Sur le site L’équipe, Fabien Galthié a livré son analyse suite à la victoire du XV de France face au Canada, jeudi soir.

Il évoque notamment les bonnes prestations de Mathieu Bastareaud et Frédéric Michalak et les petites erreurs de Sébastien Tillous-Borde. Extrait:

« Les Bleus jouent beaucoup sur la prise du milieu de terrain par Bastareaud. Ensuite, tous les avants vont dans le sens du jeu et les trois-quarts vont dans le côté fermé, en inversion. Sur le coup, c’est Michalak, Fofana et Grosso qui ont pris cet espace. Le but est de faire circuler la défense canadienne, dans le sens du jeu, pour la fragiliser ensuite sur le retour où l’on retrouve des défenseurs lents (piliers, talonneur). Par ailleurs, Michalak fait son match. Feinte à droite, à gauche. Ça bouge beaucoup autour de lui. On l’a vu faire jouer Chouly et Grosso très près de lui, il a aussi varié avec des passes sautées. Tous ces mouvements autour de lui libèrent des trous, il a pris la bonne option deux fois en cassant la ligne seul. »

« Ça va trop vite pour nous. Le 9 n’arrête pas de changer de sens de jeu, il met un gaz terrible. Le fait qu’il change de sens de jeu nous perturbe dans le replacement défensif. Eux non, parce que leurs joueurs se déplacent en bloc. C’est leur animation offensive, on l’avait déjà vu face aux Italiens. À noter que les deux essais canadiens viennent de duels aériens perdus au début de l’action, sous des renvois.  »

« La France a eu un trou de quatre minutes. À 17-0, il y a eu une déconcentration collective et les Bleus ont perdu le contrôle du match. Ça a coûté 12 points, et ça vient gâcher trente-six minutes maîtrisées. Dans le vestiaire, Philippe Saint-André va leur dire qu’il n’est pas acceptable de se relâcher quand on mène 17-0. Parce que dès que la France relâche un peu son étreinte, ces Canadiens, avec leur jeu alerte comme au 7, deviennent dangereux. La France n’a pas eu la possession, surtout pendant les vingt premières minutes. Ça peut s’expliquer par le fait que les Canadiens, qui ont joué il y a cinq jours, sont dans le rythme. Pas les Bleus. Mais je pense que les Canadiens vont avoir une deuxième mi-temps difficile. »

« C’est dommage de ne pas avoir fait une grosse entame. On a vu Tillous-Borde se tromper de côté derrière un ruck, la mêlée sanctionnée deux fois, les Canadiens piéger le pack français en ne venant pas défendre sur un maul. C’est fou, mais les Français ne s’en sortent pas. Ils ne mettent plus la main sur le ballon, n’imposent pas leur rythme, commettent des fautes au sol. Et ils ne se déplacent pas assez. Ils doivent être davantage exigeants, plus disciplinés, durs, comme en début de match. »

« Les Bleus ont bien fait d’insister avec les pénaltouches plutôt que de prendre les trois points. À nouveau, ils jouent de manière ordonnée, ils tiennent le ballon, sont patients. La rentrée de Debaty fait du bien, Parra colle au ballon. La France s’appuie sur les mauls pour tuer le match. C’est un de ses points forts. » 

« Les Français se sont approchés au moins six fois de la ligne canadienne sans marquer ! Sans surprise, cependant, ils sont qualifiés pour les quarts de finale et vont « jouer » leur adversaire (Argentine ou Nouvelle-Zélande) face à l’Irlande la semaine prochaine. Sur ses trois premiers matches, la France a montré les mêmes particularités : quand elle est propre, patiente et qu’elle s’appuie sur sa puissance, elle marque des points, en faisant plier son adversaire comme dans un bras de fer. Mais elle a de curieuses absences à des moments où elle semble avoir tué le match. Est-ce un problème lié à sa culture latine, à sa maturité ou à la maîtrise de son jeu et de sa stratégie ? Peut-être un peu des trois. »