Le président du Rugby Club Toulonnais, Mourad Boudjellal s’est confié via RMC Sport sur la fusion entre le Stade-Français et le Racing 92.

Dans un premier temps, le patron du RCT estime qu’il s’agit d’un rachat et non pas d’une fusion. Il ne manque pas de titiller le président Parisien Thomas Savare. Extrait:

« Comme beaucoup, j’ai cru au début que l’on était le 1er avril. Mais à y regarder de près, ce n’est pas une fusion mais un rachat. Thomas Savare souhaitait vendre le Stade-Français depuis quelques temps pour des raisons familiales. La solution de se faire racheter par le Racing 92 est la seule solution qu’il a trouvé aujourd’hui. C’est la seule où il a pu retrouver sa mise. On a habillé cela via un communiqué vertueux en disant qu’ils souhaitaient créer un grand club à Paris. Cela voudrait dire qu’il n’y avait donc pas de grand club à Paris. Ils ont également dit qu’ils voulaient unir leur force pour gagner chaque année le championnat. Personnellement, je pense que c’est l’incertitude des saisons qui est intéressant en Top 14. Mais c’est un simple rachat qui est transformé dans un communiqué grossier. La seule ambition de Thomas Savare c’est de se dire que c’est fait, qu’il a vendu son bébé et qu’il n’aura plus de souci le 24 décembre lors de la réunion familiale. »

Concernant le secret bien gardé, Boudjellal explique que les deux hommes sont habitués à travailler dans le secret. Extrait:

« Le secret a été bien gardé mais c’est le monde des affaires. Ce sont des gens qui ont l’habitude de cela. La famille Savare est dans un autre mode de secret puisqu’ils impriment des billets de banque pour beaucoup de pays. Je pense que la composition du papier des billets de banque est jusqu’à présent bien gardée. C’est un peu dans leur ADN. »

Mourad Boudjellal pense aux joueurs qui seront licenciés. Extrait:

« La Fédération aura sûrement son mot à dire par rapport à l’équité sportive, c’est sûr. Ensuite, c’est la volonté de deux présidents. Mais ce n’est pas une fusion, c’est l’absorption du Stade-Français. On va utiliser la licence du Racing qui va récupérer les infrastructures du Stade-Français. On va prendre le personnel du Stade-Français on va les indemniser et les licencier. On va dire aux joueurs du Stade-Français qui étaient encore sous contrat mais qu’on ne peut pas conserver au Racing car la masse salariale ou le quota JIFF ne le permet pas: « on vous fait un chèque pour partir ». Si le Racing est à 10 millions de Salary Cap, il ne pourra pas intégrer 35 joueurs. Et si Jacky Lorenzetti se sépare de joueurs du Racing, les indemnités sont comptés dans le Salary Cap. Donc ils sont pieds et mains liés, à moins qu’ils s’arrangent avec la Ligue. »

Le patron Toulonnais ne manque pas d’envoyer valser les soi-disantes « valeurs » des deux clubs. Extrait:

« Ce sont deux présidents qui ont fait leur fond de commerce sur l’histoire de leur club, l’histoire de leurs couleurs, l’ADN de leur club, premier titre de rugby, premier club champion de France… On se rend compte que tout cela n’était que du vent en réalité. Quand je voulais me séparer du RCT, je me suis mis devant une caméra pour dire que je n’en pouvais plus. Mais je ne voulais en aucun cas que l’on change le nom du RCT ou de fusionner avec quelqu’un. Là, on se rend compte que l’histoire de leur club, ce n’est qu’un accessoire. »

Pour Mourad Boudjellal, cette fusion va fausser le championnat. Il demande à passer à un Top 16. Extrait:

« Ça va fausser le championnat. Je pense que si on ne veut pas fausser le championnat la saison prochaine, il faudrait passer à un Top 16. Grenoble et Bayonne doivent être maintenus et on intègre les deux clubs qui monteront de Pro D2. Pour le calendrier, le problème sera réglé avec les contrats  Fédéraux. Pendant les six mois où les internationaux ne seront pas là, on pourra faire des matches. On pourra faire plus de dates. J’ai écrit au président de la FFR pour demander le Top 16. Je pense que c’est une obligation de passer au Top 16. »

Enfin, le patron du RCT estime que les enjeux financiers de cette fusion ont primé sur l’équité sportive. Extrait:

« Comment deux membres du comité directeur de la Ligue Nationale de Rugby peuvent monter cette opération et l’annoncer maintenant ? C’est presque inconscient vis-à-vis des enjeux du Top 14. Les enjeux financiers ont primé. Concernant le rachat du Stade-Français par le Racing 92, je n’ai rien à dire, c’est leur choix. Mais sur la forme… »