Eric Champ raconte sa Coupe du monde 1991
Eric Champ raconte sa Coupe du monde 1991
Le jeudi 24 septembre 2015 à 10:57 par David Demri
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Le vice-capitaine de l’équipe de France au Mondial 1991 raconte les dessous du quart de finale perdu contre l’Angleterre qui a sonné la fin de sa carrière internationale.
« Parler de la Coupe du monde 1991, vous ne m’avez pas fait un cadeau ! » Éric Champ, l’ancien flanker toulonnais, aurait sans doute préféré évoquer la finale des Bleus en 1987 plutôt que le quart de finale houleux perdu face à l’Angleterre au Parc des Princes (10-19), en conclusion du parcours tricolore le plus raté de l’histoire de la Coupe du monde. Ce 19 octobre, les Anglais avaient mis au point un plan anti-Serge Blanco, agressé dès la première action, et les Français étaient tombés dans le piège de la provocation.
« Après le quart de finale perdu par la France en 1991, on disait que les Anglais avaient mis au point un plan anti-Blanco.
Mais non, ils ont fait comme tout le monde. Les Anglais savaient bien qu’on n’était pas la même équipe avec ou sans lui. Quand tu as un joueur qui a son talent et son influence, tu fais tout pour lui faire du mal. Je n’ai jamais revu ce match, si ce n’est mon bel emplâtre à l’ailier et le coup de boulard que j’ai mis à Skinner (Mickey) . Ils sont restés dans les mémoires, même si ça n’est pas très glorieux. En fait, il aurait mieux valu qu’on gagne et qu’on oublie ces premières minutes… La vérité, c’est que les Anglais nous ont dominés. Mais tout ça laisse un souvenir un peu triste.
À cause de la fin du match où l’entraîneur Daniel Dubroca a secoué l’arbitre australien David Bishop et a dû démissionner dans la foulée ?
Oui. Je n’étais pas dans le couloir du Parc des Princes à ce moment-là, mais Daniel, pour tout ce qu’il avait donné au rugby français, ne méritait pas de terminer comme ça.
Et vous, vous aviez eu l’impression de vous faire voler par l’arbitre ?
Tu ne peux pas te faire “guingacer” en mêlée, perdre 21 touches à 7 et mettre ça sur le dos de l’arbitre. Je n’ai pas envie de faire le mauvais All Black qui perd à Nantes en 1986 et qui, des années après, vient dire que l’adversaire prenait des cachetons. Et puis, est-ce qu’on s’était donné les moyens d’aller plus loin ? Pas sûr.
Ç’a sonné la fin de carrière de Serge Blanco, et la vôtre aussi.
Eh oui, j’ai eu le grand plaisir que Pierre Berbizier (sélectionneur de 1991 à 1995) me montre la porte (rire). Mais c’est comme ça, j’avais vingt-neuf ans, il était sans doute temps de tourner la page. La fin de carrière, c’est brutal, ça fait chier quand ça t’arrive.
Vous n’aviez pas fait le Tournoi 1991 et étiez revenu pour la tournée de préparation aux États-Unis. L’ambiance était particulière ?
Oui, c’est un peu à cause de tout ça que je dis que cette Coupe du monde n’était pas aboutie. Dans le staff, il y avait Daniel (Dubroca), mais il y avait aussi un type qui n’a rien prouvé avant, rien prouvé pendant et rien prouvé après, je pense à Jean Trillo. Je ne parle pas du joueur, je parle de l’entraîneur. Dubroca, Serge et moi, on avait déjà une histoire commune, et Trillo venait un peu comme un cheveu sur la soupe. Il avait une vision du jeu qui ne collait pas avec celle du reste de l’équipe. On avait fait une tournée à trente-six où on avait essayé d’intégrer tout le monde.
On a dit : « Ils réclament du pognon, ils veulent se mettre en grève. » Mais la Coupe du monde, on aurait tous payé pour la jouer. ”
À l’entraînement, il y avait des mêlées houleuses entre Béglais et Basques…
Chacun essayait de défendre sa place. À la fin de la tournée, il allait y avoir dix joueurs de moins sur la liste. Alors, il y avait eu quelques mêlées relevées à l’entraînement. Durant la saison, les Béglais étaient devenus champions de France en s’imposant dans la rudesse, et ç’avait laissé des traces. Moi, je ne leur en voulais pas du tout. En fait, j’ai surtout le souvenir d’un amalgame raté. Et j’en porte un peu la responsabilité puisque j’avais été nommé vice-capitaine en charge des avants (Blanco était le capitaine).
D’ailleurs, au retour de cette tournée, Serge Simon et Vincent Moscato avaient choisi de ne pas venir à un rassemblement de l’équipe de France.
Ils ont dû se dire : “On va y aller pour faire le nombre, ça ne nous intéresse pas.” Ils se sont sabordés. C’est plutôt bien d’assumer ses positions, ça permet de se construire en tant qu’homme.
Il y a eu aussi des querelles autour des primes de match…
Des conneries ! On a dit : “Ils réclament du pognon, ils veulent se mettre en grève.” Mais la Coupe du monde, on aurait tous payé pour la jouer. Et je suis sûr que les mecs aujourd’hui seraient prêts à la jouer pour rien.
Vous deviez toucher 150 000 francs (22 000 euros) en cas de victoire finale. Mais on a dit que Serge Kampf (le PDG de Cap Gemini) avait fait de beaux chèques (200 000 francs, soit 30 000 euros) à chacun des sélectionnés à la fin de la compétition.
C’était une époque où on touchait une mince indemnité et où il fallait payer son téléphone ou les suppléments du minibar de sa poche. Déjà, à la fin de la Coupe du monde 1987, Serge Kampf nous avait fait un fabuleux cadeau en nous offrant à tous une montre de la fameuse marque Patek Philippe. Et, en 1991, effectivement, dans sa générosité immense, il avait eu ce geste, accompagné d’une belle lettre pour nous dire que c’était mérité. Mais il n’en avait tiré aucune publicité. Malgré tout ce qu’il a fait pour le rugby, il a toujours eu une discrétion que d’autres n’ont pas, alors qu’ils ont beaucoup moins donné.
Toutes ces circonstances extérieures ont-elles gêné votre épanouissement ?
Je ne sais pas trop. Mais pour qu’il y ait de grandes réussites, il faut une complicité, un vécu commun. 1991 a été un bon tremplin pour la génération des Cabannes, Saint-André, Galthié, qui se sont épanouis à la Coupe du monde suivante. Mais ça s’est arrêté brutalement. On devait se retrouver le lendemain du quart de finale, et il n’y avait pas grand-monde. Ce n’est pas qu’il y avait des clans, mais l’ambiance était vite retombée.
Entre 1987, pemière Coupe du monde de l’histoire, et 1991, l’atmosphère avait-elle beaucoup changé ?
1987, c’était le rendez- vous des pionniers. Le rugby, alors, c’était Jean-Pierre Rives, Roger Couderc, “les petits”, et l’un des plus grands d’entre vous écrivant le Grand Combat du quinze de France ( Denis Lalanne). On se retrouvait à l’autre bout de la planète (en Nouvelle-Zélande), on découvrait les Fidjiens avec les blazers et les paréos. C’était un peu boy-scout. 1991, c’était en Europe, avec des matches de poules en France, le pognon qui arrive aux portes du rugby, les premières pubs sur les maillots. Depuis, ça n’a jamais cessé de grandir. Et la Coupe du monde, aujourd’hui, a pris une dimension formidable. »
Source: lequipe.fr
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»Le Grand combat du XV de France » a été écrit par Denis Lalane à l’occasion de la tournée en Afrique du sud en 1958, il y a 57 ans.
Capitaine de l’EDF le grand Lucien Mias, une épopée rugbystique et humaine dans la patrie de l’appartied, une grande page de l’histoire du rugby moderne s’était écrite a ce moment là puisque Lucien Mias y puisa les fondamentaux du rugby français dit « moderne » qui consacrèrent la France comme nation majeure du Rugby international; Dans la foulée l’EDF gagna seule le tournoi des 5 nations.
Le grand toujours aussi majestueux, droit dans ses bottes, aucune place pour la tiédeur, peu d’espace pour les compromis! Il est l’icône des valeurs du RCT!!
Salut à toi Champion!! Et guignasse moi ce mag sur TF1!’
« il y eu quelques mêlées relevés à l’entrainement » :clap: :clap: et oui certains se sont vus présenter la facture de quelques matchs houleux du championnat :kissing: Par charité chrétienne,le « grand » n’ayant pas donné de nom, je m’abstiendrai également mais beaucoup ont du comprendre de qui il s’agit.
Oh pitin l’orthographe de « gangasser » par l’équipe :rotfl:
journal de parigots :no: :no: