À peine débarqué, déjà adopté. Dimanche soir, dans un Mayol tendu par une première mi-temps frustrante et un match longtemps indécis face à Perpignan (31-16), Tomás Albornoz a offert aux supporters varois un premier aperçu d’un style audacieux, spontané, presque rafraîchissant.

À son entrée à la 57e minute, l’ovation était claire : Toulon voulait voir du danger, du panache, un souffle nouveau. Il l’a eu.

Un style opposé à Garbisi, et qui change tout

Le contraste a sauté aux yeux. Paolo Garbisi, titulaire, avait bien initié l’essai de Ludlam par un coup de pied millimétré, mais sa prestation manquait de tranchant. Peu de prises d’initiative, peu de variation, trop de lecture prévisible face à une défense catalane disciplinée.

Albornoz, lui, n’a pas cherché à s’installer dans le match : il l’a bousculé. Un coup de pied pour lui-même, une percée dans l’axe, puis une inspiration géniale – une transversale pied-main tout en toucher – qui envoie Gaël Dréan à dame à la 77e. Deux transformations manquées, certes, mais anecdotiques. Mayol n’a retenu qu’une chose : l’Argentin joue vers l’avant.

Et dans un club habitué aux ouvreurs stratèges, un joueur qui ose… marque des points très vite.

Le vestiaire est conquis

Au-delà des actions, le discours interne en dit long. Lewis Ludlam n’a pas masqué son étonnement via Var-matin :

« Tomas a été énorme et son niveau va encore monter. C’est fou s’il peut jouer comme ça avec à peine deux jours d’entraînement avec nous ».

Même enthousiasme chez Gabin Villière :

« Il était peut-être le premier surpris d’être sur la feuille de match, mais il avait l’air prêt. Il a appris très vite toutes les combinaisons et le système de jeu qu’on voulait mettre en place. Ça lui a permis de réaliser une belle première ».

Pierre Mignoni, lui, voit déjà plus loin :

« Il a un talent fou. Je ne suis pas trop surpris, car c’est un joueur de classe mondiale ».

Puis tempère immédiatement :

« Il a une certaine expérience, mais pas celle du Top 14, je lui ai dit que c’est un championnat difficile. Il va se fondre dans cette équipe. »

Une hiérarchie totalement relancée

Avec Mateo Garcia blessé, la concurrence s’annonce brûlante. Et Mignoni l’assume frontalement :

« Bien sûr qu’il redessine la hiérarchie. Personne n’est installé. Ça va donner à Paolo et Mateo de la concurrence saine ».

La question n’est déjà plus s’il s’intègre, mais combien de temps avant qu’il s’installe.

Villière va plus loin encore en décryptant ce que le Puma peut amener au jeu toulonnais :

« va apporter quelque chose de différent », notamment la volonté « de tenter plus de choses sur coup de pied » et « d’essayer de trouver des espaces derrière le premier rideau ».

Une arrivée qui pourrait marquer un tournant

Il n’a joué qu’un bout de match, mais il a suffi pour ouvrir un nouveau chapitre. Albornoz ne sera pas un simple joker de rotation. Son entrée a injecté de l’électricité dans Mayol, réveillé le banc, et surtout mis une pression sportive directe sur la concurrence.

Toulon attendait un détonateur. Il semble l’avoir trouvé.