Longtemps éloigné des terrains, Emmanuel Meafou retrouve enfin le sourire.

Blessé au genou dès le premier match de la saison à Clermont, le deuxième ligne toulousain a fait son grand retour le 12 octobre lors de la large victoire du Stade Toulousain face à l’UBB (56-13).

Le colosse australo-néo-zélandais (2,03 m, 145 kg) avait connu un printemps compliqué, marqué par une perte de confiance et une place de titulaire envolée. Une période de doute qu’il ne cache plus aujourd’hui.

Meafou avoue avoir traversé une phase où il ne « prenait plus de plaisir à jouer au rugby », un sentiment rare chez un joueur habitué à dominer physiquement ses adversaires.

Prochain objectif : enchaîner les matchs pour retrouver son meilleur niveau et postuler de nouveau à une place de titulaire dans la cage rouge et noire.

Lors d’un entretien accordé au journal La Dépêche, il revient sur sa blessure au genou contractée dès le début de la saison. Extrait:

Aujourd’hui ça va, c’était une petite entorse. C’est dommage car j’ai fait un très bon été, depuis que je suis arrivé, à chaque fois, à la fin de saison, je m’étais blessé. Cette année, c’est la première fois que je n’étais pas touché. J’ai passé un bon été, j’ai réalisé une bonne pré-saison et je me blesse dès le premier match. Dommage, mais c’est ça le rugby, on ne peut pas… On est humain et c’est comme ça.

Il ne cache pas avoir connu un gros trou noir la saison dernière. Extrait:

L’année dernière, je pense que j’étais un peu perdu dans cet aspect d’être toujours (il réfléchit)… D’aller toujours chercher plus. Et quand je n’y arrive pas, que je ne me trouve pas meilleur, je ressens un blocage mental. Je ne prenais plus de plaisir dans mon jeu, ça me frustrait. Je prenais moins de plaisir parce que je cherchais à faire des trucs compliqués. Sauf que je peux faire des trucs simples…

Quand je fais un bon match, je m’impose toujours d’être meilleur au prochain match. Et lorsque je ne fais pas un meilleur match, je m’enferme dans quelque chose de pas bon… J’ai perdu confiance en moi. Et après, quand tu ne joues pas… Tu te sens un peu coincé. C’était vraiment compliqué, et ça en devenait un problème mental.

Il l’affirme clairement : il ne prenait plus de plaisir au Stade-Toulousain. Extrait:

En fait, hors du terrain j’étais très bien, j’étais très content. J’avais la naissance de mon petit il y a bientôt deux ans. Tout était bien, c’est juste au club où je ne prenais plus de plaisir. J’étais là juste pour entraîner, parce que c’était mon travail. Ça a pris un peu de temps, mais aujourd’hui c’est revenu. La motivation est revenue à la fin de la saison dernière.

J’étais mis sur le côté. Je n’ai pas beaucoup joué à la fin. J’étais remplaçant souvent. Et là, je me suis dit que mentalement, il fallait que je change quelque chose. Parce que physiquement, j’ai essayé de bosser plus fort, de faire plus de physique, de passer le ballon. Mais ce qui manquait, ce n’était pas un truc physique. C’était au niveau mental.

Pour conclure, il explique quel a été le déclic qui lui a permis de revenir en jeu et de retrouver du plaisir. Extrait:

C’était le mardi de la semaine de la demi-finale, Ugo m’a dit “Tu vas être remplaçant, mais prends du plaisir, lâche-toi, joue ton jeu, il n’y a pas de pression. Quand tu rentres, tu fais ton jeu et c’est tout”. Et je pense que cette conversation, ça m’a redonné confiance. Ça a tout débloqué, ça a tout changé. Je n’avais plus de doute. Et pourtant le match de Bayonne, ce n’était pas le meilleur match de ma vie. Mais j’étais plus content dans mon jeu. Dans ma tête, j’étais plus au clair aussi. Heureusement, on a gagné ce match. Et il m’a dit, « tu vas rester remplaçant (pour la finale ». Et bizarrement, j’étais content avec ce choix. Alors que normalement, quand tu n’es pas titulaire, t’es un peu deg… Tous les joueurs sont comme ça.

Je trouve que je prends plus de plaisir dans ce jeu, j’ai pris du recul. On a la chance d’être rugbymen professionnels. On a la chance de pratiquer ce sport pour vivre, pour de l’argent. Donc il ne faut pas hésiter à prendre du plaisir avec les mecs autour de nous. Il y a d’autres gens qui font des métiers beaucoup plus dur que nous et ils sont contents. Donc je ne dois pas baisser la tête parce que je n’étais pas en forme lors d’un week-end. En fait, avec cette période compliquée, j’ai peut-être gagné en maturité (rires).