Quand Paul Willemse a annoncé sa retraite à 32 ans, contraint par une série de commotions cérébrales, c’est un pan de sa vie qui s’est brutalement effondré.

Habitué à l’intensité des matchs, aux saisons cadencées par les compétitions et aux entraînements millimétrés, le deuxième ligne du XV de France a soudainement basculé dans un quotidien silencieux, sans cadre ni objectif.

Il avoue avoir traversé une période sombre après l’arrêt.

Il s’est confié via RMC Sport : 

« Je me suis senti inutile. Pour la première fois je n’étais pas fatigué, je n’avais pas mal, mon corps allait super bien et j’avais beaucoup plus d’énergie. Je sentais que je devais faire quelque chose mais je ne savais pas quoi faire. Et c’est là, quand tu as beaucoup de temps libre, que ton cerveau tourne à 1000 km/h… »

La liberté, que beaucoup envieraient, s’est transformée en piège mental :

« Tout le monde rêve de ne pas mettre un réveil. Mais oui, c’est bien pour deux, trois, quatre semaines. Après je me suis dit : ‘Pourquoi je me lève ?’ J’ai 32 ans, il n’y a personne qui est à la retraite à mon âge. Tout le monde bosse. Donc tu es seul, tout seul et il n’y avait rien qui se passait dans ma vie. »

Retrouver le terrain… autrement

Pour se reconstruire, Willemse a finalement choisi de renouer avec le rugby, mais de l’autre côté de la ligne de touche.

Un retour progressif, presque inattendu, mais qui lui a permis de retrouver confiance et repères :

« Je ne voulais pas du tout revenir dans le rugby parce que les deux dernières années de ma carrière, ce n’était pas ça… Mais retrouver le rugby ça m’a beaucoup aidé mentalement dans une période où c’était vraiment compliqué. Je suis consultant à Nîmes une fois par semaine. Ça me plaît beaucoup et puis je suis aussi capable de faire une ou deux mêlées (rires). »

Même s’il s’interroge encore sur ses qualités d’entraîneur, l’ancien Montpelliérain apprécie ce rôle de transmission, loin de la pression des grands rendez-vous.

Une nouvelle aventure entrepreneuriale

En parallèle, Willemse s’est lancé dans un autre projet : la création de sa propre marque de compléments alimentaires. Une manière d’explorer le monde de l’entrepreneuriat tout en restant connecté à la performance sportive et à la préparation physique, des univers qu’il connaît intimement.

Il regarde plus globalement vers quelle direction se tourner : 

« Je suis en train de regarder ce que je peux faire, dans quelle direction je peux aller. Je n’ai pas encore décidé, je vais voir si des gens m’appellent. Je vois que le coaching me plaît plus que ce que je pensais.

J’ai beaucoup profité en famille, j’ai pris du recul. J’étais très stressé de cette fin carrière. D’habitude, chaque semaine, tu vis énormément d’émotions. La vie normale n’est pas normale pour un sportif. J’ai pété un plomb pendant un moment. Émotionnellement, j’ai passé une période un peu sombre. Ça va mieux aujourd’hui. »

Aujourd’hui, l’ancien international savoure ce nouvel équilibre. Entre le terrain, où il conseille désormais les plus jeunes, et ses projets personnels, il a trouvé une manière de transformer le vide de la retraite en une opportunité de renaissance.