Faire trembler les remparts de La Rochelle (BDM)

Faire trembler les remparts de La Rochelle (BDM)

31 août 2010 - 1:43

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Face à une équipe rochelaise en pleine euphorie, le RCT se doit de rapporter des points de Marcel-Deflandre.

Vainqueur de la Finale de Pro D2 la saison passée face au LOU de Raphäel Saint-André (32 – 26), l’Atlantique Stade Rochelais accède au TOP 14 Orange  à l’orée de cette saison 2010-2011 après avoir été présent depuis quatre ans en demi-finale.

Malgré un début de saison laborieux, les Maritimes se sont refaits la cerise entre janvier et février avec 7 victoires d’affilé ! En finale, ils furent dominés durant toute la première partie de la rencontre avant de revenir, notamment grâce à son pack.

Et voilà donc les pensionnaires de Marcel-Deflandre de retour dans l’Elite, une Elite quittée à l’issue de la saison 2001-2002 lorsque les Clubs bataillaient encore en deux poules de 8… La Rochelle avait terminé 7e de la poule de Play-Down et bataillait depuis lors au niveau inférieur, croisant ainsi le fer avec le RCT à 10 reprises (6 victoires à 4 pour Toulon) et une demie que le RCT perdait à La Rochelle (21 – 17, le 19 mai 2007).

Comme à l’accoutumée avec les promus (exceptés Toulon et le Racing sur les deux dernières saisons…), on promet déjà l’enfer et un aller-retour direct en Pro D2 aux Joueurs de Serge Milhas qui déclarait : « Statistiquement, on a zéro chance. Mais s’il nous en reste une toute petite, je peux vous assurer qu’on va la saisir ».

Avec un effectif constitué à 76% de Joueurs Français (soit 29 « Hexagonaux »sur 39 contrats pros), La Rochelle compte également l’un des plus petits budgets du TOP 14 Orange – entre 8 et 9 millions d’Euros -, une situation qui irrite fortement le Président (de l’Association) Vincent Merling qui en a « assez d’être jugé par rapport au budget ! C’est détestable. Certes, la question a une importance incontestable. Mais j’aimerais également que l’on discute des valeurs humaines du club, qui font que l’on a pu accéder au Top 14. Notre fierté, c’est de réussir sportivement tout en restant fidèle à nos valeurs. »

Bâti autour d’un Groupe constitué depuis plusieurs saisons avec des leaders comme le Capitaine Robert Mohr, la charnière Benjamin Ferrou – Rémi Talès ou du buteur Benjamin Dambielle, les Jaune et Noir se sont renforcés selon leurs moyens avec l’arrivée du Fidjien Seru Rabeni (venu parce qu’il trouvait « plus excitant d’aider à un groupe à se sauver [et] d’encadrer tous ces jeunes ») ou de l’ancien Racingman et toujours Samoan Sefulu  Gaugau.

Lors de leur premier match de la saison face à Castres, les Rochelais ont fait chuter l’outsider de la saison passée à Deflandre. Concentrés sur les fondamentaux, opportunistes et réalistes, les Rochelais ont battu des Tarnais trop approximatifs, 22 à 17. Les Partenaires de Marc Andreu s’étaient-ils vus trop beaux ? C’est ce que semblait dire Benjamin Ferrou lorsqu’il déclarait : « Cela peut être aussi un effet de surprise, les Castrais ne s’attendaient peut être pas à une telle opposition, à autant de résistance ».

Face au Stade Français, les Rochelais ont surpris tout le monde en menant à la pause à Charléty, 14 à 11. Mais en seconde période, et en à peine 20 minutes, les Parisiens inscrivaient 4 essais pour une victoire finale 41 – 26. Les Maritimes se montraient toutefois vaillants et privaient leurs hôtes du bonus offensif à 5 minutes du coup de sifflet final.

A ce stade de la saison, David Darricarrère analysait : « C’est la défense qui nous a fait tenir contre Castres… et c’est elle qui nous a fait défaut à Paris. Même si on s’est retrouvé en infériorité numérique pendant 10 minutes [Ferrou prenant un jaune], on doit progresser dans ce domaine. »

Attention au « pickand-go », spécialité des Maritimes

Lors du match face à Bourgoin-Jallieu, les promus enregistrèrent une seconde victoire en trois rencontres en battant des Isérois pas vraiment inspirés, 20 à 12. Avec une défense retrouvée en coupant bien les extérieurs (une des forces de l’Equipe qui était la 2nde meilleure défense de Pro D2 la saison passée) même si plusieurs placages ont été manqués, les partenaires de Rabeni, omniprésent sur le terrain, ont su également se discipliner en ne concédant que trois pénalités en seconde période.

Surtout, les Avants ont fait montre, une nouvelle fois, de la spécialité locale : le « pick-and-go ».

Pourtant, si les Charentais excellent en mêlées ouvertes, ils connaissent quelques problèmes en mêlées fermées. Déjà entrevues face à Biarritz en amical – ce qui avait fait dire à Serge Milhas : « On va souffrir face à certains paquets d’avants, on va être passé à la moulinette » – ces difficultés du pack ont été affirmées face au pack Castrais (4 ballons perdus sur 10 mêlées) et confirmées face au Stade Français (4 ballons perdus sur 13 mêlées) d’où nouvelle sortie de l’entraineur en chef : « Tout le monde l’a vu. Pas besoin d’en dire plus : la mêlée est un pari que l’on a perdu, même s’il faut rappeler qu’il nous manquait des gars ».

En effet, depuis le début de la saison, La Rochelle est privée de deux piliers gauche, Romain Frou et Alexandre Barès, enrôlant du coup l’ancien Briviste le Roumain Petrisor Toderasc pour pallier à ces absences. Et face à Bourgoin, ce sont les « droitiers » – l’international Samoan Tamato Leupolu et Stéphane Clément – qui ont été tous deux touchés à l’épaule et qui seront incertains pour mercredi.

Outre ces absences, même si Frou pourrait faire son retour contre Toulon tout comme le seconde ou troisième ligne Néo-Zélandais Piula Faasalele, David Darricarrère sait que ses Joueurs ont besoin de « souffler », tant la rencontre contre Bourgoin a « été épouvantable physiquement » : « En attendant Toulon, on ne va pas tirer sur les organismes. Les séances seront évidemment adaptées. Ce sera  »récup » et vidéo, tout en essayant de gérer au mieux l’effectif. »

Un effectif qui n’aura pas forcément besoin de beaucoup de motivation, comme le souligne le talonneur Franco Pani : « « Quand on est joueur de rugby, on ne rêve que de cela : se frotter aux meilleurs joueurs du monde. Les battre, c’est possible. Pour cela, on doit continuer à faire preuve de solidarité. »

D’autant qu’à domicile, l’objectif est clair selon Benjamin Ferrou : « On a un effectif qui n’est pas comme celui des autres écuries, il va falloir cibler nos matchs, reproduire le même effort à la maison continuellement pour arriver à grappiller le maximum de points ».

Ainsi, pour enchainer la réception de Toulon mercredi et un déplacement à Toulouse dimanche, l’Atlantique Stade Rochelais risque fort d’aligner sa meilleure formation possible à Deflandre.

Gérer la pression et battre le « Toulon de l’Atlantique »

Côte Toulonnais, on essaie d’éviter la sinistrose après un début de saison loin de correspondre aux attentes générées par le recrutement de l’intersaison et aux promesses de la saison dernière.

Si le RCT n’est pas en pleine crise comme se le tue à le répéter à l’envi Mourad Boudjellal, cette semaine surchargée avec les déplacements à La Rochelle et à Brive devra être celle du renouveau. Comme le déclarait Mourad dimanche soir, il faut comprendre que « nous avons changé de saison » et que « [nous avons] du mal à gérer la pression : l’habit de favori est peut être un peu grand. Dans notre tête, on est encore un outsider ». « Le pire serait de faire du Boudjellal » déclarait d’ailleurs le Président pour expliquer son « calme » actuel.

La victoire à Biarritz avait fait du bien et l’on pensait que la saison était enfin lancée. Las ! La venue du Racing Métro à Mayol a douché les enthousiasmes et semé la confusion. Il faut dire que Toulon a réussi à se planter en beauté en « offrant » le match ou à tout le moins en facilitant la tâche aux Franciliens avec deux essais « casquettes » et un jeu d’attaque pas forcément inspiré.

Philippe Saint-André avait prévenu lors de la conférence de presse précédant le match du Racing qu’il avait laissé volontairement des Joueurs au repos qui préparaient déjà le match à La Rochelle, notamment Joe El Abd. Pour autant, pensait-il envoyer la « grosse artillerie » pour faire trembler les trois tours du port charentais ? Evidemment non, comme il l’a confirmé lundi en fin de journée lors de la présentation du Groupe des 27 retenus pour le premier déplacement de la semaine.

Si La Rochelle n’avait pu être considéré en début de saison que comme un match pour grappiller des points, il semble qu’aujourd’hui la cité maritime soit une étape obligée pour remonter la pente dès lors qu’il est encore possible de le faire. D’autant que les résultats des trois premières journées de Championnat démontrent que celui-ci s’est resserré : plus aucune équipe n’est invaincue – la saison passée, il a fallu attendre la 6ème journée – et des supposés « petits » font chuter des présumés « gros » (Bayonne à Toulon, Montpellier à Perpignan…).

Lorsque Joueurs et Staff parlent de perte de confiance et d’un manque de chance, il ne faut sans doute pas jeter encore le bébé avec l’eau du bain.

Qu’a-t-il manqué face au Racing, par exemple ?  « De ne pas concrétiser nos temps forts et, en plus, de prendre des contres de 70 mètres » pestait PSA tout comme il soulignait le pourcentage trop faible de placages réussis dans le « un contre un ».

Toulon souffre d’un manque d’automatismes certain : changer près d’une vingtaine de Joueurs à l’intersaison n’est pas anodin. La meilleure preuve est La Rochelle, justement, qui avec un effectif stable depuis plusieurs saisons se retrouve devant au classement avec le même parcours (deux matchs à domicile et un match à l’extérieur). Pour l’heure, la somme des individualités n’a pas encore conduit à un collectif capable de mettre à mal ses adversaires. « Cette saison, nous avons accueilli parmi les meilleurs joueurs au monde mais le rugby, c’est un jeu où il faut jouer ensemble. Peut-être que l’on a manqué un peu de temps pour mettre bien en place le plan de jeu » déclarait d’ailleurs le Capitaine Joe Van Niekerk vendredi soir.

Il faut trouver la bonne carburation et laisser le temps. PSA le rappelait : « Il n’y a pas le feu. Des matchs tourneront en notre faveur. L’année dernière, tout nous souriait. Aujourd’hui, c’est un peu compliqué. Nous sommes dans le dur. On va voir si nous sommes un vrai groupe, un vrai club. Il va falloir se serrer les coudes, être positif et récupérer des points ».

Et puis le départ de Tana Umaga a sans doute été préjudiciable. Le Président Toulonnais n’en fait pas mystère : « Je ne suis pas un fou de Serge Lama mais il a une chanson sur de Gaulle où il dit : « ce sera la zizanie voire la chienlit quand Papa sera parti ». Nous, « Papa » est parti, alors il n’y pas la zizanie mais c’est un peu la chienlit. On est un peu orphelin des années Umaga. Il marque les choses de son empreinte. Beaucoup de Joueurs étaient sous son charme, sous son charisme. » Maintenant, il faut murir et grandir. Si le  « Papa » est parti, il faut s’émanciper… « Après les gamins, quand ils quittent la maison, ils galèrent un peu et après ils font de grandes choses. Bill Gates, il est parti un jour de chez ses parents… ».

Concernant La Rochelle, le Président Boudjellal ne tarissait pas d’éloge sur l’adversaire à venir dimanche soir lors de l’entrainement de son équipe, entrainement auquel il avait tenu à assister : « Si on gagne à La Rochelle, c’est un exploit, ils sont devant nous au classement. Depuis le début de la saison, je ne les mets pas dans les reléguables et ils seront peut être mieux classés en fin de saison que certains pensaient », rappelant qu’il y était allé avec Umaga, Gregan et Matfield et qu’il n’y avait pas pour autant gagné.

Le Président Toulonnais concluait par un « La Rochelle c’est le Toulon de l’Atlantique. Il y a un public, un potentiel qu’il faudrait développer en ayant plus confiance dans l’économie du Rugby à La Rochelle ».

Philippe Saint-André n’était pas en reste en considérant l’adversaire de mercredi comme une « équipe euphorique [notamment en raison de leurs résultats de début de saison, ndlr], bien organisée et en pleine confiance », rappelant que les attaquants Rochelais avaient déjà marqué 7 essais contre 3 (dont un de pénalité) pour les Varois…

Du côté des Joueurs, les blessés de « longue date » Loamanu (retour possible en novembre), Genevois et Orioli manqueront à l’appel, tout comme Clément Marienval, Fotu Auelua, Mafi Kefu et Dean Schofield qui ne seront pas du déplacement, toujours contrariés par des petits pépins physiques. De même,  Tom May sort du Groupe : l’interception de Bobo lui coute sa place…

Fabien Cibray aurait également du être écarté du déplacement : le demi-de-mêlée n’a pas fait, selon les termes mêmes de PSA, « un match exceptionnel [face au Racing, ndlr] et loupe trois placages décisifs ». Mais mardi soir, Matt Henjak s’est fait une déchirure au mollet, provoquant du coup, le retour du Béarnais.

Reviennent également dans le Groupe deux des vainqueurs de Biarrtiz, préservés contre le Racing, Dewald Senekal et Joe El Abd. Le Staff Toulonnais alignera sans aucun doute Jonny Wilkinson à l’ouverture et Felipe Contepomi en premier centre. En espérant que l’association de ces deux génies produise l’effet attendu…

Les Toulonnais ont leur destin entre les mains : il ne faut pas paniquer et s’accrocher. En restant solidaires et en jouant en Equipe, le RCT ne peut que revenir au premier plan. Mais, décomplexés et guerriers, les Rochelais ne l’entendront pas de cette oreille. Aux Toulonnais de retrouver leurs vertus de Corsaires !

Les chiffres clés :
– 4 – En 9 matchs (8 de poule et une demie de Pro D2) disputés à La Rochelle depuis 1949, le RCT s’y est imposé 4 fois (le 02 décembre 1973, 7 à 3 ; le 25 février 1979, 15 à 6 ; le 13 septembre 2003, 16 à 15 et le 27 novembre 2004, 18 à 17).
– 27 – Sébastien Boboul est le meilleur réalisateur de La Rochelle avec 27 points marqués (1 essai, 6 pénalités et 2 transformations).
– 895 – Comme le nombre de kilomètres entre le Stade Mayol et le Stade Marcel-Deflandre. C’est en avion que le RCT rejoindra mercredi matin La Rochelle. Ils en repartiront après le match.
– 1962 – Comme l’année de la première confrontation entre le Stade Rochelais et le Rugby Club Toulonnais. C’était un 1er avril et la « farce » se joua en 8e de Finale à Brive. Les Rochelais s’imposèrent 3 à 0 face au RCT d’André Herrero, Jean Carrère, Fabre, Gay et autre Mur…

JJG
Photos d’archive : Aurélie LANTUS

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