroles.

  9. Thy le narbonnais 26 janvier 2021 à 08h- Répondre

    Non Daniel a tout résumé avec ces mots bien à lui tant qu’il n’y aura pas un changement de mentalité que la culture du pognon qui ne fait pas tout il faut de l amour ce respecter redonner de l envie de l ambiance le goût de gagner ensemble pour les joueurs et les supporters c est vrai ce club paye les erreurs du passé trop de joueurs sud africain avec leur culture

  10. Barreau 26 janvier 2021 à 12h- Répondre

    ça fait déjà 3 saisons qu’on constate les dégâts de cette  » secte » sud africaine…Bochut doit se retourner dans sa tombe…ce pack sudaf a fait illusion la première année… ensuite quand tout le monde a compris son fonctionnement… ça s’est terminé.. mauvaise analyse des résultats…on garde Nadollo alors que c’est un grand dadais nul en défense.. on pourrait en parler des heures

  11. Gj 26 janvier 2021 à 14h- Répondre

    Un grand merci a Daniel Herrero pour son analyse , sa clarté, mais aussi sans langue de bois lorsqu’il parle de Altrad et de sa grande distribution financière sans résultats !