Eric Champ est fier de la formation Toulonnaise
Eric Champ est fier de la formation Toulonnaise
Le mercredi 24 octobre 2012 à 17:01 par David Demri
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Ancien troisième ligne international et président de Toulon, Eric Champ s’est longuement confié pour Rugby365. Il explique sa vision du rugby actuel et sa fierté de voir autant de joueurs toulonnais appelés en équipe de France.
Eric Champ, est-ce une fierté de voir autant de joueurs du RCT (ndlr : cinq) appelés en équipe de France ?
Pour moi, c’est plus qu’une fierté. C’est réellement une récompense. Je suis très fier que cette école toulonnaise soit de nouveau grandement représentée. Sans vouloir manquer de respect à Michalak ou à Mermoz, le rugby actuel fait que certains joueurs sont-là parce qu’ils évoluent dans un beau collectif. Même si ça remonte à la préhistoire, j’ai pu vivre une période sportive où l’équipe jouait à un très bon niveau. Forcément, ça rejaillissait sur le collectif. Il y a de très bons joueurs dans cette équipe de France. Je suis également content pour ceux qui sont sortis de notre formation. Je suis aussi ravi pour Michalak qui revient de nouveau sous la lumière de la sélection car il le mérite, même si on ne l’a pas encore énormément vu jouer à Toulon. Mermoz mérite aussi d’être là. C’est pas mal aussi pour Jocelino Suta car il y a eu beaucoup de recrutement et de concurrence à son poste. Il est un réel exemple alors qu’il est arrivé, entre guillemets, sur la pointe des pieds. C’est un garçon qui fait peu de bruit et qui fait pourtant figure de titulaire aux côtés de Botha alors que le poste de seconde ligne est riche. Je suis très content pour lui.
Il y a également Pierrick Gunther dont on parle beaucoup…
Oui, il y a l’exemple de Gunther bien sûr. C’est même surprenant car Saint-André ne le faisait presque pas jouer quand il était à Toulon. L’équipe n’était peut être pas structurée de la même façon et n’avait pas le même niveau, ce qui fait que c’est toujours difficile d’intégrer des jeunes. Je pense aussi à Vincent Martin. Cette accélération pour ces jeunes joueurs est extraordinaire. Après, est-ce que Saint-André a d’autres choix ? Je ne suis pas sûr. Il va falloir construire une équipe pour le tournoi des VI Nations mais aussi pour la Coupe du monde. Il va donc procéder à un grand brassage des meilleurs joueurs du championnat. Ce qui n’est pas facile car le Top 14 est alimenté par un flux de joueurs venus des quatre coins de la planète.
Vous reconnaissez-vous dans cette équipe de Toulon avec toutes ces stars ?
Aujourd’hui pour exister, soit vous rentrez dans cette dynamique de recrutement avec les meilleurs joueurs, soit vous êtes sur la gestion d’un collectif à l’ancienne avec des éléments du cru. La problématique n’est pas Toulon. D’autres l’ont fait avant nous et à un moment donné, pour revenir au plus vite sur le devant de la scène, on a fait pareil en recrutant des joueurs. Quand je regarde Toulouse chez les piliers, en seconde ligne, à l’ouverture et quelques fois aux ailes, ce sont des joueurs qui ne sont pas complètement formés à Toulouse. Il ne faut pas chercher à se focaliser sur Toulon. Mais il y a une réelle question à se poser en France sur l’avenir de notre rugby : est-ce qu’on veut accélérer de la sorte, peut-être au détriment de l’équipe de France, ou est-ce qu’on fonctionne différemment ? Mais là, ce sera peut-être au détriment du spectacle et du marketing.
« Je suis ravi de voir Botha filer des coups de carafe aux mecs qui viennent gratter des ballons »
A l’instar du PSG en football, Toulon énerve un peu avec tout cet argent et ses stars…
Pourquoi ressentir de l’énervement ? Je n’ai pas honte de dire que quand je vois Botha qui file des coups de carafe à tous les mecs qui viennent essayer de gratter des ballons, je suis ravi. Lorsque je vois Wilkinson, qui est le Zidane du rugby, bombarder les coups de pied, déplacer le jeu qui va bien et réussir les tirs au but, je suis plutôt ravi. On est aussi rentré dans cette dynamique marketing donc nous sommes enclins à être critiqués. C’est l’évolution du rugby en France.
Est-ce une dérive dangereuse ?
Ce n’est pas un danger. La vie est une notion d’équilibre et je suis contre les extrêmes. Dans le rugby, il fallait une évolution. Après, peut-être qu’on risque dans les années à venir de payer cash le niveau de notre équipe de France. Actuellement, le rugby en France, c’est le Top 14 mais aussi l’équipe de France. Il est temps de discuter et d’équilibrer un peu plus les choses. Je pense aussi à nos jeunes qui donnent beaucoup pour ce sport et qui n’ont pas l’occasion de s’exprimer au plus haut niveau à cause des plus grands joueurs.
Quel est votre avis sur les gros salaires versés aux joueurs qui peuvent créer des disparités ?
Les disparités font partie de la vie. Sans être irrespectueux vis-à-vis de mes collègues, je dirige une entreprise de 3 000 personnes et je n’ai pas le même salaire que ceux qui ont des tâches différentes des miennes. L’argent dans le rugby ne m’inquiète pas. On donne beaucoup mais les carrières sont courtes. Que devient le joueur après 32 ans ? Je trouve que l’argent dans le rugby n’est pas choquant.
Ces grosses sommes peuvent-elles menacer les valeurs de rugby ?
Nous sommes dans un monde qui accélère à vitesse grand V. Soit on est attaché à nos valeurs de clocher, de village où tout le monde se connaît et ainsi de suite… Soit on rentre dans ce monde moderne de communication. Ces valeurs ne me choquent pas même si elles sont éloignées de celles que j’avais. Quand je vois que des joueurs viennent pour trois ou quatre mois, je me dis que ma vision du rugby était différente lorsque je jouais. Ce qui m’intéressait, c’était de vivre avec des gens pendant plusieurs saisons pour connaître des aventures sportives et humaines. Les joueurs veulent se construire d’autres histoires. On peut faire de longs débats mais dans notre sport de combat, il faut des notions de solidarité et d’humilité. L’essence même du rugby fait que ces valeurs ne disparaîtront jamais.
« J’aurais aimé jouer le rugby de maintenant »
Auriez-vous aimé être joueur à notre époque ?
Incontestablement oui. Son évolution est extraordinaire et je mets de côté l’argent. L’accélération et la fluidité du jeu font que ce sport est devenu un combat magnifique. J’aurais aimé pratiquer le rugby de maintenant. Mais ceux qui ont joué dans les années 50-60 auraient probablement aimé jouer à mon époque. En tout cas, je n’aurais pas pu sauter en touche, j’ai le vertige. J’aurais peut-être été un bon joueur mais pas un très grand sauteur. Pourtant, je l’étais à mon époque. (Rires)
Mourad Boudjellal vous a demandé l’an passé de prendre l’équipe…
L’année dernière, il a eu une idée superbe de m’associer à Tana Umaga pour effectivement entraîner le RCT. J’ai été pris de frissons et d’envie quand il me l’a proposé. Mais dans la vie, il faut être raisonnable. J’ai de grosses responsabilités professionnelles et personnelles. Je n’avais pas trop envie de rentrer dans ces contraintes importantes et de retrouver cette pression. Mais je n’ai pas honte de dire qu’au moment où je l’ai appris, je n’ai pas beaucoup dormi. Lorsque vous avez la passion, vous l’avez jusqu’au bout.
Selon vous, Philippe Saint-André, avec qui vous avez rapidement évolué en équipe de France, est-il l’homme qui peut faire progresser l’équipe de France ?
Sans manquer de respect aux personnes qui ont décidé de devenir entraîneur, il y a sûrement de grands coachs mais pour qu’une équipe fonctionne et gagne, il faut des grands joueurs. Après, s’il y a déjà ce talent dans un collectif, l’entraîneur doit avoir la capacité de faire en sorte que la mayonnaise prenne. Mais si vous avez quinze tartes à la crème, vous allez gagner contre l’équipe du coin. Philippe Saint-André fait partie des entraîneurs qui ont cette compétence pour que l’équipe de France avance et nourrisse de grandes ambitions, comme être enfin championne du monde. Il faut juste qu’on lui donne un collectif qui possède le talent pour pouvoir le faire.
Source: rugby365.fr
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Comments are closed.
C’est évidemment une analyse pertinente de notre sport préféré, on est loin de la nostalgie du fameux c’était mieux avant !
C’est lucide, et sans complaisance !
Ce qui m’a toujours étonné chez lui, ce n’est pas tellement ses qualités sportives, il les avait acquis dès la naissance, mais plutôt sa capacité à utiliser son intelligence naturelle.
Il n’y a pas de déchets chez lui, dans tout ce qu’il entreprend il côtoie les sommets !!
Bon j’arrête là les panégyriques, vous aurez compris toute l’admiration que j’ai pour lui.
Cela dit, dès que l’odeur du pré lui monte au nez on retrouve le fabuleux guerrier qui demeure toujours en lui, le : « Je suis ravi de voir Botha filer des coups de carafe aux mecs qui viennent gratter des ballons » est énorme ! Et ça croyez-moi, ce n’est pas de la langue de bois c’est tout à fait lui !
Gilles Technique,même dévotion pour éric
+1000 pour ton commentaire
gilles 😉 😉 😉 😉
Bravo gilou
Un beau post en son honneur biz
les generales en debut de match c etais lui le detonateur!il ce faisait respecter sur le pré!salut a toi eric les toulonnais ne t oublierons jamais
😳 😥 😯 …il avait un gros défaut tout de même…quelque lacune à savoir attacher correctement les lacets de ses godasses !!!!!!!!!!!