Gaëtan Germain raconte sa terrible blessure qui l’a contraint à prendre sa retraite sportive à 35 ans
Gaëtan Germain raconte sa terrible blessure qui l’a contraint à prendre sa retraite sportive à 35 ans
Le dimanche 10 août 2025 à 22:33 par David Demri
3 Commentaires
Publicité
L’arrière Gaëtan Germain a mis un terme à sa carrière au mois de juin dernier.
Après s’être battu durant trois ans pour refouler les terrains du Top 14, l’artilleur Français a finalement jeté l’éponge.
Le dernier match de Gaëtan Germain remonte au 26 novembre 2022.
Ce jour-là, le joueur se blesse gravement à un genou. Après des examens médicaux, le verdict tombe : rupture totale du ligament croisé antérieur du genou droit.
Initialement, sa durée d’indisponibilité devait être de neuf mois maximum. Malheureusement, cette blessure a finalement tourné au calvaire pour lui.
Gaëtan Germain s’est longuement confié dans les colonnes du Midi Olympique sur le sujet. Extrait:
« Au début, j’ai pris cette blessure avec beaucoup de philosophie. J’avais beaucoup joué ces derniers temps et elle allait pouvoir me donner une période de récupération pour bien terminer ma carrière. Au fur et à mesure que la blessure évoluait, j’ai bien vu que les sensations étaient très compliquées et le doute s’est installé. »
Les opérations se sont alors enchainées étant donné les mauvaises sensations ressenties au niveau de son genou. Extrait:
« Il y avait du mieux, mais ce n’était pas génial. J’ai fait deux passages au Cers, deux séjours à Clairefontaine pendant un mois et demi. Le genou allait un peu mieux, mais ça n’a jamais été nickel, et à côté de ça, j’ai enchaîné plein de pépins musculaires, qui ont freiné mon retour à l’entraînement. Ça a été interminable. Je n’ai pu reprendre l’entraînement avec le groupe qu’au printemps 2025. »
Durant près de trois ans, Gaëtan Germain a bataillé comme un lion pour tenter de reprendre sa carrière, en vain. Extrait:
« C’est assez brutal d’être pleinement acteur de l’événement et, du jour au lendemain, au fur et à mesure que les semaines passent, de disparaître. À la base, je suis quelqu’un d’assez fédérateur, qui adore profiter de la vie de groupe. Quand tu ne joues pas, tu es automatiquement à l’écart. Même si j’essayais de m’accrocher par moments, le groupe vivait de merveilleuses choses et moi, j’étais dehors. Ça a été vraiment le plus dur.
J’ai de la chance d’avoir un cercle familial très, très fort. Mes amis, de chez moi, sont une grosse force pour moi aussi. Je me raccrochais beaucoup là-dessus. »
Durant cette période très délicate, le staff Bayonnais lui laisse le choix d’assister aux matches de Bayonne depuis les tribunes ou depuis chez lui. Extrait:
« J’ai été traversé par des sentiments très mitigés et pendant de longs mois, le staff m’a laissé le choix de venir au stade ou pas. Au fond de moi, j’avais envie d’aller au stade, mais il y a plusieurs fois où je suis resté à la maison. C’était trop dur. Je me souviens du match contre le Racing 92, je me voyais dans les tribunes avec mon petit dans les bras. C’était très compliqué. Il fallait que je me protège, moi aussi. »
Face à son mal-être, Gaëtan Germain décide de consulter un psychologue pour l’aider à traverser ces moments très difficiles. Extrait:
« À l’époque, quand j’étais à Brive et que j’avais des soucis de dos, j’avais déjà vu un psychologue, qui m’avait accompagné. Je suis allé voir un gars, sur Toulouse, qui fait de l’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing). Ça m’a bien aidé, surtout quand j’étais à Clairefontaine, car c’était très dur dans ma tête. »
Lors de sa rééducation, de nombreux médecins lui ont confirmé qu’il allait pouvoir rejouer. Mais une douleur persistante l’a incité à définitivement raccrocher les crampons. Extrait:
« Ils m’ont tous dit que j’allais pouvoir revenir. Je ne pouvais pas concevoir de ne pas pouvoir rejouer. Même s’il y avait du progrès, les sensations de course ne revenaient pas trop. Il y avait des soirs, à la maison, où je boitais : un soir, deux soirs, trois soirs d’affilée. J’ai dit à ma femme, ce n’est plus possible. Je devais être droit dans mes bottes avec tout le monde. Je ne pouvais pas faire cette année de plus. J’ai alors prévenu le staff, le lendemain matin, que ce n’était plus possible. »
Le staff Bayonnais décide de la désigner 24ème homme pour la dernière journée de la phase régulière du Top 14. Extrait:
« C’est compliqué de ne pas servir à grand-chose et de ne pas participer aux émotions. Je savais que c’était terminé. J’avais envie de m’échauffer, d’être dans le vestiaire pour la dernière fois. J’en ai profité sur l’avant-match. Par contre, au moment du match, comme d’habitude, ce fut très compliqué. Tu es au milieu du truc, mais tu ne participes pas à grand-chose. Tu n’es pas acteur sur le terrain, tu ne vis pas la même chose. Il y a alors un mélange de frustration et de tristesse. Vous savez, le peuple bayonnais a été très bienveillant pendant tout ce temps et par rapport à ça, j’aurais aimé pouvoir rejouer pour apporter quelque chose à l’équipe, mais j’ai fait tout ce que je pouvais… »
Il n’a d’ailleurs pas assisté à la demi-finale de l’Aviron Bayonnais perdue contre le Stade-Toulousain. Extrait:
« Toute la semaine, j’avais dit que j’irai au stade, mais deux jours avant, ça devenait de plus en plus dur et je n’y suis pas allé. La blessure arrive souvent, mais quand elle est aussi longue et que ça se termine comme ça, c’est assez raide. Mon grand m’a vu jouer, le petit non. Ça faisait partie de mes leviers de motivation. J’aurais aimé qu’il me voit jouer. Ils m’auront vu m’échauffer… Ça fait partie de mes regrets. Il faut que j’évacue cette dernière partie qui est douloureuse. »
Gaëtan Germain a quitté Bayonne cet été pour se rapprocher de la Drôme. Extrait:
« Ce qui était vraiment dur, c’est d’être au milieu de tout ça sans en profiter. Le fait d’avoir pris ma décision, déménagé et d’avoir une nouvelle vie me fait énormément de bien à la tête. Je ne suis plus au milieu de tout le monde à galérer pendant que les autres peuvent s’exprimer. Le deuil va prendre encore un peu de temps, même si j’ai déjà évacué une bonne partie. »
Concernant son genou, il indique réussir à jouer au Padel sans problème. Cependant, il ne pourra plus jamais courir comme avant. Extrait:
« J’arrive à faire un padel avec mes amis sans problème. C’est une chance et c’est déjà très bien. Par contre, un footing lambda dans les bois, je ne peux plus. Je ne sais plus courir comme avant et mon genou souffre. »
Pour conclure, Gaëtan Germain explique s’être tourné vers l’immobilier. Le rugby ? Il préfère seulement y jouer avec ses enfants. Extrait:
« Ça fait partie de ma vie, mais ça reste un sujet un peu sensible. Je joue quasiment tous les jours avec les enfants dans le jardin. Je continue à vivre avec le rugby, mais il faut que j’arrive à retourner ça de manière très positive. J’espère pouvoir continuer à regarder les matchs. »
Publicité
3 Commentaires
Il a tout de même fait une superbe carrière.
Un besogneux discret !
Félicitations pour votre carrière, vous avez beaucoup apporté à vos partenaires avec le maillot sur les épaules.
Une superbe carrière.
Une assurance point pour un club.
Fin d’une carrière. On ne peut que lui souhaiter le meilleur pour sa nouvelle vie.
Eric
Pilou pilou