Malgré les rumeurs qui l’envoient déjà à Toulon, Alikisio Fakaté assure ne pas encore avoir officialisé d’engagement avec une nouvelle équipe du Top 14. Le Calédonien hésiterait sur sa prochaine destination, même si l’ASM Clermont-Ferrand et surtout le… RC Toulon semblent avoir ses faveurs.

Alikisio, vous êtes donc l’une des nouvelles recrues du RC Toulon pour la saison 2013- 2014…
Alikisio Fakaté : (Il coupe) Non, non. (il rigole) Je sais que certains médias ont annoncé la nouvelle ce week-end mais ce n’est pour l’instant qu’une rumeur. Je n’ai pas signé de nouveau contrat. Pas encore du moins. Je suis en contact avec Toulon comme avec d’autres clubs. Mais nous n’en sommes encore qu’au stade des négociations.

Vous confirmez néanmoins votre départ du Montpellier Hérault Rugby ?
Oui. C’est ma troisième saison au club, je suis en fin de contrat et je n’ai pas réussi à trouver un accord avec les dirigeants qui me proposaient un nouveau contrat assorti de nouvelles clauses. Je suis donc sur le départ.

Quels sont les points de désaccords ?
Je ne rentrerai pas dans les détails car cela ne regarde que le club et moi. En revanche, le MHR souhaitait me faire signer un nouveau contrat de quatre ans. C’est une très belle proposition je le reconnais, mais je souhaitais m’engager pour deux saisons seulement. Et nous n’avons jamais réussi à nous entendre.

Pourtant, vous souhaitiez rester à Montpellier ?
Oui, j’ai toujours été très clair sur ce point. Mon souhait a toujours été de prolonger l’aventure avec le MHR. Mais à partir du moment où les négociations ont duré, le club a commencé à recruter deux nouveaux joueurs en deuxième ligne puis un troisième sans m’en parler et j’ai senti qu’il était temps pour moi de tourner la page. Je n’ai pas forcément senti un manque de confiance mais j’aurai apprécié qu’on me dise que si je ne signais pas tout de suite, le club allait se mettre en quête de nouveaux joueurs. Montpellier compte désormais dans son effectif 5 deuxième-ligne pour la saison prochaine, et si j’étais resté, j’aurai été le sixième. Mon objectif n’est pas de chauffer le banc mais de jouer. J’en ai parlé avec Fabien Galthié, il a compris ma décision.

Votre saison 2012-2013 ne se déroule pas exactement comme vous l’imaginiez. Est-ce que cela a pu avoir un impact sur votre décision ?
C’est vrai que la saison a mal débuté pour moi. J’ai été victime d’une blessure à l’ischio-jambier droit avant même l’ouverture du championnat. Sous la pression, j’ai repris trop tôt après deux semaines d’arrêt seulement, j’ai rechuté et j’ai eu droit cette fois à un mois d’arrêt. Résultat, je n’ai pas été opérationnel avant le mois de novembre et il a fallu que je me batte pour regagner ma place dans l’équipe. Et c’est justement là que les négociations ont commencé.

Si vous n’avez pas encore signé à Toulon comme vous l’affirmez, quels sont vos projets pour la saison 2013-2014 ?
Je cherche un club où je pourrai progresser et m’exprimer au plus haut niveau. J’ai dit à mon agent de solliciter uniquement des clubs du Top 14 et éventuellement des équipes de pro D2 en course pour la montée. Toulon fait donc partie de la liste. Comme Toulouse, Clermont-Ferrand, le Racing-Métro…

Ce sont vos seuls critères de choix ?
Non, bien sûr. Comme je l’ai dit, je veux continuer à progresser et travailler au quotidien avec des entraîneurs d’expérience comme Guy Novès (Toulouse), Bernard Laporte (Toulon), Vern Cotter (Clermont-Ferrand), Laurent Labit et Laurent Travers (Racing-Métro) me permettrait de franchir un palier. C’est un critère important pour moi. J’ai aussi été clair sur la durée du contrat. Un ou deux ans maximum. A plus long terme, j’aurai peur de m’enfermer dans un certain confort et d’avoir moins de rage au fil des saisons. Alors qu’avec un contrat de deux ans, je devrais me remettre en question chaque saison et c’est un challenge qui me convient. Quand mon agent a révélé que j’étais sur le départ et exposé mes conditions, beaucoup de clubs se sont manifestés et c’est déjà une immense fierté. Seul souci, je ne suis pas un “Jiff”, un joueur issu des filières de formation et cela a pu en freiner certains.

Quel est le club qui aujourd’hui vous fait rêver ?
Honnêtement, Clermont-Ferrand est pour moi le club référence aujourd’hui en France. C’est le top. L’équipe est solide en défense, en mêlée, elle est déjà à maturité et pourtant, elle s’améliore encore de saison en saison. J’ose même le dire : l’ASM est la meilleure équipe d’Europe actuellement et je la sens capable de faire le doublé cette année.

Une équipe avec un tel palmarès qui jouerait le titre chaque année et qui disputerait la Coupe d’Europe pourrait vous permettre de relever le challenge que vous vous êtes fixé.
Oui, c’est sûr. Mais à condition aussi que j’ai ma place sur le terrain, que j’ai suffisamment de temps de jeu. C’est la raison pour laquelle avant de signer avec un club, je vais regarder aussi les contours de l’effectif pour la saison prochaine et le nombre de deuxième-ligne.

Vous parliez de l’ASM en terme de référence. Mais le RCT, ce n’est pas mal non plus, non ?
C’est sûr. Toulon est un club phare du Top 14. Il en est même le leader cette année. Quand tu vois les joueurs qui composent l’effectif toulonnais, Jonny Wilkinson, Bakkies Botha, tu sais que forcément, tu ne pourras que progresser à leur côté. Bien sûr, c’est un club où il y a beaucoup de concurrence. Mais à l’ASM aussi. La seule différence finalement entre Clermont-Ferrand et Toulon, c’est surtout le cadre de vie.

Un autre critère important ?
Oui. Car je veux que ma compagne s’épanouisse aussi dans la ville où je jouerai. Et disons que tous les deux, nous préférons la mer (il sourit). Mais n’en tirez aucune conclusion. Comme je l’ai dit, j’hésite encore, je vais bien réfléchir et j’annoncerai ma décision ce mercredi.

Si vous hésitez, cela veut dire que vous avez réduit votre première liste de clubs à quelques noms seulement ?
Oui. Allez, je peux vous le dire. Ils ne restent que deux clubs en lice. Mais vous serez lesquels et l’heureux élu mercredi (il sourit).

Vous arrivez à rester concentré sur le jeu malgré les incertitudes sur votre avenir ?
Oui, il n’y a aucun souci avec ça. J’ai toujours été clair avec Fabien Galthié, il sait que je vais partir mais il a l’habitude. Il fait simplement jouer ceux qu’il estime les plus performants du moment. Et depuis quelques semaines, je me sens bien et j’ai regagné ma place de titulaire. Je dois reconnaître que j’ai simplement un peu accusé le coup en fin d’année quand j’ai vu que je ne jouais pas trop, que les négociations traînaient en longueur et je devais pourtant me montrer pour espérer convaincre de nouveaux clubs. Mais vous avez raison, ma saison n’est pas finie. Elle le sera quand le MHR sera en finale du Top 14. Et cette année, j’espère bien que nous irons au bout. Pour l’instant, nous ne sommes que 5e ex-æquo (le MHR s’est incliné le week-end dernier face à Castres), ça va être compliqué, d’autant que nous allons attaquer une série contre les « gros » dès la semaine prochaine (Racing Métro puis Perpignan) mais j’ai confiance. Et surtout, je veux partir de la plus belle des manières.

Ce nouveau contrat que vous vous apprêtez à signer peut-il aussi être pour vous un tremplin vers l’équipe de France dans laquelle ont évolué ces dernières semaines de nombreux joueurs du Pacifique (Suta, Romain Taofifenua, Vahaamahina) ?
Oui, c’est sûr. Je mentirai si je disais le contraire. Quand je les vois jouer avec le maillot du XV de France sur les épaules, je n’ai qu’une envie : être avec eux sur le terrain. Et je vais tout faire pour. Je sais que cela passera par de bonnes performances avec mon nouveau club. Je n’ai donc pas intérêt à me tromper (sourire).

Source: www.lnc.nc