Des recrues peu convaincantes, une défense amorphe… Les vérités sur la chute du Stade Rochelais !
Des recrues peu convaincantes, une défense amorphe… Les vérités sur la chute du Stade Rochelais !
Le mardi 17 juin 2025 à 11:31 par David Demri
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Le Stade Rochelais avait tout pour construire une dynastie. Deux sacres européens consécutifs, une culture de la gagne bien ancrée, et un effectif parmi les plus redoutés du continent. Mais un an après une finale de Champions Cup magistrale à Dublin, les Jaune et Noir sont absents des phases finales du Top 14 pour la première fois depuis 2018.
Une chute brutale, symptomatique d’un club arrivé au bout d’un cycle.
Cette semaine, Midi Olympique revient sur les failles d’un système qui n’a pas su évoluer au bon moment.
Une révolution tactique qui n’a jamais pris
À l’été 2023, le staff rochelais affichait une volonté claire : faire évoluer le jeu vers davantage de mobilité, de créativité, de vitesse. « Tendre vers le jeu du Leinster », déclarait Sébastien Boboul. Un virage ambitieux, louable, mais dont la mise en œuvre a buté sur une réalité plus complexe.
Certes, les statistiques témoignent d’une certaine évolution : nombre record de passes, de défenseurs battus, et 52,2 % de possession moyenne cette saison. Mais dans les faits, le jeu n’a jamais trouvé le liant espéré.
Entre un pack moins dominateur et une ligne de trois-quarts en manque de justesse technique, les Maritimes ont souvent flotté entre leurs nouvelles ambitions et l’ADN qui les avait menés au sommet. Résultat : un jeu inabouti, tiraillé, et une identité offensive floue.
La fidélité aux anciens cadres : force ou faiblesse ?
La direction rochelaise avait fait un pari : conserver son ossature de champions, convaincue que la stabilité paierait sur la durée. Dix-huit trentenaires composaient encore le vestiaire cette saison. Mais à vouloir trop s’appuyer sur les héros d’hier, le club a peut-être sous-estimé les exigences du très haut niveau.
Les blessures en cascade (Skelton, Kerr-Barlow, Atonio, Dulin) et les baisses de régime individuelles ont mis à mal la cohésion du groupe. Si le centre de formation, en pleine ascension, a apporté des renforts prometteurs, cela n’a pas suffi à insuffler l’émulation nécessaire à un renouvellement en profondeur.
Un recrutement sans vrai impact
Depuis 2022, la politique de La Rochelle en matière de recrutement s’est voulue ciblée. Garder les meilleurs, compléter à la marge. Sur le papier, le choix semblait cohérent. Dans les faits, peu de recrues ont répondu aux attentes.
Jack Nowell a fini par s’imposer, mais sans exploser les compteurs (9 essais en 47 matchs). Judicaël Cancoriet a convaincu sans révolutionner l’équilibre de la troisième ligne. Quant aux autres (Latu, Douglas, West, Iribaren, Vunivalu…), leur impact a été tout au plus marginal. À l’inverse, ce sont les jeunes issus de la formation (Haddad, Penverne, Bosmorin…) qui ont souvent été les véritables révélations. Ce constat rend les arrivées prochaines de Nolann Le Garrec et Davit Niniashvili particulièrement attendues.
Une défense devenue vulnérable
C’est peut-être là que le déclin rochelais est le plus flagrant. Longtemps référence défensive du championnat, La Rochelle a vu son rempart céder plus souvent qu’à son tour. De 19,1 points encaissés par match l’an passé, les Jaune et Noir sont passés à 24,4 cette saison. Un chiffre symptomatique d’un système qui a perdu ses repères.
Essais encaissés sur mauls, sur ballons portés, sur du jeu direct… Les brèches se sont multipliées, conséquence directe d’un collectif miné par les absences et les variations de forme. L’un des piliers de la réussite passée s’est effondré.
Ronan O’Gara face à ses propres limites
Il a été l’architecte des plus grands exploits rochelais. Mais cette saison, Ronan O’Gara n’a pas trouvé les solutions. Ses suspensions à répétition, qu’il a lui-même reconnues comme préjudiciables, ont perturbé la continuité du management. « C’est une saison gâchée », « c’est une fin de cycle », lâchait-il récemment.
Sa gestion des ouvreurs illustre les tensions internes. Le cas Antoine Hastoy, écarté puis réintégré, en est le meilleur exemple. « J’essaie de trouver les clés, je ne peux pas dire que je les ai totalement trouvées », confessait-il. Jusqu’à admettre que l’avoir isolé fut « proche de le briser ». La fin de saison solide du numéro 10 n’a pas suffi à sauver l’ensemble.
“Établir une dynastie, c’est l’idée, c’est le plan. […] Ce que l’équipe a démontré à Dublin est incroyablement positif : elle a prouvé qu’elle n’avait pas de limite.” Un an après ces mots, l’heure est à la remise en question. Le Stade Rochelais ne manque pas de talent, ni de vision. Mais pour espérer revenir sur le devant de la scène, il lui faudra faire plus qu’ajuster : il faudra reconstruire.
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Tous les clubs passent par des moments de difficultés. Les generations passent et il faut reconstruire.
Cette équipe et son entraîneur ont surtout manqué d humilité.
a en croire les spécialistes la ProD2 ne serait pas loin, arrêtez les salades la Rochelle est bien remontée ces derniers mois et presque dans le Top 6…
Comptez sur elle la saison prochaine…
Le staff rochelais affichait une volonté claire …« Tendre vers le jeu du Leinster » .Était-ce un si bonne idée que de vouloir tendre vers le jeu d’une équipe qu’ils ont battus deux fois en finale de Champions Cup ?